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15 février 2000

A la conquête du désert

Exemples de la politique de conquête des terres sur le désert en Egypte, les projets de Touchka et de l'Est d'al-Owaynat en Haute Egypte apparaissent comme une réponse, mais les avis sont partages sur les moyens de les réaliser.

imagesCA73PID4Au sud du Lac Nasser, et trente années après le barrage d'Assouan, Touchka est présenté comme la "soupape de sécurité" de l'Egypte par les autorités. Le projet de Touchka permettrait de quadrupler la surface habitable du pays de 5% actuellement a 25% de la superficie de l'Egypte. Mais s'il constitue un véritable plan de développement économique pour retenir la population de Haute Egypte dans l'étroite vallée et désengorger le Delta du Nil surpeuplé, ce projet est contesté en raison des énormes quantités d'eau qu'il réclame et qui risquent d'amoindrir les réserves au nord du pays.

"Touchka n'est pas une solution prise a l'encontre de l'expansion de la vallée du Nil", assure le ministre de l'Irrigation et des Ressources en eaux, Mohmoud Abou Zeid : "Les possibilités d'exploitation des terres autour de la vallée sont prises en considération. Ainsi, un plan est actuellement en exécution pour ajouter deux millions de feddans autour de la vallée et en dehors de Touchka. Cependant, l'expansion hors de la vallée du Nil est indispensable".

Selon les estimations de la chambre américaine du commerce au Caire, le total des investissements du projet au cours des vingt prochaines années s'élèvera à 90 milliards de dollars, dont le quart doit être financé par l'Egypte et le reste par le secteur prive. Si le président Hosni Moubarak a choisi d'engager, d'ici à 2002, trois milliards de dollars de fonds public, pratiquement sans soutien international, pour bâtir le canal et la station de pompage, c'est qu'il compte bien voir le secteur privé prendre ensuite le relais.

mapEn ce qui concerne le projet de l'est d'al-Owaynat, à 240 km à l'ouest de Touchka, il vise à cultiver 200 000 feddans (84 000 hectares) repartis dans de grandes exploitations de 14000 à 24000 feddans chacune. Depuis 1998, certains terrains ont trouve des acquéreurs, comme l'homme d'affaires égyptien Mohamad Aboul Einein, qui a initie le premier élevage d'autruches du pays. L'irrigation y est entièrement dépendante de 62 puits. L'Etat a déjà investi 103 millions de L.E. dans le projet, consacrées aux infrastructures.

Rationalisation de l'eau : Dans tous les cas, les besoins en eau sont un des problèmes clefs. Pour que l'Egypte puisse vaincre le manque d'eau issu des systèmes traditionnels d'irrigation, le ministère de l'Irrigation a présenté l'année dernière au gouvernement un plan à long terme. Ce plan est axé sur trois points fondamentaux concernant le rationnement et l'usage de l'eau disponible : l'amélioration du système d'irrigation, le changement de la structure agricole et le recyclage des eaux usées. Tout cela serait susceptible d'apporter vers l'an 2017 une quantité d'eau supplémentaire de huit milliards de m3. En outre, le plan vise à accroitre le pompage des eaux souterraines de quatre milliards de m3 actuellement a sept milliards de m3. "Dans les contrats d'exploitation des terrains de Touchka, il y a une clause qui stipule que le propriétaire prendra en charge les couts d'alimentation en eau, fixés à 350 L.E. le feddan", indique m. Abou Zeid. "D'autre part, nous les encourageons à faire un usage rationnel de l'eau, en leur accordant une baisse de prix si la consommation est réduite".

Engrais chimiques ou naturels : Quant à la question du genre des engrais qui seront utilisés pour cultiver les nouvelles terres, Gilles Fèdières, chercheur a l'Institut français de Recherche scientifique pour le Développement en coopération (IRD, ex-ORSTOM) indique que "les engrais chimiques ne sont pas dangereux pour la santé de l'homme s'ils sont utilisés d'une manière bien étudiée. Le danger réside dans les insecticides chimiques. C'est pour cela qu'il faut recourir aux insecticides naturels, comme les virus et les bactéries qui ne s'attaquent qu'aux espèces parasites".

Pourtant, certains citoyens affirment que l'eau possède parfois une odeur et un gout qui évoquent le fameux DDT. Le président des services de l'eau Hussein al- Chahaoui précise qu'un échantillon de l'eau du Grand Caire est examine chaque heure à travers 13 stations de contrôle et que les résultats sont toujours négatifs. Il ajoute que ce phénomène se répète chaque année à l'occasion de la réduction du débit du Nil, qui favorise la dissolution de certaines plantes et leur réaction avec le chlore.

Hormis ce cas sujet à polémique, un chercheur de l'IRD, qui a requis l'anonymat, précise que pour ne pas affecter l'environnement il faut s'assurer que n'importe quel élément ajouté va subir une opération de biodégradation, afin qu'il ne contamine pas d'autres milieux. Et d'indiquer que les produits chimiques utilisés pour la fertilisation des terres détruisent l'environnement, ce qui nécessite le recours aux engrais organiques comme les déchets d'animaux. En ce qui concerne le transfert des limons du Nil, accumulés dans le Lac Nasser, pour enrichir le lit du fleuve et pour bonifier les terres de sa vallée, les responsables de l'IRD assurent que "théoriquement il est possible, mais que le problème réside dans le financement d'un tel projet".

