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15 février 2000

Elections Législatives : Des juges aux bureaux de vote

 

 

Pour la première fois depuis sept ans, une proposition de loi soumise par l’Opposition est approuvée par une commission parlementaire

Une commission de l’Assemblée du Peuple a approuve début février une proposition de loi soumise par l’Opposition selon laquelle les juges seront chargés de superviser le déroulement du scrutin dans les bureaux de vote lors des élections législatives, pour combattre la fraude électorale. Le ministère de la Justice remplacerait celui de l’Intérieur pour le contrôle des élections prévues en novembre prochain.imagesCAM6Q1VJ

Le leader du parti de gauche "al-Tagamu" (le Rassemblement) Khaled Mohei Eddine, s'est félicite de l'approbation de cette proposition de loi, issue de son parti. "Non à la police, bienvenue aux juges", a-t-il déclare devant l'Assemblée du Peuple. Cette proposition de loi pourrait, à long terme, avoir des répercussions sur le système politique national. Jusqu'alors les juges n'intervenaient pour dépouiller les votes qu'au niveau de la circonscription. Reste bien sur, à savoir si l'Egypte compte en théorie assez de juges pour surveiller tous les bureaux.

Selon Mohei Eddine, cette proposition de loi aidera à faire face à la fraude électorale sous toutes ses formes : le vote à deux reprises par la même personne grâce à des cartes d'identité falsifiées, l'inscription des morts sur les listes électorales...L'Opposition a en effet souvent accusé la police de participer à la manipulation des élections pour s'assurer de la victoire des candidats favoris, appartenant la plupart du temps au Parti National Démocratique (PND).

Supervision internationale : Pour Amal Osman, députée sur la liste du PND "la proposition de loi est une réponse aux déclarations du gouvernement sur le besoin de renforcer la participation politique et d'encourager le peuple à voter".

Pour sa part, le secrétaire général adjoint de parti d'Opposition "al-Wafd", de la droite, Ibrahim al-Dessouqi indique que son parti prône une surveillance internationale pour les prochaines élections législatives, "al-Wafd demande également un gouvernement impartial pour superviser les élections", ajoute-t-il.

Concernant la position de son parti quant à l'intérêt même des prochaines élections, al-Dessouqi précise dans "al-Balad" que "la participation aux élections sans garanties servira les objectifs du gouvernement et contribuera à lui accorder une fausse légitimité ; mais si on les boycotte, on risque de perdre le contact avec l'homme de la rue".

De son côté, le chef du parti d'Opposition "al-Aamal" (Travail, gauche) Ibrahim Choukri affirme qu'il faut introduire des modifications constitutionnelles pour que les élections remplissent vraiment leur rôle. "Les partis de l'Opposition auront une bonne opportunité au cours des prochaines élections, assure-t-il. L'Opposition doit avoir plus de sièges au sein du parlement afin qu'on ait la chance de représenter les divers courant".

Le secrétaire général du syndicat des journalistes et proche de l'Opposition, Ragaey al-Mirghany, indique que généralement les ONG égyptiennes se mettent d'accord sur les défaillances des élections. "Il faut mener à bien une reforme de fond du système de supervision des élections, soit en chargeant des commissions populaires ou des juges de superviser les élections, soit en éloignant les forces de l'ordre des bureaux de vote".

Quant à la surveillance internationale des élections, al-Mirghany assure qu'elle ne porterait pas atteinte à l'image de l'Egypte. "Au contraire, elle aiderait le pays à renforcer la crédibilité de son système électoral, mais est-ce que le PND acceptera cette idée?" s'interroge-t-il. Et s'agit-il d'une bonne solution?

Article écrit pour Le Calame, journal de la filière francophone de journalisme supervisée par le CFPJ, l'IFP et la Faculté de communications de l'Université du Caire

 

 

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12 août 1999

Touchka..."Le Second Nil" qui permettra aux Egyptiens de sortir de l'étroite vallée

"Le projet de Touchka est la soupape de sécurité pour l'Egypte". C'est ainsi que la revue française "Jeune Afrique" a qualifié le projet qui constitue, selon elle, un véritable plan pour le développement économique et permettra aux Egyptiens de sortir de l'étroite vallée du Nil. Un projet qui abritera sept millions d'habitants qui peupleront les rives du "Second Nil" de l'Egypte.

imagesSelon la revue, un expert français a indiqué qu'il savait que le projet se ferait à condition d'une réelle volonté politique. "Le président Hosni Moubarak en personne tient à ce projet", a-t-il précisé.

"Jeune Afrique" prévoit que les investissements au projet de Touchka vont permettre d'importants revenus à l'Egypte et aux investisseurs.

Le gouvernement va mettre en place des facilités afin d'attirer les investisseurs. Ils pourront par exemple bénéficier d'une exonération fiscale de 20 ans et d'un prix faible pour acquérir des terrains.

Les milieux financiers et les investisseurs internationaux accordent, de plus en plus, un vif intérêt à ce projet. Les Emirats Arabes Unis réfléchissent à acheter des terrains dans la région de Touchka. La
"Kingdom Agricultural Development Compagny" (Kadco), du prince saoudien Walid Ibn Talal, a jeté son dévolu sur 180 mille hectares de terre, dont 42 mille seront destinés à l'agriculture, le reste à des projets de transformation industriels, alors qu'un groupe de 20 ingénieurs et employés mènent une série de tests à Touchka pour le compte de la compagnie en prévision de mettre à exécution son projet.

Aussi, un groupe d'investisseurs Koweitiens a acheté 100 mille hectares, dont il compte cultiver 40%, au moment ou plusieurs hommes d'affaires égyptiens, comme Ahmed Bahgat, Waguih Abaza et Abdel Menem Saoudi, s'intéressent au projet qui mènera à quadrupler la surface habitable du pays de 5% actuellement à 25% de la superficie de l'Egypte.

