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20 mars 2008

Cinq ans après l'invasion de l'Irak et la Mésopotamie toujours loin de la démocratie et de la prospérité

Malgré l'invasion américaine de l'Irak, il y a cinq ans, et la chute du régime de Saddam Hussein, malgré les allégations du président americain George W. Bush qui affirme que le monde est devenu plus sûr après le renversement de Saddam, la Mésopotamie est encore bien loin de la paix et la démocratie.

Les Irakiens constatent que les Etats-Unis n'ont pas pu realiser la victoire dans sa guerre visant à éradiquer le terrorisme et enraciner la démocratie dans le monde. Dans ce contexte, Abou Fares Darraji, vendeur de cigarettes à Bagdad, juge que Bush, qui parle de de la victoire, n'a réussi qu'à détruire l'Irak.Irak5

Darraji ajoute que les conflits sectaires et religieux dont temoignent son pays depuis l'invasion ont éteint  "la joie du renversement du régime de Saddam". Il s'est dit convaincu que les Etats-Unis sont le seul bénéficiaire du declenchement de la guerre en Irak.

Darraji dit que les Américains représentent une extension du régime de Saddam Hussein : "Ils prennent des décisions concernant l'Irak au moment ou le gouvernement irakien est privé de toute forme de souveraineté", dit-il. "Les Américains ont réalisé une victoire pour eux-même en imposant leur hégémonie en Irak, une region stratégique pour Washington afin de contenir la menace iranienne.

Et Darraji de dire que les Américains ne défendent que leurs intérêts et ignorent les ambitions du peuple irakien. "Au contraire, Ils ont apporté à l'Irak des choses que l'on n'avait jamais vu comme les terroristes et les assassins", affirme-t-il.

Pour sa part, Nesrine Mohammed, une institutrice dans une école a "Ziouna", un quartier chic au centre de Bagdad, dit que la victoire dont parle Bush est la victoire militaire qui a eu pour fruit le renversement de Saddam Hussein. Elle ajoute que cela n'est qu'une preuve de la realisation des intérêts purement américains..

Nesrine fait remarquer que Bush ne sait pas encore l'ampleur de l'échec de ses soldats à la reconstruction du pays, un échec qui a entraîné d'enormes pertes matérielles et en vie humaine dans les rangs des Américains.

De son côté, Tareq al-Maamoury, rédacteur en chef du journal indépendant "le pays aujourd'hui", dit que la victoire doit être mesurée par le nombre des objectifs annoncés par les Etats-Unis au début de la guerre et le nombre des objectifs realisés.

Il ajoute que parmi les objectifs annoncés par les Américains figure l'élimination du régime de Saddam Hussein en raison de sa possession d'armes de destruction massive et ses liens avec des organisations terroristes. "Mais, jusqu'ici, les Américains n'ont pas été en mesure  de prouver ces allégations", affirme-t-il.Irak1

Et al-Maamoury de rappeler que le seconde objectif de l'invasion américaine de l'Irak est l'instauration de la démocratie. "Cet objectif a été realisé théoriquement à travers les élections, la constitution et la liberté de la presse, mais en réalité, il n'a pas été atteint parce que l'Etat est encore faible et incapable d'assurer la sécurité et de fournir le climat approprié pour appliquer la démocratie", ajoute-t-il .

Selon al-Maamoury, le concept de la "victoire" ne signifie pas qu'il y a des gagnants et des perdants. Il souligne que les Etats-Unis ont aidé les Irakiens à se debarrasser du régime de Saddam, qui, s'il demeurait au pouvoir, les résultats auraient été catastrophiques pour la région dans son ensemble.

Toutefois, al-Maamoury affirme que les Irakiens ont encore une grande bataille qu'ils doivent remporter, à savoir, l'éradication des milices et la formation de forces militaires ainsi que la lutte contre la corruption dans le but de former un véritable pays.

L'élite irakienne exprime son mécontentement de la situation globale dans le pays, au moment où plusieurs Irakiens accusent le gouvernement actuel, dominé par les chiites sous la conduite de Nouri al-Maliki, de clientélisme et de corruption.

Les réunions du Parlement irakien montrent l'énorme fossé séparant les différents groupes, non seulement entre les sectes et les ethnicités, mais aussi au sein de chaque communauté, notamment lors de l'examen des projets de loi importants, comme le pétrole.

