Les Irakiens sur l'autel des compagnies pétrolières américaines... intermédiaires s'abstenir
"On croit mourir pour la patrie...on meurt pour des industriels", aux dires d'Anatole France au début du 20ème siècle. Le quotidien français "L'Humanité" voit que cette maxime a été manipulé par les Américains au début du 21ème siècle pour devenir: "On croit mourir pour la liberté...on meurt pour les financiers de la campagne électorale américaine", plus précisement pour "Halliburton", la géante compagnie pétrolière américaine et ces soeurs qui tiennent de forts liens avec les décideurs de la Maison-Blanche.
L'agression américaine contre l'Irak constitue une frappe sans précédent par laquelle Washington lance une boule de feu en pleine figure du monde pour prouver le retour du principe "protectorat naturel", voire "colonial" à croire le choix de terme d'un parlementaire allemand, qui a souligné le nouveau concept. Au moment où des combats farouches se déroulent en Irak, et bien que les Etats-Unis n'aient pas fini l'opération militaire sanglante, Ils évoquent l'Irak de l'après-guerre pour soulever la question "étant persuadés que cette guerre constitue une période provisoire qui sera suivie d'une autre plus importante" dans l'esprit de l'administration américaine.
Malgré les déclarations contradictoires du président américain George W. Bush ainsi que celles de ses collaborateurs et conseillers à propos de la l'Irak post-Saddam, une polémique acharnée s'est soulevée en Europe, en Chine et en Russie, reveillées sur la réalité que Washington sort de son "placard" les dossiers "Top secret" sur l'administration de l'Irak qui torpille les rêves de certains de gagner une part du "gateau" irakien que les Américains envisagent "garder" en jetant des miettes a Londres. Ce conflit s'est affirmé evident dans la presse européenne qui parle d'un rôle à accorder à l'ONU dans l'Irak post-guerre. Cette presse affiche une forte inquiétude à propos des intêréts des pays et des compagnies francaises et européennes "privées de ce gâteau irakien". La presse européenne suit, avec étonnement et ironie, les déclarations pompeuses des responsables américains sur l'Irak...déclarations totalement contradictoires balancées entre "Colombes et Faucons" américains.
Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, affirme que l'ONU assumera un rôle principal dans l'Irak post-guerre, mais la conseillère du président américain pour la sécurite nationale, Condoleezza Rice, dit que les pays membres de la guerre menée par Washington contre l'Irak auront le rôle principal dans la gestion de l'Irak "libéré"! Mais les indices, selon les observateurs européens, prouvent qu'un "plan" est tracé par Washington pour s'emparer "seule" de l'administration de l'Irak de l'après-guerre et que dans le scenario le plus optimiste, elle offrira une "bouchée" du gâteau irakien aux Alliés en récompense de leur participation a la guerre. Le premier ministre britannique, Tony Blair, a fini par saisir le coup et s'est hâté de prôner un rôle principal de l'ONU en Irak. Dans ce contexte, Blair, qui doute des intentions américaines, adhère au camp opposé à la conception americaine..Ce camp, conduit par Paris, appelle acharnement à un rôle important de l'ONU dans l'Irak post-Saddam.
Le chef du gouvernement britannique se précipite déjà au 28 mars dernier à Camp David pour convaincre Bush d'accorder à l'ONU le rôle escompté. Les observateurs estiment que seul le Temps est capable de prouver si Blair était doté d'un "crédit" auprès de Bush. Selon "Le Figaro" parisien, tous les scenarios envisageables d'une gestion politique et économique de l'Irak post-guerre sont américains... autrement dit l'ecart de l'ONU. Pour la gestion politique de l'Irak, deux visions américaines font apparition...la première, soutenue par le vice-president americain, Dick Cheney, et les faucons a la Defense, prône le modèle Allemagne-Japon à la sortie de la seconde guerre mondiale, c'est-à-dire "compter sur les Irakiens en exil". La deuxième version, celle de Powell, qui estime que les Irakiens en exil sont incrédibles, appelle à sauvegarder la structure du pouvoir irakien actuel, en se bornant à remplacer les premiers cercles autour de Saddam Hussein.