Conformément aux estimations de la Chambre Américaine de Commerce au Caire, le total des investissements du projet, au cours des 20 prochaines années, s'élèvera à 90 milliards de dollars. Le quart doit être financé par l'Egypte (une somme qui équivaut à un an de Produit National Brut), le reste par le privé.

Dans ce contexte, Henry Jungblut, directeur régional de la société française d'ingénierie "Sogelerg-Sogreah", qui apporte une assistance technique au Ministère égyptien des travaux publiques et des ressources en eaux, dit qu'"en 1997, personne ne croyait à ce projet, ni les experts internationaux, ni les banques, ni la communauté internationale". Mais que lui, personnellement, il avait confiance en la réalisation du rêve égyptien. "Deux ans et demi plus tard, les travaux avancent en effet à un rythme impressionnant", ajoute-il.images2

Et "Jeune Afrique" de dire qu'environ 40 km des 50km du canal principal, baptisé "cheikh Zayed" en hommage à la contribution financière du chef de l'Etat émirati, sont déjà creusés. En même temps, les premiers appels d'offres sont en cours d'examen pour la construction des quatre branches secondaires qui s'étaleront sur 168 km à l'intérieur de la dépression de quelque 80 mille km2.

Dans une étude réalisée pour le compte de Kadco, le cabinet américain d'ingénierie "Arthur Anderson" affirme que "Touchka est une région extraordinairement fertile car c'est un ancien bras asséché du Nil, il n'y a aucune pollution. L'eau viendra directement du Lac Nasser, pure et chargée de ce limon qui ne franchit pas le barrage d'Assouan".

L'objectif du projet de Touchka est de cultiver des produits de qualité, à forte valeur ajoutée. La majeure partie sera exportée vers l'Europe ou vers le Golfe Arabe.

Mais, est-ce que le pari de l'Egypte au projet de Touchka sera concentré sur le secteur agricole ? "Jeune Afrique" affirme que si le Président Moubarak a choisi d'engager, d'ici 2002, 3 milliards de dollars de fonds publics, pratiquement sans soutien international, pour bâtir le canal et la station de pompage, c'est qu'il compte bien voir le secteur privé prendre ensuite le relais.

Dans ce contexte, Mostapha Kadi, patron du Haut Comité Consultatif sur le projet, dit que les lourds investissements, engagés dans la première phase du projet, concernent essentiellement la production agricole. "Mais, à terme, en 2017, on estime que ce secteur ne représentera que 8% des 90 milliards de dollars investis", précise-t-il.

images3Le projet de Touchka, ce sont aussi des usines de traitement et de transformation des fruits et des légumes, des industries de bas, du tourisme et donc des moyens de transport et l'infrastructure afin de faciliter l'établissement d'une région urbaine développée.

Au contraire du projet de Noubarriya, établi au cours des années 80 à l'Ouest d'Alexandrie et qui n'a pas pu attirer les habitants en raison de l'absence des services, le gouvernement égyptien a appris la leçon des erreurs du passé et œuvre pour fonder une communauté intégrale à Touchka. Reste à savoir si ce beau rêve va se réaliser... 

28 juin 1999

L’Afrique flotte sur une mer de pétrole et de gaz

Le monde du pétrole ne manque pas d'évolutions rapides. Il y a quelques années, on ne cessait pas de parler de la mer Caspienne, qui contient d'importantes réserves de pétrole, en tant que remplaçant de la zone du Golfe arabe, riche des champs du pétrole.

Petrole_1Toutefois, les milieux pétroliers mondiaux ont commencé dernièrement à faire référence à l'Afrique et ses réserves en pétrole qui dépassent de loin celles de la mer Caspienne. Le développement technologique et géologique et le progrès de forage en mer à une profondeur de plus de 400 mètres sous la surface de l'eau ont révélé de nombreuses surprises.

Les chiffres indiquent que l'Afrique contient 12% des réserves mondiales de pétrole, tout en contribuant à environ 11% de la production mondiale de l'or noir, ce qui permet au continent d'occuper une place privilégiée dans le monde du pétrole.

Selon les experts, la production de pétrole en Afrique a augmenté de 43% au cours des dix dernières années. Cette production va augmenter de 50% encore au cours de la prochaine décennie après la découverte du brut dans des nouvelles zones du continent, outre les producteurs traditionnels comme l'Egypte, l'Algérie, la Libye, le Gabon et le Nigeria.

A la fin de l’année dernière, les experts ont estimé les réserves de pétrole en Afrique à près de 72 milliards de, en tenant compte des découvertes de pétrole au Tchad et en Angola. Ils espèrent qu’avec le développement technologique, le pétrole sera prospecté dans d’autres régions, notamment au Niger et au Mali.

Par ailleurs, les experts en matière d'offshore s’attendent à réaliser de nouvelles découvertes dans le golfe de Guinée, en Côte d'Ivoire et en Namibie. Ils jugent que les réserves de pétrole offshore en Afrique sont supérieures à celles de la mer du Nord. En plus, le continent se caractérise par l'absence des obstacles géographiques au contraire de la région de la mer Caspienne qui est difficile d'accès.

L'Afrique a de larges côtes, outre l'existence du Golfe de Guinée face aux États-Unis et le Brésil, ce qui aiderait le continent à l'exportation de milliards de barils de pétrole brut.

Les responsables du secteur à l’occident étaient conscients de ces statistiques et réalités. Ils ont commencé à redécouvrir les richesses de l'Afrique : ils envisagent d'investir entre 40 et 60 milliards de dollars en vingt ans dans la région du golfe de Guinée seule.

