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13 septembre 2012

Egypte : la grogne sociale

Depuis la nuit du 12 septembre, forces de l'ordre et manifestants s'affrontent devant l'ambassade américaine. La polémique autour du film américain semble avoir amorcé une crise bien plus grave en Egypte. Cet événement semble servir de prétexte aux manifestants pour dénoncer l'immobilisme de Mohamed Morsi. Des jeunes pauvres sont dans la rue et réclament la liberation de nombreux jeunes prisonniers. Une grogne sociale que le président égyptien, en déplacement à l'étranger, tous comme ses ministres, ne semble pas entendre. Reportage de Marion Touboul et Ahmed Hassan Sami au Caire, non loin de l'ambassade américaine.

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21 juin 2012

Égypte-présidentielle : d'où vient Mohamed Morsi ?

Alors que l'incertitude règne toujours sur l'état de santé de l'ex-président Moubarak, le résultat de l'élection présidentielle se fait attendre, dans un climat de grande tension. Les deux candidats en lice, l'islamiste Mohamed Morsi et l'ex-Premier ministre de Moubarak Ahmad Chafiq, revendiquent tous deux la victoire. Les avocats des deux candidats viennent de déposer des recours concernant des violations supposées des règles encadrant la campagne et le décompte des votes. L'islamiste Mohamed Morsi, 62 ans, membre des Frères musulmans fait toutefois figure de favori, au grand dam des militaires qui assurent la transition depuis le départ de Moubarak. Selon les derniers sondages, Morsi l'emporterait sur Chafiq avec 52% des suffrages. Qui est l'homme qui pourrait être le premier président démocratiquement élu d’Égypte ? Pour répondre à cette question, Marion Touboul et Ahmed Hassan Sami, correspondants d'ARTE Journal en Égypte s'est rendue El Adwa, à 100km au nord du Caire, c'est là que Mohamed Morsi a grandi. Reportage

15 juin 2012

Le résultat de la présidentielle 2012 en Egypte va-t-il influencer le tourisme ?

Un an et demi après la révolution, l'activité touristique peine à redémarrer. Sur les bords de la Mer rouge, le taux de remplissage des hôtels est de 30 à 40%. Et le fait qu’un islamiste soit au second tour de la présidentielle n'est pas pour rassurer les hôteliers. Quel avenir pour le tourisme balnéaire - qui représente 92% de l’activité touristique ? Reportage de Marion Touboul et Ahmed Hassan Sami pour la RTS

9 juin 2012

Nader Omrane : Morsi ne touchera pas la liberté de créativité

FreedomLe porte-parole du Parti "La liberte et la justice", aile politique des Frères Musulmans, Nader Omrane, a affirmé que le candidat à la présidentielle Mohammed Morsi est contre l'imposition de restrictions sur la liberté de la créativité et l'innovation, tant qu'elle va de pair avec les coutumes et les traditions de la société égyptienne.

Et Omrane de dire que l'imposition de restrictions sur la créativité signifie la mort des arts et de la culture. "L'écrivain et l'artiste ont besoin de la liberté pour qu'ils puissent donner libre cours à leur imaginations", a-t-il précisé.

Selon Omrane, si Morsi est élu président de l'Egypte, cela n'aura aucun impact sur la vie culturelle dans le pays. "Les intellectuels et les écrivains ne doivent pas avoir peur...Après la révolution nous n'avons pas interdit le feuilleton al-Jamaa, qui critique les Frères Musulmans et le fondateur de la Confrérie Hassan el-Banna, ce qui prouve que nous acceptons l'opinion des autres", a-t-il dit.

Concernant les procès juridiques déposés contre certains artistes, selon lesquelles ces derniers portent atteinte à l'Islam, Omrane  nie tout lien entre les frères musulmans et ces procès. "Je ne sais pas pourquoi certains essaient de nous impliquer dans ce genre de question. La plainte était déposée par un avocat qui n'est pas membre de la confrérie, contre un artiste qui n'appartient pas aux Frères Musulmans et le verdict était pris par un juge qui ne fait pas partie de la confrérie, Alors quel est le rapport avec nous? ", conclut-il.