Cependant, les deux visions se rencontrent sur la manière de gérer l'Irak par deux gouvernements, militaire conduit par le chef du QG des forces anglo-américaines, Tommy Franks, et un autre civil, qui sera probablement confié au général à la retraite, Jay Garner. Une hégémonie militaire et économique qui permet donc aux Etats-Unis de contrôler les ressources irakiennes. L'administration américaine semble avoir décidé d'assumer, seule, la gestion de l'Irak bien avant l'échec des efforts diplomatiques pour éviter la guerre puisque le président Bush avait crée, dès le 20 janvier 2003, le bureau de la "Reconstruction de l'Irak" chargé de "remettre le pays sur pieds". Quelques jours avant la campagne militaire contre l'Irak, le chef du bureau, Jay Garner, arrive, discrètement, à Koweit pour entamer ce que le Pentagone appelle "phase de prospection et de recrutement"...Une visite qu'un diplomate à l'ONU qualifie de "consécration de la nomination de Garner gouverneur de l'Irak". Bien que Bush ait donné l'impression, au sommet d'Acores, que l'ONU devait avoir un rôle essentiel dans la reconstruction de l'Irak, tous les indices sortis de la Maison-Blanche vont à l'encontre...
Des observateurs jugent que l'ONU serait responsable uniquement des affaires humanitaires... dans un reflet de la mentalité capitaliste des faucons de l'administration américaine. Le spécialiste des relations internationales au Monterey Institute for International studies, Gleen Wood, note que "l'option actuelle serait plutôt celle pour la gestion totalement americaine de l'Irak pour quelque temps, avec les Nations-Unies releguées a un role purement humanitaire". Et Wood d'ajouter que l'idée est de confier la majorité des contrats à des sociétés américaines et, parellèlement, placer une administration avec des civils américains investis de prérogatives de ministres "pour préparer un nouveau régime...suppose être démocratique", a-t-il dit. Dans ce contexte, la presse americaine a devoilé, voici quelques jours, un rapport secret sur le plan de la Maison-Blanche pour la gestion de l'Irak post-guerre. Selon ce rapport, Bush "écarterait" non seulement l'ONU, mais de nombreuses ONG. Un diplomate a l'ONU a dit que le président Bush punirait meme l'ONU qui n'a pas approuvé la guerre américaine contre l'Irak.
Le rapport secret renferme des informations sur des firmes americaines qui obtiendraient, en première étape de la reconstruction de l'Irak, des contrats pour 1,5 milliard de dollars sous couverture d'appels d'offres lance par l'Agence americaine pour le développement international (USAID), pour la construction des hopitaux, écoles et infrastructures. Le departement americain du tresor se chargerait même de "reconfigurer" la Banque centrale irakienne et d'émettre une nouvelle monnaie irakienne. Selon le quotidien francais "Liberation", quelques jours apres la sortie de ce rapport la lumiere, les informations se sont confirmées... Au cours de la dernière semaine de mars dernier, l'USAID a passé un contrat de 4,8 millions de dollars au groupe "Stevedoring Services of America", compagnie americaine de Seattle... Un appel d'offres que "Liberation" qualifie de "suspect" puisqu'aucune entreprise etrangère n'est appelé à y repondre. L'USAID avait, quelques jours avant, octroyé un premier contrat de 7,1 millions de dollars pour la logistique de l'Irak post-guerre au groupe americain "International Ressources Group".
De même, la firme americaine "Kellog, Brown and Root" (KBR) a été chargée par l'armee americaine d'éteindre les puits en feu a al-Remela (sud de l'Irak). "KBR" est une filiale de Halliburton, la compagnie petroliere ou Dick Cheney était vice-president jusqu'en 2000. Selon le "Center for Responsive Politics, Halliburton avait contribué au financement de la campagne éléctorale de Bush lui-même, mais le quotidien anglais "The Guardian" note que Cheney continue recoit toujours la somme annuelle d'un million de dollars de Halliburton en "compensations différées". "KBR" avait obtenu le contrat de construction du camp de detention pour les prisonniers d'al-Qaeda a Guantanamo. Passant en revue le conflit entre les faucons et les colombes americains, l'expert des Nations-Unies au "Wellesley college", Craig Murphy, dit ne pas savoir si Bush, lui-même, avait décidé ce qu'il ferait précisement en Irak. "D'un côté, on a les faucons, avec Cheney, Rumsfeld et toute la clique qui poussent pour le contrôle americain; de l'autre, au sein du département d'Etat, il y a ceux qui sont prudents et qui estiment qu'il ne faut pas fermer la porte a l'ONU", a-t-il dit. Et M. Murphy d'ajouter le coût économique de la reconstruction de l'Irak, que les experts situent pour l'instant entre 70 et 200 milliards de dollars, pourrait tempérer les ardeurs de Bush...Une valeur qui pose la question "Comment Washington pourrait gérer, à elle seule, un tel plan avec un budget qui explose alors qu'on entre en periode pre-electorale ?".