Ces responsables ont débuté par l'Angola, où les réserves sont estimées a 10 milliards de barils, bien qu’il n’y ait que six grandes découvertes pétrolières. Les experts jugent que la production de pétrole en Angola pourrait passer de 1 million de barils par jour en 2000 à 2 millions de b/j en 2005, c’est-à-dire l’équivalent de la production actuelle du Nigeria, le plus grand producteur de pétrole dans le continent.

Quant à l'Algérie, l'un des anciens producteurs de pétrole en Afrique, c’est un pays encore prometteur. Depuis 1986, lorsque le gouvernement a autorisé les sociétés pétrolières étrangères à reprendre leur travail dans le pays, une percée dans la découverte et la production a été réalisée. Selon les experts, la production de pétrole en Algérie peut hausser de 65% au cours des quelques prochaines années grâce aux nouvelles technologies.

Pour le Nigeria, les réserves s’élèvent actuellement à 17 milliards de barils, avec une production de 2 millions de b/j. Le pays risque de perdre sa position comme premier producteur de pétrole en Afrique si la situation demeure constante et l’accès aux champs pétroliers libyens devient facile. .La Libye possède des 30 milliards de barils de pétrole, soit près du double des réserves du Nigeria..En même temps, le Congo, l’Egypte, le Gabon, le Tchad et le Soudan n’ont pas encore montré toutes leurs capacités.

En plus du pétrole, les experts estiment que les pays qui n'ont pas du pétrole, auront des champs du gaz naturel, et les géologues misent sur la présence des champs importants en Tanzanie et au Mozambique, outre les recherches menées dans ce domaine au Ghana et au Sénégal.

L'Afrique ne dispose actuellement que 7% des réserves mondiales de gaz, tandis que sa production ne couvre que 4% de la demande mondiale de.

L’économiste Pierre Terzian dit que l’Afrique perd chaque année 15 milliards de francs français parce qu’elle ne se sert pas du gaz sortant des puits du pétrole. Il souligne la nécessité pour le continent noir à doubler ses exportations de gaz au cours des dix prochaines années.

petrole_2Dans ce contexte, l'Algérie et la Libye ont modernisé leurs usines de liquéfaction de gaz pour l'exporter versl’Europe, tandis que le Nigéria a mis en place une usine de liquéfaction de gaz à Bonny (sud-est) en collaboration avec ses partenaires elf, Agip et Shell. L'usine sera mise en fonction début de l'an 2000 et va exporter 8 milliards de mètres cubes de gaz par an vers la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Turquie. Par ce projet, le Nigeria sera le 3eme plus grand exportateur du gaz naturel en Afrique.

D’autres pays ont accordé la priorité au marché intérieur en ce qui concerne le gaz naturel. L’Egypte, qui a de grandes réserves, a remplacé le pétrole, dont elle produit de faibles quantités,  par le gaz pour générer de l'électricité. De son côté, la Tunisie pense sérieusement à compter sur les centrales électriques qui fonctionnent par le gaz pour produire ses besoins d'énergie dans l'avenir.

La situation politique dans les principaux pays producteurs de pétrole en Afrique constitue le grand défi devant le développement du secteur pétrolier dans le continent. L'Algérie, jusqu'à tout récent, vivait dans un état de guerre et la situation dans le pays n’est pas encore stable. Pour l'Angola, le pays n'est pas à l'abri de la crise dans la région des Grands Lacs.  Au Nigeria, outre la corruption, le régime affronte les exigences des habitants des zones de production pétrolière qui veulent toucher une part équitable de la richesse.

Les observateurs jugent nécessaire que les régimes politiques de ces pays règlent ces problèmes, sinon les peuples africains continueront à vivre en misère alors que leur continent flotte sur l’or noir.

Article écrit pour l'édition hebdomadaire du journal économique égyptien "al-Alam al-Youm" (Le Monde aujourd'hui) publiée le 28 juin 1999

7 juin 1999

Obasanjo affronte d’importants défis au Nigeria

obasanjoA son arrivée au pouvoir au Nigeria, Olusegun Obasanjo, a reçu entre ses mains un pays dans une situation accablante : dettes énormes, taux élevé de pauvreté, conflits ethniques et une situation économique grave dans ce pays, qui était dans les années 70 classé dans la liste des trente pays les plus riches du monde, et aujourd'hui l'un des pays pauvres.

Il suffit d'indiquer ce qui était annoncé par la Conférence de la lutte contre la pauvreté, qui a eu lieu en Janvier dernier dans la capitale nigériane Abuja : 60% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, tandis que dans le secteur de la santé, qui est une mesure du bien-être et de la prospérité, 90% des bébés sont nés à la maison par manque de service aux hôpitaux et 10% des enfants meurent avant d'atteindre l'âge de 10 ans en raison de soins de santé inadéquats. 

Selon les rapports du Forum Economique Mondial à Davos et l'Institut Harvard pour le développement international, les dettes du Nigeria s’élèvent a 30 milliards de dollars, alors que le pays est classé avant-dernier en terme de compétitivité parmi 23 pays africains, à cause de la corruption, de l'instabilité politique et de la détérioration de l’infrastructure. 

D’autres rapports indiquent également que le nombre de banques opérant au Nigeria baisse alors que l'investissement industriel a reculé de 50% au premier semestre de 1998, ce qui montre un manque de confiance des investisseurs dans l'économie nigériane. 

Obasanjo est devant un défi majeur face à la détérioration du secteur de l'agriculture, qui absorbe 60% de la main-d'œuvre dans le pays et contribue pour environ 40% du PIB. Cette détérioration aura un impact négatif sur la stabilité sociale et politique dans le pays. Le président nigérien n’aura qu’à octroyer des primes aux agriculteurs, en particulier dans les zones de culture du cacao dans le sud-ouest du pays. 