29 mai 2012

Egypte : la stratégie des Frères musulmans

Le QG de campagne d'Ahmad Chafiq, dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, a été incendié lundi soir au Caire. Les résultats officiels publiés quelques heures plus tôt ont confirmé la présence de Chafiq au second tour face à Mohammed Morsi, issu des Frères musulmans. Les partisans d'Ahmad Chafiq accusent ceux de son adversaire d'avoir orchestré le saccage. La police a procédé à huit arrestations aux abord du QG.

Le duel politique lui, promet d'être serré. Les scores définitifs du premier tour rendus publics ce lundi placent en effet les deux finalistes au coude à coude : Mohammed Morsi avait obtenu 24,35% des voix contre 23,25% pour Ahmad Chafiq. L'issu du second tour de la présidentielle égyptienne des 16 et 17 juin est d'autant plus incertaine que la participation d'un des deux candidats pourrait être remise en cause. Une loi dite d'"isolement politique", adoptée le 12 avril par le Parlement prévoit d'interdire à tous les anciens proches de Moubarrak d'exercer des droits politiques pendant dix ans. Conformément à cette loi, la candidature de l'ancien premier ministre Ahmad Chafiq avait d'ailleurs été invalidée dans un premier temps avant d'être acceptée en appel mais la justice égyptienne se prononcera à nouveau sur son cas le 11 juin prochain.

D'ici là, il faut bien faire campagne et dans les deux camps, il s'agit d'abord de rassembler. Dès lors, quelle va être la stratégie électorale des Frères musulmans pour affronter le candidat de l'ancien régime Ahmad Chafiq ? Réponse avec le reportage au Caire des envoyés spéciaux d'ARTE Journal Barbara Lohr, Ahmed Hassan Sami, Joseph Gordillot et Mathieu Boetsch.

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24 mai 2012

Égypte-présidentielle : Islam et révolution

Le candidat à la présidentielle Abdel Moneim Aboul Foutouh séduit un électorat de plus en large qui comprend aussi bien des libéraux que des salafistes. Islamiste dit modéré, il a été exclu par les Frères musulmans pour avoir participé àl'implantation d'un hôpital de campagne sur la place Tahrir pendant la révolution. Ses positions moins radicales en faveur des femmes et de la minorité chrétienne ont également contribué à son exclusion de la confrérie religieuse. Quelles sont aujourd'hui les raisons de son succès ? Un reportage de Barbara Lohr Ahmed Hassan Sami, Joseph Gordillo et Mathieu Boetsch, envoyés spéciaux d'ARTE Journal en Égypte.

 

                                                                      BONUS WEB

Pour la première fois les Égyptiens élisent librement leur président. A l'issue de ces élections, l'armée s'est engagée à rendre le pouvoir aux civils. L'enjeu de ce scrutin est d'autant plus important que la rédaction de la nouvelle Constitution est suspendue. Le futur vainqueur imposera sa préférence pour un régime parlementaire, mixte ou présidentiel et son avis aura une incidence sur la rédaction de la futur Constitution.

Quelles seront les pouvoirs du futur président ? L'élection présidentielle se transforme-t-elle en referendum pour ou contre la Constitution ? Tewfik Aclimandos, chercheur au Collège de France et grand spécialiste de l'Égypte, répond aux questions d'Arte.

Quels sont les pouvoirs du futur président ?

 

Ce scrutin présidentiel ne tourne-t-il au referendum pour ou contre la révolution ?

 

21 avril 2012

Guillaume de Dieuleveult : Je ne croyais pas vraiment que les Egyptiens auraient fait une révolution

Guillaume de Dieuleveult est un journaliste a la revue française "Le Figaro". Il a vecu en Egypte entre 2006 et 2009, où  il été correspondant pour "La Croix", Radio Vatican, et d'autres medias français. Il vient de publier son livre "Dictionnaire Insolite de l’Egypte".

imagesComment voyez-vous le déroulement des évènements actuels en Egypte?