Il semble que les Americains planifient de puiser dans les ressources pétrolières de l'Irak le coût de sa reconstruction. Ces ressources représentent, selon les experts, 10% des réserves mondiales, soit 120 milliards de barils, plaçant l'Irak seconde sur la liste mondiale des réserves derrière l'Arabie Saoudite. Dans ce contexte, l'USAID a passé des contrats directs pour un montant global de 900 millions de dollars à cinq sociétés americains: Bechtel Group, Fluor Corporation, KGB, Louis Berger Group et Parsons Corporation. Prétexte : Ces compagnies jouissent d'une large expérience dans la reconstruction. Mais, des sources européennes affirment que l'expérience n'est pas seule critaire de cette partialite flagrante de la part de l'administration-Bush. "La seule raison est que ces compagnies ont contribué au financement des partis americains par 2,8 millions de dollars depuis 1999 et que plusieurs figures de l'administration americaines y avaient occupé de hauts postes", ont-elles dit. Et ces sources d'indiquer que ces marches reflètent une intension americaine de contrôler le brut irakien au moment ou les experts pétroliers estiment que l'Irak pourrait produire 6 millions barils/jour au cours de cinq ans contre deux millions B/j avant la crise.
"Le Figaro" précise que ces marches supects ont suscité l'inquiétude de plusieurs pays, notamment la France, la Russie et la Chine, de voir les regions de prospection pétrolière imposées à la politique de "bras de fer". La Chine avait conclu un accord avec Bagdad pour le ravitailler en équipements petroliers et developper un gisement pétrolier. Moscou, de son côté, pense à ses contrats conclus avec le regime-Saddam pour développer les gisements d'al-Qeranah, pour la valeur de 4 millions de dollars. Quant à la France, ses craintes dépassent les autres... Abstraction faites de ses ambitions d'obtenir des contrats de prospection pétrolière en Irak a travers "Total-Fina-elf", Paris veut sauvegarder ces aquis realises grace au pogramme "pétrôle contre nourriture". Depuis 1996, la France arrive en tête de la liste des exportateurs pour l'Irak, dans le cadre de ce programe, avec 15% des importations irakiennes. Selon des rapports officiels, les exportations francaises pour l'Irak étaient focalisées sur les appareils, les equipements et autres.
Le patron de la Federation francaise des industries mecaniques, Yvon Jacob, affirme la collaboration entre la fédération et le gouvernement francais pour preparer l'étape Irak de l'apres-guerre. Et M. Jacob d'ajouter que les entreprises francaises aspirent a une reconstruction sous tutelle de l'ONU. De son côté, Nadim Jazzini, directeur du service exportations "Regilait", a toujours espoir de reprendre pieds en Irak, un marche égale a 75 mille tonnes de lait conditionne, dont 18 mille pour le lait infantile. Les craintes francaises paraissent dans les déclarations du responsable de la société specialisée en materiel d'irrigation "Farmex", Nourredine Smali, qui dit: "Si c'est l'ONU qui se charge de l'apres-guerre, il n'y aura pas de changement à notre niveau. Par contre, si les decisions sont transferées aux Etats-Unis, cela risque d'être plus problématique de composer avec une Zona americana".
Le problème est plus compliqué pour les sociétés francaises lies par des contrats avec l'Irak comme "Alcatel" qui a conclu un accord de 80 millions de dollars avec le gouvernement irakien. Egalement, les constructeurs français d'automobiles comme Peugeot et Renault, qui occupaient 20% du marche irakien des vehicules veulent protéger leurs intérêts. Pour dissiper les craintes des entreprises françaises, le ministère français des finances a souligné que le volume des exportations vers l'Irak en 2001 n'avait pas dépasser les 660 millions d'euros, soit 0,2% du total des exportations françaises. Mais, l'assureur des exportations "la COFACE" voit que l'Irak est un marche important pour la France. La COFACE precise qu'en 1990, un an avant la 2eme guerre du golfe, elle avait donne des garanties pour 20 milliards de francs français a des contrats d'exportation pour l'Irak, dont 14 milliards de FF en militaire et 6 milliards de FF en équipements civils et infrastructure. Des sommes vertigineuses qui font rêver les Français aujourd'hui mais aussi les Americains. La Grande-Bretagne, principale alliée des Etats-Unis, craint les intentions américaines... Blair déploie alors tout effort pour convaincre Bush, lors du sommet de Belfast, de "laisser" aux compagnies britanniques un "bon" morceau du gateau irakien: "Blair pourra ainsi résister aux pressions politiques".
Mais, les faucons de la Maison-Blanche affirment toujours que le dossier de l'Irak serait completement en mains americaines "au prix de laisser tomber quelques miettes", qui passeront par adjudications et appels d'offres au cours desquels Washington scande le slogan "intermediaires..s'abstenir" dans un signal de laisser loin du "gateau irakine copieux" ceux qui ont ose défier la decision americaine.