La réforme de l'industrie pétrolière est aussi l'un des principaux défis devant Obasanjo : jusqu'à récemment, le Nigeria était l'un des plus grands producteurs de pétrole et le plus grand pays africain exportateur de l’or noir, il a même occupé la troisième place en terme de production au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole "OPEP", après l'Arabie saoudite et l'Iran, avec une production qui monte à deux millions de barils par jour. Le Nigéria possède également quatre raffineries de capacité totale de 445 mille barils/jour de produits pétroliers, ce qui représente le double des besoins du pays de ces produits. Toutefois, le Nigéria est importateur de pétrole et il ne peut même pas assurer ses besoins de carburant, en raison de la corruption politique et administrative en vigueur. 

Cette contradiction remonte à l'époque du président nigérian Sani Abacha. Alors que les Nigérians faisaient la queue pour plusieurs kilomètres devant les stations-service dans le but d'obtenir leurs besoins, les proches d’Abacha provoquaient une pénurie de produits pétroliers. Ils laissaient, délibérément, détériorer les raffineries pour justifier l'importation de produits pétroliers de l'étranger par cinq entreprises, dont quatre étaient gérées par Abacha lui-même. Ces sociétés transféraient la production des raffineries nigérianes au large de la mer pour que les prix augmentent de deux ou trois fois plus que le prix sur le marché mondial et ensuite faisaient rentrer ces produits à nouveau dans le pays pour les vendre et la différence des prix était transférée aux comptes personnels des responsables de ces entreprises dont Abacha. 

NigeraPetroleAprès la mort d'Abacha, son successeur, Abdel Salam Abou Bakr, a promis la réorganisation du secteur pétrolier au Nigeria, où les exportations de pétrole représentent 90% du revenu du pays. Pour cela, Abou Bakr n’a pas nommé un ministre du pétrole et s’est chargé en personne de la supervision du secteur. Il a également nommé un conseiller spécial pour gérer le secteur et formé spécial pour la réforme de ce secteur. 

Avec l’accession d'Abou Bakr au pouvoir, les entreprises mondiales comme Mobil, Shell, Agip, Chevron, Texaco et ELF ont commencé à occuper la place de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) à l'égard de l'importation de produits pétroliers. 

La NNPC possédait 57% du capital de chaque joint-venture établie avec des entreprises internationales, mais elle a toujours mal estimé ses dépenses et n'a pas respecté ses obligations, ce qui a déclenché des différends financiers graves avec ses partenaires étrangers et causé la détérioration de l’infrastructure du secteur. Cela a conduit le président nigérian à indemniser les entreprises étrangères dans le but de les réconforter et à remplacer le système de joint-ventures par des contrats de partage de production, un système que préfèrent les sociétés étrangères. 

Les experts estiment qu’Obasanjo devrait introduire plusieurs réformes, notamment la libéralisation des prix, même partiellement, sachant que tout changement brutal dans le système du secteur pétrolier nigérien sera, en cas d'échec, un suicide politique et une explosion sociale quasi certaine. Obasanjo devrait également lancé une campagne sévère contre le trafic de carburant vers les pays voisins, estimé à environ 300 000 barils/jour. 

Le président nigérien doit également régler certaines questions régionales relatives secteur pétrolier comme le conflit avec le Cameroun sur l'île de "Bakassi" riche en pétrole. Une autre question à régler est les troubles dans le delta du fleuve Niger dans le sud-est du pays, une région qui produit 70% du pétrole nigérien et considérée comme une des régions les plus pauvres au pays. Les communautés locales dans le delta demandent une redistribution des revenus des richesses pétrolières pour qu’elles touchent une partie de ces revenus. Elles exigent également plus de respect de l'écologie dans cette région. 

nigerdeltaLa difficulté de l'équation réside dans le désir du gouvernement Nigérien de sécuriser les zones de production afin de développer le secteur sans se servir de la politique de répression appliquée sous le règne de Sani Abacha, une époque qui a fait du Nigeria un paria par la communauté internationale. Abuja sera, peut-être forcée à revivifier le Comité du développement des régions minière pour réhabiliter l’infrastructure du secteur pétrolier dans le pays, malgré la réputation de ce comité vu comme outil de vol à l'ère de Abacha. 

Malgré le temps, l'argent et l’énorme travail politique nécessaire pour la reforme du secteur pétrolier au Nigeria, les conditions sont réunies pour la réaliser après l'annonce de la fin du gel du membership du Nigeria au sein du Commonwealth à partir du premier Juin 1999, qui a coïncidé avec la levée des sanctions imposées à Abuja par l'Union européenne..Alors, Obasanjo réussira-t-il à remettre ce secteur, qui représente l'épine dorsale de l'économie nigériane, sur le bon chemin?

Article écrit pour l'édition hebdomadaire du journal économique égyptien "al-Alam al-Youm" (Le Monde aujourd'hui) publiée le 7 juin 1999

26 avril 1999

Alliance Renault-Nissan : pari fou pour créer le quatrième plus grand constructeur automobile du monde

Bien qu'un mois se soit écoulé depuis l'annonce de l'Alliance entre le constructeur automobile français "Renault" et son homologue japonais "Nissan", l'accord fait beaucoup parler dans les milieux industriels et économiques du monde entier.

Renault_LogoL'Alliance ne s'est pas faite de façon claire. Les circonstances de sa conclusion ont été vagues et les effets positifs ou négatifs d'un tel accord peu calculées. L'opération est qualifiée de "pari fou" par les responsables de Renault eux-mêmes.

Renault a entamé son plan d'alliance avec "Nissan" en avril 1998. Les deux côtés ont passé huit mois de négociations totalement confidentielles, comme s'ils étaient dans une opération militaire. Ils ont même donne un code : "Opération Pacific", afin d'assurer la conclusion d'un accord.