Pour être honnête, d’un peu loin. La plupart des articles que j’ai l’occasion de lire parlent de l’Egypte sous l’angle "Frères Musulmans" versus "Pro-Moubarak". J’ai peine à croire que l’actualité en Egypte se réduise à cette confrontation, et je suis très curieux de savoir comment est la vie quotidienne en Egypte depuis la révolution. Comment se porte l’économie ? Où en sont les grands projets : métro du Caire, musée, Toshka, centrale nucléaire… Les entreprises étrangères investissent elles toujours en Egypte ? Et au quotidien, qu’est ce qui a changé ? Les conversations sont elles plus libres ? Quels sont les rapports de la population envers la police ? Les Frères Musulmans ont ils gagné en popularité depuis la révolution ? Les rues du Caire sont elles aussi sûres que lorsque j’y habitais… En fait, j’ai hâte de revenir en Egypte pour voir tout ça de mes yeux, et aller boire quelques stellas dans ces bons vieux bars cairotes.

Vous avez résidé en Egypte pendant 3 ans. Pensiez vous que les Egyptiens auraient fait une révolution?

Je  n’y croyais pas vraiment car je pensais le régime trop puissant et les opposants trop éparpillés. J’ai donc suivi les soulèvements de l’hiver 2011 avec incrédulité au début, puis avec beaucoup d’admiration pour votre courage, et à la fin j’étais fier pour vous. Maintenant, est ce qu’on peut vraiment parler d’une révolution en Egypte ?

Vous avez suivi la révolution en France. Quels étaient vos sentiments?

Pour ma part, de la frustration. J’aurais beaucoup donné pour être avec vous place Tahrir.

Pensez-vous que les Egyptiens réussiront à se débarrasser des pro régime Moubarak?

Ils avaient intérêt à se débarrasser du régime et de Moubarak. Il y avait bien sûr une insupportable corruption. Mais je pense qu’il faut faire attention à ne pas tomber dans l’épuration.

Que voulez-vous dire par votre livre?

C’est "Dictionnaire Insolite de l’Egypte". C’est une collection de dictionnaires qui donnent un regard un peu décalé et subjectif, sur des pays et des villes du monde. Ils sont écrits par des gens qui vivent ou y ont vécu et donnent donc un regard "de l’intérieur". Le livre s’adresse à toutes les personnes curieuses de l’Egypte. J’imaginais quelqu’un qui n’est jamais venu au Caire et qui se promène dans le centre ville pour la première fois : il voit des tas de choses inconnues, j’espère qu’en lisant ce dictionnaire, il pourra les décrypter un peu mieux. L’avantage du dictionnaire c’est une lecture facile et rapide, avec des textes courts. Parfait quand on voyage.

Pourquoi un livre sur l'Egypte? Quelle est l'idée et pourquoi maintenant?

Les Français ont une longue histoire avec l’Egypte. C’est un pays qui leur est à la fois familier et méconnu. Ils étudient l’Egypte antique à l’école et beaucoup d’entre eux vont au moins une fois dans leur vie voir les pyramides et les temples. Mais à part ça… De l’Egypte, on évoque toujours les mêmes sujets : les pharaons, les pyramides, les frères musulmans et le canal de Suez. Dans ce petit livre j’ai essayé de parler d’autres choses que j’ai aimées ou détestées en Egypte, et qui ont fait que je reste très attaché à ce pays. Et quand j’y repense, je me dis que je pourrais écrire un deuxième dictionnaire tant il me reste de choses.

 

26 mars 2012

Le milieu culturel égyptien refuse la manière "absurde" utilisée pour former le comite de la rédaction de la constitution

TellawiLe vice-président de l'Union des écrivains égyptiens, Gamal el-Tellawi, a affirmé que l'Union refuse catégoriquement la manière suivie par la majorité islamiste au Parlement dans la formation du comite de rédaction de la constitution égyptienne.

"Pourquoi ils insistent sur le fait que 50% des membres de ce comite soient des parlementaires?", se demande-t-il. "Ils se sont même emparés du choix des personnalités qui adhéreraient à ce comite".

Selon el-Tellawi, ce qui se passe actuellement prouve qu'il n'y a pas eu de réels changements dans la vie politique en Egypte. "Les Frères Musulmans suivent les mêmes politiques du Parti National Démocratique (PND) dissolu", affirme-t-il.

Et el-Tellawi de se dire surpris de l'attitude de la confrérie qui a connu l'injustice, l'oppression et l'exclusion a l'époque de l'ex-régime. "Ils appliquent la même injustice maintenant à l’égard du peuple égyptien".