Enjeux écologiques de la fertilisation des terres : Si l'agriculture représente la base de l'économie de l'Egypte, ce secteur économique est malheureusement conditionné par certains aspects négatifs de l'expansion agricole. D'une part, la migration considérable de la population vers les zones agricoles, ce qui réduit d'une manière continue la surface cultivée déjà limitée à six millions de feddans. D'autre part, la situation géographique de l'Egypte qui se situe par définition dans la zone aride avec un système d'irrigation artificielle de capacité limitée dans la zone étroite de la vallée du Nil et de son delta.

Les ambitieux projets actuels, s'ils sont indispensables au développement du pays, n'en sont pas moins difficiles et couteux à réaliser, alors même qu'ils feront peser le coup sur de nouvelles menaces sur l'environnement.

Article écrit pour Le Calame, journal de la filière francophone de journalisme supervisée par le CFPJ, l'IFP et la Faculté de communications de l'Université du Caire

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15 février 2000

Elections Législatives : Des juges aux bureaux de vote

 

 

Pour la première fois depuis sept ans, une proposition de loi soumise par l’Opposition est approuvée par une commission parlementaire

Une commission de l’Assemblée du Peuple a approuve début février une proposition de loi soumise par l’Opposition selon laquelle les juges seront chargés de superviser le déroulement du scrutin dans les bureaux de vote lors des élections législatives, pour combattre la fraude électorale. Le ministère de la Justice remplacerait celui de l’Intérieur pour le contrôle des élections prévues en novembre prochain.imagesCAM6Q1VJ

Le leader du parti de gauche "al-Tagamu" (le Rassemblement) Khaled Mohei Eddine, s'est félicite de l'approbation de cette proposition de loi, issue de son parti. "Non à la police, bienvenue aux juges", a-t-il déclare devant l'Assemblée du Peuple. Cette proposition de loi pourrait, à long terme, avoir des répercussions sur le système politique national. Jusqu'alors les juges n'intervenaient pour dépouiller les votes qu'au niveau de la circonscription. Reste bien sur, à savoir si l'Egypte compte en théorie assez de juges pour surveiller tous les bureaux.

Selon Mohei Eddine, cette proposition de loi aidera à faire face à la fraude électorale sous toutes ses formes : le vote à deux reprises par la même personne grâce à des cartes d'identité falsifiées, l'inscription des morts sur les listes électorales...L'Opposition a en effet souvent accusé la police de participer à la manipulation des élections pour s'assurer de la victoire des candidats favoris, appartenant la plupart du temps au Parti National Démocratique (PND).

Supervision internationale : Pour Amal Osman, députée sur la liste du PND "la proposition de loi est une réponse aux déclarations du gouvernement sur le besoin de renforcer la participation politique et d'encourager le peuple à voter".

Pour sa part, le secrétaire général adjoint de parti d'Opposition "al-Wafd", de la droite, Ibrahim al-Dessouqi indique que son parti prône une surveillance internationale pour les prochaines élections législatives, "al-Wafd demande également un gouvernement impartial pour superviser les élections", ajoute-t-il.

Concernant la position de son parti quant à l'intérêt même des prochaines élections, al-Dessouqi précise dans "al-Balad" que "la participation aux élections sans garanties servira les objectifs du gouvernement et contribuera à lui accorder une fausse légitimité ; mais si on les boycotte, on risque de perdre le contact avec l'homme de la rue".

De son côté, le chef du parti d'Opposition "al-Aamal" (Travail, gauche) Ibrahim Choukri affirme qu'il faut introduire des modifications constitutionnelles pour que les élections remplissent vraiment leur rôle. "Les partis de l'Opposition auront une bonne opportunité au cours des prochaines élections, assure-t-il. L'Opposition doit avoir plus de sièges au sein du parlement afin qu'on ait la chance de représenter les divers courant".

Le secrétaire général du syndicat des journalistes et proche de l'Opposition, Ragaey al-Mirghany, indique que généralement les ONG égyptiennes se mettent d'accord sur les défaillances des élections. "Il faut mener à bien une reforme de fond du système de supervision des élections, soit en chargeant des commissions populaires ou des juges de superviser les élections, soit en éloignant les forces de l'ordre des bureaux de vote".

Quant à la surveillance internationale des élections, al-Mirghany assure qu'elle ne porterait pas atteinte à l'image de l'Egypte. "Au contraire, elle aiderait le pays à renforcer la crédibilité de son système électoral, mais est-ce que le PND acceptera cette idée?" s'interroge-t-il. Et s'agit-il d'une bonne solution?

Article écrit pour Le Calame, journal de la filière francophone de journalisme supervisée par le CFPJ, l'IFP et la Faculté de communications de l'Université du Caire

 

 

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