Cette alliance, qualifiée par certains de "mariage légal", représentait pour "Renault", qui veut maintenir son statut international, la dernière occasion pour l'expansion, et pour "Nissan" une urgence pour sortir de la crise financière due aux dettes qui s'élevaient à plus de 200 milliards de francs français.

Le 27 Mars 1999, Louis Schweitzer, PDG de Renault, a déclaré officiellement l'union des deux groupes. La date de cette annonce était une source d'optimisme pour les Japonais qui considèrent le 27 Mars comme "le jour de joie".

Nissan_LogoLe monde d'automobile accorde un vif intérêt à cette alliance qui fera de Nissan et Renault ensemble le quatrième plus important constructeur automobile dans le monde, après les Américains "General Motors" et "Ford" et Japonais "Toyota" et avant les Allemands "Volkswagen" et "DaimlerChrysler". Les deux alliés vont produire ensemble 5 millions de véhicules par an, et occuperont 10% du marché mondial.

Malgré le progrès qui peut être réalisé à partir de cette alliance, y compris la capacité de "Nissan" et "Renault" de couvrir tous les marchés par leur production, plusieurs experts la voient contre nature. Pour eux, cette alliance renferme beaucoup de risques car "Nissan" subit davantage de pertes au moment où  ces dettes ont atteint 200 milliards de francs et elle ne peut pas se tenir sans la volonté des banques qui l'aident et qui sont disposées à la laisser couler.

Ces banques ont imposé à "Nissan" le choix d'entrer en alliance avant le 31 Mars 1999, date où elles ne peuvent plus prendre le risque de la soutenir conformément aux nouvelles normes fixées par les autorités financières japonaises.

Pour cela, Renault a accepté de pomper 33 milliards de francs, en échange de l'obtention de 36,8% des actions de Nissan, ce qui a sauvé la situation financière du constructeur automobile japonais.

Renault_1Mais l'affaire n'est pas si simple. Les investisseurs ne semblent pas convaincus du projet de l'alliance: la semaine qui a précédé l'annonce de l'alliance a témoigné la chute de l'action Renault de près de 20% à la Bourse de Paris après la publication de quelques informations sur le contenu de l'accord. En même temps, la société "Moody's" a estimé que la situation financière du groupe français sera déstabilisée, à supposer même que des développements positifs au niveau mondial joueront en faveur de "Renault". Il est clair donc que la plupart des experts dans le marché ont décidé d'appliquer le principe de "voyons ce qu'il va donner".

Pour sa part, Schweitzer affirme que "Renault" ne payera pas les dettes massives de "Nissan". Il souligne avoir reçu, le 26 Mars, un jour avant l'annonce de l'Alliance, une note  acte de soutien de trois banques affiliées à la compagnie japonaise. Schweitzer précise également avoir chargé une maison d'expertise mondiale afin d'étudier la situation financière de Nissan.

Mais ces affirmations n'ont pas porté de nouveau. Le 30 mars, l'action de Renault a chuté de 5%, ce qui pose la question Pourquoi "Renault" sera capable de réussir avec "Nissan" au moment où des constructeurs automobiles plus "riches" se sont retirés de l'alliance avec les groupe japonais?

Nissan_1La réponse réside dans le fait qu'il y avait un grand écart entre les demandes des géants comme "DaimlerChrysler" ou "Ford" et les exigences de "Nissan". Aussi, les Japonais ont refusé de céder la gestion de la compagnie à des étrangers. Mais, Renault  a pu obtenir trois sièges parmi 25 au conseil d'administration de Nissan. Le groupe français a également pu obtenir le droit de la gestion des travaux de la société japonaise. Aussi, le numéro 2 de Renault, Carlos Ghosn, a été nommé directeur général de la compagnie, en laissant le droit de prise de décision dans les mains du PDG de Nissan Yoshikazu Hanawa.

L'alliance avec "Nissan" est une compensation appropriée pour Renault, qui a beaucoup perdu, au niveau mondial, après le retrait, en 1987, de l'alliance avec le constructeur américain "Chrysler" et la sortie du marché de l'Amérique du Nord et son échec de racheter le tchèque "Skoda", passant par le crash de son partenariat avec le suédois "Volvo".

Les observateurs estiment qu'après ces échecs, "Renault" n’a disposé d'autres choix que "l'extension ou la mort", et que ce pari "fou" est la dernière chance pour la firme française pour survivre entre les géants.

Renault_2Selon Georges Douin, responsable des relations internationales chez Renault et homme de l'alliance, tout a commencé en avril 1998 lorsque Schweitzer a mis l'accent sur le besoin d'accélérer l'expansion dans les marchés extérieurs. "Le but de Renault était d'augmenter le volume de production de deux millions de voitures par an à 4 millions dès que possible pour garantir la continuité du groupe à long terme", ajoute-il.

Douin explique qu'il n'était disponible à ce moment que le marché japonais. "C'était impossible de se rapprocher de Toyota ou Honda, en raison de leur forte situation financière et leur capacité sur le marché". Ainsi, il ne restait que "Mitsubishi" et "Nissan", et il était évident que Renault se rapproche de Nissan qui souffre de sa crise financière.

Dans ce contexte, 11 groupes de travail conjoints ont été formés pour parvenir à un accord qui comprenait des centaines d'articles. Les négociations étaient difficiles et n'ont pas vu une débauche qu'au 9 mars quand "DaimlerChrysler" s'est déclaré pas intéressé par l'idée d'une alliance avec Nissan.

Nissan_3Et Douin d'affirmer que l'alliance avec Nissan va aider Renault à construire et commercialiser son modèle "Kangoo" en Asie, soulignant que Nissan est intéressée par l'idée d'une voiture dont le prix ne dépasse pas les 6 mille dollars (30 mille francs).