Pour El-Tellawi, les Egyptiens se sont soulevés pour réaliser une avancée démocratique. "Mais, ce qui se passe actuellement est une régression dont le conseil suprême des forces armées (SCAF) et l'assemblée du peuple assument la responsabilité", a-t-il repris. "Le gouvernement d'al-Ganzouri n'a aucune prérogative, comme c'était le cas avec le gouvernement d'Essam Charaf".

Selon le vice-président de l'Union des Ecrivains Egyptiens, les crises dont témoigne l'Egypte actuellement sont artificielles pour attirer l'attention du peuple loin de la politique, ce qui va aider ceux qui tiennent les reins du pays à rédiger la constitution comme ils la voient et élire un président qui les convient. "Ce qui sont au pouvoir actuellement sont plus intelligents que l'ex-régime. Moubarak créait une seule crise à la fois, mais eux, ils sont capables de créer plusieurs crises en même temps", a-t-il précisé.

Pour el-Tellawi, la seule manière de régler la situation est de travailler sur trois axes. "D'abord, il faut que le SCAF, qui a protégé la révolution, sache qu'il doit remettre, honnêtement, le pouvoir, et enlever la tutelle imposée au peuple égyptien depuis 1952. Les frères musulmans et les salafistes doivent ensuite comprendre que la popularité qu'ils avaient gagnée après la révolution peut disparaitre s'ils continuent à s'emparer de la prise des décisions, et enfin il faut accorder des vraies prérogatives au gouvernement d'al-Ganzouri pour ce qui reste de la période transitoire".

AbelAzizDe de son côté, L'enquêteur dans le domaine du patrimoine égyptien Abdel Aziz Gamal Eddine a qualifié "d'absurde", la manière choisie pour former le comité charge de rédiger la constitution car elle reflète le contrôle de l'un des spectres de la société sur la prochaine constitution.

Selon Gamal Eddine, ni la majorité, ni la minorité ne doit s'emparer de la rédaction de la constitution. "Toute la société doit participer à la rédaction de cette constitution", a-t-il précisé. "Ce qui se passe maintenant ne mènera jamais à une constitution acceptable par tous les Egyptiens".

Gamal Eddine se demande pourquoi ceux qui ont formé le comite ont abandonné le projet de constitution de 1954 qui est acceptée par tous les Egyptiens. "Les honnêtes se sont retirés de ce comité", a-t-il repris.

Pour Gamal Eddine, il faut que toutes les communautés et les couleurs politiques en Egypte soient représentées, équitablement, dans le comité de la rédaction de la Constitution. "Les frères Musulmans doivent être présentés par un seul membre, aussi bien que les salafistes, les Nubiens, les Amazighs..etc", a-t-il précisé. "C'est étonnant que le comité ne regroupe pas des représentants de la Nubie, du Sinai ou de Siwa".

Et Gamal Eddine d'ajouter que les experts juridiques et constitutionnels ainsi que les juges de la Haute Cour Constitutionnelle doivent être la base de ce comité. "Je suggère aussi que le comité regroupe, comme consultants, des experts internationaux en matière de constitution...Mais, si la situation demeure comme elle est maintenant, l'avenir sera obscure", a-t-il conclu.

 

5 décembre 2011

La vague islamiste

Lors du premier tour des législatives en Egypte, les islamistes ont récolté 65 % des voix la semaine dernière, toutes tendances confondues. Les Frères musulmans se sont taillés la part du lion devant les salafistes dont le score est sans doute la très grosse surprise du scrutin. Qui sont ces radicaux fondamentalistes ? Reportage Marion Touboul et Ahmed Hassan Sami.