Al-Maamoury exprime le regret de ne pas réaliser d'importants pas sur la voie de la réconciliation nationale, la concorde et la lutte contre la corruption, qui mènent directement au financement du terrorisme.

Pour al-Maamoury, les Irakiens sont convaincus que l'hébergement d'al-Qaida renferme énormement de risque, soulignant que les actes de cette mouvance etaient une raison suffisante de la rejecter, non seulement en Irak, mais dans les pays arabes qui l'ont hébergée et soutenue.

L'impact de l'invasion américaine de l'Irak et ses conséquences ont poussé les Irakiens à vouloir quitter leur pays. le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé que même après cinq ans de l'invasion, les Irakiens continuent a fuire de leur pays et demander le droit d'asile dans les pays industrialisés.

Le HCR explique dans son rapport que l'Irak, pour la 2me année consécutive, est le premier pays au monde en termes du nombre de demandeurs d'asile dans les pays industrialisés. Selon le HCR, le nombre des Irakiens demandeurs d'asile en 2007 a hausse de 10% à 45 mille et 200 personnes parmi un total de 338 mille personnes dans le monde entier.

refugiesLe HCR ajoute que deux millions d'Irakiens ont fui vers la Jordanie et la Syrie, qui ne sont pas des pays industrialisés, dans le plus grand exode depuis la séparation de l'Inde et le Pakistan en 1947. Le HCR note que les services sociaux et de santé dans ces deux pays sont devenus impuissants devant ce flux irakien.

Selon le HCR, il y a également quelque 2,5 millions Irakiens en exode dans leur propre pays. Le haut Commissariat  a renouvelé son invitation à recueillir 261 millions de dollars pour les déplacées et réfugiés irakiens.

Pour sa part, l'Organisation Mondiale de la Sante (OMS) et le Ministère irakien de la Santé estiment que le nombre d'Irakiens victimes de la guerre atteigne quelque 1,2 million de personnes, dont 151 mille tués dans les trois premières années après l'invasion.

L'OMS ajoute que ces chiffres ne comprennent pas ceux qui sont décédés en raison de l'effondrement des services de santé et de la détérioration des conditions de vie.

Sur le plan économique, les Irakiens souffrent de plus en plus. Les emplois sont disponibles uniquement dans les secteurs à haut risque tels que l'armée et la police irakienne ou le domaine de la traduction pour les forces américaines et les sociétés étrangères opérant en Irak. Ceux qui travaillent dans ces domaines sont visés par des groupes armés qui les accusent de coopération avec l'occupant.

L'ONG britannique " Oxfam" estime que les résidents de Bagdad n'ont pas accès à l'électricité pour plus de six heures par jour,alors que 70% des Irakiens n'ont pas accès à l'eau potable, au moment ou 43% des Irakiens vivent avec moins d'un dollar par jour.

Dans ce contexte, l'OMC dit que le taux de malnutrition chez les enfants irakiens a atteint 28% en 2007, contre 19% lors de l'embargo international impose au pays entre 1999 et 2003.

Au niveau politique, la situation s'aggrave depuis l'exclusion des sunnites du pouvoir et de l'administration du pays.Au moment où les Etats-Unis tentent de les intégrer à nouveau dans leur vie politique, les chiites, qui contrôlent l'Etat, ne voient pas de raison pour rouler dans cette direction.

Il semble que la situation en Irak ne s'améliorera pas au cours des prochains mois alors que l'administration américaine est engagée à chercher de solutions aux crises qui frappent l'économie américaine telles les prets hypothécaires, l'augmentation des prix du pétrole et la baisse du taux de change du dollar.

Cela intervient au moment où le volume des dépenses de l'administration americaine sur la guerre en Irak a atteint plus de 522 milliards de dollars, alors que le déficit budgétaire americain est de 244 milliards de dollars en 2007.

Il faut attendre jusqu'aux élections présidentielles américaines, en novembre prochain, afin de savoir si les Républicains restent au pouvoir ou bien les Démocrates vont les remporter et tenter de corriger les erreurs du gouvernement américain actuel, sur les plans interieur et exterieur, notamment l'implication dans le marécage de l'Irak.

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