En outre, ce partenariat permettra à "Renault" de revenir sur le marché américain à travers "Nissan" qui contrôle toujours 4% du volume de ce marché malgré ses difficultés financières. En dépit de l'échec dans le passé, les assistants de Schweitzer sont convaincus qu'il y a encore de la place pour Renault sur l'autre coté de l'océan Atlantique, notamment pour les modèles "Espace" et "Avantime" à condition de les commercialiser sous la marque "Nissan".

Une alliance inspirée par Mazda-Ford?  L’annonce de l'alliance entre Renault et Nissan ressemble, en grande partie à l’alliance de l’américaine Ford et la japonaise Mazda il y a 17 ans.

Quand elle a acquis 25% du capital de Mazda, Ford ne pensait pas que la forme de la société japonaise prendrait tout ce temps et toutes ces efforts jusqu'à la stabilisation de la demande sur les véhicules portant la marque japonaise en 1996, ce qui a poussé Ford à porter sa participation dans le capital de Mazda à 33,4%.

Ford a nommé un étranger à la tête du conseil d'administration de Mazda, basée à Hiroshima ..Et après cinq successifs de budgets sur le bord de danger, Mazda a finalement pu cette année réaliser des bénéfices.

Les problèmes auxquels Mazda a fait face pendant la première moitié des années 90 sont similaires à ceux qu’affronte Nissan actuellement : mauvaise situation financière et une production qui ne répond pas aux desirs des clients. Mais Mazda a pu s’adapater complètement à son partenaire americain ; et la fin de cette année ou le début de 2000 verra la sortie du premier vehicule construit par Mazda sur un châssis commun avec Ford...Mais est-ce que Renault peut atteindre avec Nissan le même succès remporté par Ford avec Mazda?

Article écrit pour l'édition hebdomadaire du journal économique égyptien "al-Alam al-Youm" (Le Monde aujourd'hui) publiée le 26 avril 1999

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25 janvier 1999

Quelles retombées touristiques après l'attentat de Louxor?

En 1996 et 1997, le nombre des touristes venant en Egypte variait entre 3 et 3,5 millions par an. Un chiffre qui ne satisfaisait ni le ministère du Tourisme ni les travailleurs dans ce secteur, qui avaient un espoir de voir ce chiffre atteigne les 5 millions de touristes en 1998.

Toutefois, l'attentat terroriste qui a eu lieu Place Tahrir au Caire, puis celui de Louxor ont brisé tout espoir et fortement frappé le secteur du tourisme : Le taux d'occupation des chambres d'hôtel a reculé jusqu'à 0%.. Cela a entraîné la fermeture de nombre d'entreprises touristiques pour des périodes variant entre 6 et 8 mois et le licenciement de leur personnel.41935392

La mission des experts de commercialisation était de revivifier ce secteur qui est en très grosse fragilité, mais la tâche n'est pas du tout facile en raison de la propagande anti-Egypte dont ont bénéficié des pays touristiques voisins concurrents.

Un an après les attentats terroristes et après beaucoup d'efforts, comme l'organisation le festival du tourisme et d'achats l'été dernier, et l'intensification de la participation égyptienne aux salons internationaux du tourisme, la vie a commencé à reprendre dans ce secteur avec des taux "modestes" mais qui donnent l'espoir de voir la situation améliorée à court terme, notamment si l'Etat reste vigilant afin de parvenir à une plus grande stabilité et sécurité.

Une source officielle de l'organisme de promotion du tourisme a qualifié de "prospère" cette amélioration réalisée au cours des derniers mois par rapport à la situation juste après l'attentat de Louxor en novembre 1997. Mais Fakhri Azab, expert en tourisme et PDG de la compagnie "Hayatt Tours of America", n'avait qu'un sourire en entendant ce mot. Il souligne qu'il reflète un "optimisme surréaliste".

Azab dit que cette "prospérité" n'a pas encore été atteinte. "Sans aucun doute, le taux d'occupation dans les hôtels et les villages touristiques a été amélioré dans les derniers mois par rapport à la situation dans les mois suivant l'attentat de Louxor, au cours desquels le taux d'occupation était zéro ou presque", a-t-il précisé. "Mais, il est impossible que le taux d'occupation des hôtels a atteint un chiffre proche de 100%. "Si certains villages touristiques ou hôtels ont vu l'occupation atteindre un tel taux, cela serait du à la réduction des prix. Donc cette situation ne peut pas être considérée comme prospère.

Selon Azab, le taux d'occupation actuel est estimé 28%. Il pense que les fêtes de Noël, du Nouvel an, du Ramadan et d’Aïd al-Fitr vont pousser ce taux jusqu'à 60%.

Azab dénonce les décisions individuelles ou même collectives de réduire les prix des groupes touristiques. Selon lui, ces décisions ont apporté un nouveau type de touristes caractérisé par le revenu limité et la faible dépense. "Le voyage de ce type de touristes est bien calculé en fonction de leur budget vulnérable, ils ne mangent pas aux restaurants, n'utilisent pas les taxis et n'achètent pas de souvenirs", souligne-t-il.41935395

Azab ajoute que l'Egypte n'a rien gagné de cette strategie. Ces prix bas ne couvrent pas le coût réel du voyage. "Pour couvrir ce coût, certaines entreprises touristiques et hôtels recourent à des comportements qui portent atteinte à la réputation touristique de l'Egypte. Ces comportements s'assimilent à du vol. Les entreprises tentent d'imposer des frais supplémentaires comme les frais d'entrée sur les sites touristiques ou de transport sur le touriste, alors que selon les contrats, le prix du voyage inclut l'avion, les transports, le logement et les visites", explique-t-il.