1 décembre 2011

La jeunesse islamiste refait sa révolution

A la veille des premières éléctions parlementaires en Egypte après la révolution, la jeunesse égyptienne est déterminée défendre les valeurs démocratiques pour lesquelles ils sont sortis dans les rues il y à dix mois. Certains ont choisi la politique, d’autres se sont engagés dans l’action sociale pour construire l’Egypte de demain.

al_tayyar_al_masri"L’avenir, c’est nous, les jeunes ! Nous ne devons pas laisser la vielle génération prendre le pouvoir", lance Mohammed al-Qassas, la trentaine, en distribuant son programme éléctorale dans un café au quartier d’Ain Shams. dans l’est du Caire.  Mohamed a décidé de se lancer dans la politique au lendemain de la révolution. Il est candidat au sein du parti qu’il a lui-même fondé "al-Tayyar al-Masri" (le courant égyptien)*. Ce Frère musulman aurait pourtant eu l’occasion d’être candidat au parti "La Liberté et la Justice" de la confrérie, mais il a refusé catégoriquement. Il a même fait parti des jeunes Egyptiens qui se sont opposés à sa creation. "Pour moi, la confrérie aurait dû rester loin des jeux politiques et rester un groupe de pression pour assurer la démocratie", critique Mohamed.

La réaction de la confrérie n’a pas tardé : Le révolutionnaire de la première heure a été expulsé du jour au lendemain sans explications en raison de ses idées trop réformistes. "Je suis Frère musulman et je le resterai toujours. Mais les chefs actuels de la confrérie ne se montrent pas ouverts aux nouvelles idées qui ont muri dans la tête des jeunes qui étaient sur Tahrir. Le vrai problème de la confrérie c'est qu'elle est dirigée par la génération de 1965, qui est très bornée", poursuit-il.CourrierAtlas_Egypte_03_Mohammed_al_Qassas_candidat_des_jeunes_revolutionnaires

A "al-Tayyar al-Masri", Mohamed prône tout l’inverse. Il veut que la jeunesse s’exprime. S’y retrouvent d’ailleurs des milliers d'Egyptiens dans son cas qui se battent pour les valeurs démocratiques défendues lors de la révolution. L'argument fort de Mohammed, c'est la diversité de ce parti qui ne suit pas une idéologie précise. "Nous représentons toutes les couleurs politiques. Il y a des libéraux, des socialistes, des centristes...".

Mais vouloir faire de la politique quand on est jeune sans un important réseau se rêvele être un vrai parcours du combattant, “nous n'avons pas beaucoup de moyens. Nous finançons notre campagne nous-même. Nous trouvons que c’est inacceptable que de grands hommes d'affaires achètent le parti", lance-t-il, fier de ce choix.

A ses côtés dans la campagne électorale, un autre rebelle comme lui. Khaled Salem, un salafiste de 36 ans, lui aussi candidat de à al-Tayyar al-Masri. Il a refusé d’adhérer, comme son ami, aux nombreux partis crées par les siens. "Les cheikhs de la veille génération ne sont pas au courant des changements de la société. Ils ne savent pas communiquer avec les autres et se sont refermés sur eux-même ces dernières années. Moi, j'ai la chance de fréquenter la société à travers mon travail, ça m'a permis de comprendre davantage les idées des autres".

CourrierAtlas_Egypte_13Khaled a l'allure des salafistes traditionnels, un regard serieux et dur, les yeux baissés quand une femme le croise, mais son discours se veut plus réformateur : "Nos cheikhs sont parfois tellement fermés...Pendant la révolution, ils étaient contre les manifestations. Ils ne voulaient pas assumer la responsabilité des victimes au cas où la révolution échoue. Pour moi, c'est lâche.  Il fallait s'opposer à ce régime qui a détérioré la vie des Egyptiens", confie-t-il calmement. Autre coup de gueule de Khaled, l’attitude des cheikhs traditionnels lors du référendum du 19 mars 2011 sur la constitution de la phase transitoire en Egypte : "Certains cheikhs ont utilisé les notions d'enfer et de paradis pour orienter les votes en leur faveur, ce n'est pas l'Islam. Désormais, ils continuent en affirmant que voter pour les libéraux ou les chrétiens aux législatives, c'est un péché. Tout cela montre bien qu'ils ne sont pas prêts pour la démocratie". Cette démocratie, Khaled, lui, est persuadé qu'elle arrivera tôt ou tard en Egypte : "On ne retournera jamais en arrière et ces salafistes vont finir par comprendre qu'ils n'ont qu'a accepter la volonté du peuple ou bien ils vont perdre définitivement  la sympathie de la rue égyptienne".