Selon Azab, certains tour-opérateurs font venir des groupes touristiques à perte et réalisent des gains à travers les "boutiques", alors que d'autres sociétés ne payent pas des salaires aux guides touristiques et laissent ces derniers toucher un pourcentage de la part des propriétaires des magasins sur les achats effectués par le groupe touristique qu'ils accompagnent.

Il cite l'exemple des croisières qui s'arrêtent à Alexandrie ou à Port Saïd. Les compagnies touristiques vendent des visites rapides aux touristes de certains sites archéologiques comme les pyramides et la citadelle à seulement 20 dollars par personne, alors que le coût réel d'un tel voyage est entre 30 et 35 dollars. Cette méthode de travail pousse le guide à dire aux touristes "voilà la pyramide de Khéops, la pyramide de khéphren, et celle de  Mykérinos…Et allons aux bazars. Ses explications ne vont plus loin qu'un conte pour enfants", se moque-t-il.

41935400Selon Azab, c'est la réalité du métier de guide touristique en Egypte actuellement. "C'est le problème de toutes les entreprises touristiques qui voulaient trouver des solutions à la crise mais d'une manière fausse", ajoute-t-il.

Et Azab d'ajouter que certaines entreprises ont conclu des contrats avec les propriétaires des bazars. Par exemple, si le groupe touristique achète des produits du bazars à 5000 L.E, l'entreprise prend 4000, le bazar 800 et le guide 200 L.E.

"Le prix dans ces bazars est fortement exagérée", affirme-t-il. "Cela nuit à toutes les entreprises de tourisme qui vendent les voyages à des prix plus élevés. Les touristes les prennent pour des voleurs. Ils ne peuvent pas imaginer qu'il y a ceux qui ont vendu avec perte au début, ce qui cause la perte de crédibilité du marché égyptien".

Azab exige l'intervention du ministère du Tourisme et de la Chambre des entreprises de tourisme et du contrôle des prix pour arrêter la baisse des prix qui détruit l'ensemble du secteur du tourisme.

Il exige également l'existence d'un organisme de réglementation au sein de la Chambre. Cet organisme doit avoir le droit de retirer les permis des sociétés qui recourent aux mauvaises méthodes de travail.

Pour sa part, le PDG de "Pilot Tours" Samir Mohamed Ali souligne que l'objectif de toutes les parties du secteur du tourisme est de réaliser la "prospérité", mais la route est encore longue devant l'Egypte pour y aboutir.

41935402Il précise que la phase actuelle est une phase de transition après les graves répercussions de l'attentat de Louxor sur le mouvement touristique en Egypte. "Les tour-opérateurs ont annulé l'Egypte de la carte du tourisme international et ont déconseillé les touristes de la visiter", a-t-il dit. "Tous les indices montraient que l'Egypte ne serait pas la destination d'un seul touriste pour au moins deux ans et les experts internationaux voyait qu'il n'y a qu'attendre que le marché mondial du tourisme oublie ce qui s'est passé à Louxor".

Selon Mohamed Ali, réaliser un taux d'occupation de 50 à 60% un an après l'attentat Louxor est un succès pour l'organisme de promotion du tourisme et les efforts du ministère du Tourisme, outre les efforts déployés par les patrons des entreprises qui ont initié la commercialisation de leurs voyages sur le marché du tourisme après le retrait des tour-opérateurs du marché égyptien. "Les patrons l'ont fait malgré le coût élevé du marketing individuel et le faible revenu", affirme-t-il.

Mohamed Ali dit que le tourisme en Egypte a connu un nouveau phénomène positif : il n'est plus saisonnier. "L'afflux touristique en Egypte couvre maintenant les quatre saisons : les touristes arabes viennent en été, alors que les Européens et les  Américains viennent en hiver et au printemps", souligne-t-il.

Et Mohamed Ali d'ajouter que les tour-opérateurs ont commencé à retourner vers le marché égyptien, ce qui a été bien remarqué au cours de la période récente, avec les groupes qui ont visité l'Egypte à Noël.

En ce qui concerne la qualité des touristes qui sont venus en Egypte au cours de la crise, Mohamed Ali dit que les parties concernées ont peur que le marché soit lié à ce genre de touristes caractérisés par les très faibles dépenses. "Ils sont au pays grâce à des prix très bas qui atteignent parfois environ 10 dollars par nuit, y compris l'hébergement et le transport", explique-t-il. "Le retour des tour-opérateurs au marché égyptien permettra d'éliminer ce phénomène et d'attirer les touristes qui séjournent dans les hôtels et dépensent sur les achats, ce qui conduira à la prospérité de l'économie et aider les autres secteurs liés indirectement au tourisme d'en profiter.

Selon Mohamed Ali, les touristes qui ont visité l'Egypte après l'attentat de Louxor ont trouvé les hôtels vides, alors ils ont exercé des pressions pour baisser le prix dans les hôtels et les restaurants. "Mais avec l'essor du tourisme, le marché égyptien récupérera son touriste habituel qui appartient à la classe moyenne", affirme-t-il.41935404

Le PDG de "Pilot Tours" prévoit que taux d'occupation atteindra de 60 à 65%. "L'Egypte est capable de surmonter la barrière des quatre millions de touristes en 1999", souligne-t-il.

Quant au rôle de la Chambre égyptienne des entreprises du tourisme, Mohamed Ali affirme que la phase actuelle nécessite l'intensification de la coopération avec la Chambre des antiquités et la Fédération égyptienne du Tourisme. "Il faut également former le personnel qui sera responsable du retour des touristes en Egypte. "Cette formation doit être faite en coordination avec les instituts spécialisés...le niveau actuel des diplômés de ces instituts est faible. Il leur faut davantage d'entraînement pour maîtriser le travail dans le secteur du tourisme.