Pour Khaled comme pour Mohamed, la question n'est pas de gagner ou de perdre les élections. Ils sont conscients de leur manque d'expérience et de moyens. Pour eux, l'important est de montrer que la jeunesse de Tahrir ne dort pas, qu'elle est prête à défendre la diversité politique, religieuse et culturelle en Egypte.

Loin de circuits politiques habituels, d'autres jeunes Egyptiens se sont engagés à faire fructifier l'esprit de Tahrir. Pour eux, la politique ne mène qu'à la rancune entre les différentes communautés et les politiciens ne cherchent que leur propre intérêt. Ce sont les "Salafistes de Costa". Un groupe d'amis musulmans très pratiquants qui avaient l'habitude de se réunir dans un café de la chaine internationale “Costa”, l'équivalent du "Starbucks" en France, avant la Révolution. Après la chute de Moubarak, ils ont eu l'idée d'inviter à leur rencontre d'autres Egyptiens ayant l'envie de faire partager leurs idées politiques. Ihab el-Kholy, l'un des responsables du mouvement, raconte : "On a voulu briser le mur de l'ignorance et de la peur qu'il y a parfois entre nous. Nous sommes tous Egyptiens et notre but doit être celui de servir notre pays". Des chrétiens les ont même rejoints. Ainsi est né "notre petite Egypte",  un projet caritatif pour les Egyptiens dans le besoin.Salafeyo_costa

A Ezbet el-Hagana, un quartier défavorisé, gangrené par les trafics en tout genre, dont la drogue, les Salafistes de Costa, rejoints par leurs nouveaux alliés, essaient d'aider cette population en organisant des convois médicaux, des cours d'alphabétisation et des ateliers d'artisanat. Ils tentent de monter de petites entreprises, sources de revenus pour les habitants. Chrétiens et musulmans, hommes et femmes, travaillent côte-à-côte pour faire de ce quartier un exemple de développement à suivre dans toute l'Egypte.

Le mouvement aurait pu fonder son propre parti politique. Mais les membres ont refusé catégoriquement cette idée. Ils ont même inscrits une clause dans leur règlement selon laquelle les fondateurs ne doivent pas appartenir à des partis politiques. "Dans le mouvement, nous nous mettons d'accord sur tous les projets de charité que nous réalisons. Si on est un parti politique, nous ne serons jamais honnêtes dans nos actions. L'intérêt personnel nous guidera forcément", explique  Abeer, une jeune membre du mouvement, qui porte le niqab. "Mais les salafistes de Costa” peuvent servir comme groupe de pression, poursuit-elle,  quand on organise une activité nous invitons les différents partis politiques à participer. Eux qui disent vouloir servir le peuple , nous leur offrons l'occasion de montrer ce qu’ils peuvent faire !"

CourrierAtlas_Egypte_20_Salafistes_de_CostaLe groupe prône l’ouverture mais refuse pourtant d’abandonner la notion de salafisme. Un choix que même Bassem Victor, l'un des dix coptes du groupe qui compte une centaine de membre, défend : "Le mot salafiste signifie l'identité des fondateurs de ce groupe et leur volonté de garder leur croyance alors que Costa, cet endroit connu comme lieu de rencontre des libéraux en Egypte, montre le côté de l'ouverture vers l'Autre. Notre message est que nous pouvons co-exister sans abandonner notre croyance. C'est la première ligne de défense contre les conflits inter-confessionnels", explique-t-il.

Bassem en a conscience, il faudra du temps, peut-être des années, pour que les Egyptiens comprennent son message. Mais il reste optimiste : "Nous avons chaque jour de nouvelles personnes qui veulent adhérer à notre mouvement !"

*al-Tayyar al-Masri est un parti issu de la "Coalition des jeunes de la révolution", un front formé pour protéger les buts de la révolution égyptienne face aux partisans de l'ex-régime et aux partis existant avant la révolution. Il a été créé essentiellement par des jeunes cadres des Frères Musulmans expulsés de la confrérie car ils n'étaient pas d'accord avec les projets de leurs ainés. Très vite, d'autres jeunes - salafistes, socialistes, libéraux et centristes - ont rejoint le parti.

Article écrit pour le numéro 54 de la revue Le Courrier de l'Atlas (decembre 2011) (Photos Françoise Beauguion)

http://www.lecourrierdelatlas.com/emag/2012/NUM054/#/60/

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