Pour sa part, le propriétaire du village de "Beach Albatros" Kamel Abou Ali juge que les attentats terroristes visaient à torpiller la prospérité atteint au cours de la période de 1992 à 1996.

Pendant les 6 ou 7 mois qui ont suivi l'attentat de Louxor, les activités ont été complètement arrêtées et les entreprises touristiques n'avaient que recourir aux touristes provenant de la Russie pour surmonter la crise. "Le marché russe était le seul disponible car il souffre de la mafia, et donc ne pas avoir la crainte d'attentats terroristes, au contraire, des touristes en provenance des marchés de l'Europe occidentale et du Japon".41935408

Abou Ali estime que le taux d'occupation atteindra au moins 80% dans les hôtels cette année, mais il craint que l'attaque contre l'Irak et la tension dans la région affecte les capacités de marketing du tourisme égyptien et le nombre des touristes dans la région en général.

Concernant ses idées pour sortir de la crise, Abu Ali a dit qu'il s'était rendu dans les pays exportateurs des touristes à ses propres frais pour signer des contrats avec les agences de voyages pour des groupes touristiques. "J'ai fournis des billets d'avion à prix réduit, en plus j'ai loué des charters avec des bons paquets de programmes pour séduire les touristes", souligne-t-il. "Il n'y avait aucun moyen d'échapper à ces solutions individuelles...L'avenir des centaines de familles, outre l'avenir de l'ensemble de mon projet économique, était mis en danger".

Selon Abou Ali, le tourisme intérieur a compensé, dans une large mesure, les pertes résultant de l'attentat de Louxor, mais le tourisme national n'est pas suffisant en raison du fait que les projets de tourisme en Egypte sont basés sur un concept économique bien clair : à savoir attirer les touristes du monde entier.

Dans son analyse du problème de la baisse des prix qui a prévalu sur le marché égyptien au cours de la période de crise, Abou Ali voit que les attentats terroristes ne sont pas la seule raison de la réduction des prix. "La raison principale est le faible niveau des prix dans les pays voisins qui ont un produit touristique concurrent à l'Egypte", ajoute-t-il. "Dans un pays comme la Tunisie, le prix des groupes touristiques est beaucoup moins cher de celui appliqué en Egypte au moment où son produit touristique est de très bonne qualité..Elle jouit de plages propres non polluées, d'un bon climat, d'un haut niveau de services et d'une grande prise de conscience du tourisme entre les citoyens, en plus que la Tunisie a bénéficié de l'attentat de Louxor car ils n'ont pas d'actes terroristes".

Pour justifier le fait qu'un touriste doit payer plus d'argent pour visiter l'Egypte par rapport aux pays voisins, Abou Ali l'explique par le fait que l'Egypte possède une diversité de produits touristiques, c'est à dire que le touriste visite plus de sites pendant son voyage en Egypte que dans un autre pays. Par exemple, le programme organisé pour le groupe qui vient visiter le Caire inclut, au minimum, les pyramides le musée et la Citadelle. "Ce programme peut aussi inclure le Caire Islamique et le Caire Copte", ajoute-t-il. "Le touriste ne vient pas visiter le Caire seulement, alors il faut ajouter Louxor et Assouan ou bien Hurghada et Sharm el-Sheikh et, par conséquent, le coût de ce programme est plus élevé que les programmes des pays voisins".

Selon Abou Ali, les entreprises touristiques ont bien raison de s'opposer à la politique de baisse des prix suivie par certains. "Quand deux ou trois hôtels réduisent leurs prix les autres ne peuvent que faire de même".

Concernant l'objection de l'existence de deux prix, un pour les Egyptiens et l'autre pour les Etrangers, Abou Ali souligne que la différence entre les deux prix est devenue étroite. "Il y a même des moments où le prix fixé pour les Egyptiens sont plus élevés que ceux des étrangers, comme au cours de Aïd al-Fitr et Aïd al-Adha", précise-t-il. "Les Egyptiens se plaignent à ce sujet". Selon lui, la question est l'objet de l'offre et la demande. "Parfois les hôtels augmentent leurs prix pour limiter la demande car ils ont des contrats à respecter avec les  entreprises de tourisme", dit-il.

Abou Ali juge nécessaire d'intensifier la participation aux "bourses de tourisme", qui constituent une occasion en or pour faire la publicité pour le produit touristique du pays. "Sans publicité, le produit reste local et inexportable", affirme-t-il.

Mais la participation égyptienne aux bourses de tourisme est faible. Elle ne dépasse pas les bourses de "ITB" à Berlin, "BIT" à Milan, "WTM" à Londres, Fitur en Espagne, "ASTA" aux Etats-Unis et récemment "CIS" en Russie. Ces participations sont limitées par rapport au nombre des bourses auxquelles participent les autres pays.

Les experts appellent à l'augmentation de la publicité et la promotion du tourisme à travers l'invitation des journalistes et des médias intéressés par ce domaine. Ils exigent également la nécessité de diversifier le produit touristique égyptien comme le safari, le tourisme curatif, le tourisme des conférences et le tourisme sportif et mettre un calendrier pour ces événements chaque année.

Malgré l'étonnement des observateurs vis-à-vis de le nombre croissant des villages et des installations touristiques et le risque qu'elles soient touchées par une récession en raison du faible taux d'occupation actuel, l'Egypte aura besoin de plus d'un million de lits d'hôtel d'ici l'an 2000 afin de répondre à la hausse attendue du nombre de touristes dans le pays, qui doit atteindre 6 à 7 millions de visiteurs.

Article écrit pour l'édition hebdomadaire du journal économique égyptien "al-Alam al-Youm" (Le Monde aujourd'hui) publiée  le 25 janvier 1999

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