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26 avril 1999

Alliance Renault-Nissan : pari fou pour créer le quatrième plus grand constructeur automobile du monde

Bien qu'un mois se soit écoulé depuis l'annonce de l'Alliance entre le constructeur automobile français "Renault" et son homologue japonais "Nissan", l'accord fait beaucoup parler dans les milieux industriels et économiques du monde entier.

Renault_LogoL'Alliance ne s'est pas faite de façon claire. Les circonstances de sa conclusion ont été vagues et les effets positifs ou négatifs d'un tel accord peu calculées. L'opération est qualifiée de "pari fou" par les responsables de Renault eux-mêmes.

Renault a entamé son plan d'alliance avec "Nissan" en avril 1998. Les deux côtés ont passé huit mois de négociations totalement confidentielles, comme s'ils étaient dans une opération militaire. Ils ont même donne un code : "Opération Pacific", afin d'assurer la conclusion d'un accord.

Cette alliance, qualifiée par certains de "mariage légal", représentait pour "Renault", qui veut maintenir son statut international, la dernière occasion pour l'expansion, et pour "Nissan" une urgence pour sortir de la crise financière due aux dettes qui s'élevaient à plus de 200 milliards de francs français.

Le 27 Mars 1999, Louis Schweitzer, PDG de Renault, a déclaré officiellement l'union des deux groupes. La date de cette annonce était une source d'optimisme pour les Japonais qui considèrent le 27 Mars comme "le jour de joie".

Nissan_LogoLe monde d'automobile accorde un vif intérêt à cette alliance qui fera de Nissan et Renault ensemble le quatrième plus important constructeur automobile dans le monde, après les Américains "General Motors" et "Ford" et Japonais "Toyota" et avant les Allemands "Volkswagen" et "DaimlerChrysler". Les deux alliés vont produire ensemble 5 millions de véhicules par an, et occuperont 10% du marché mondial.

Malgré le progrès qui peut être réalisé à partir de cette alliance, y compris la capacité de "Nissan" et "Renault" de couvrir tous les marchés par leur production, plusieurs experts la voient contre nature. Pour eux, cette alliance renferme beaucoup de risques car "Nissan" subit davantage de pertes au moment où  ces dettes ont atteint 200 milliards de francs et elle ne peut pas se tenir sans la volonté des banques qui l'aident et qui sont disposées à la laisser couler.

Ces banques ont imposé à "Nissan" le choix d'entrer en alliance avant le 31 Mars 1999, date où elles ne peuvent plus prendre le risque de la soutenir conformément aux nouvelles normes fixées par les autorités financières japonaises.

Pour cela, Renault a accepté de pomper 33 milliards de francs, en échange de l'obtention de 36,8% des actions de Nissan, ce qui a sauvé la situation financière du constructeur automobile japonais.

Renault_1Mais l'affaire n'est pas si simple. Les investisseurs ne semblent pas convaincus du projet de l'alliance: la semaine qui a précédé l'annonce de l'alliance a témoigné la chute de l'action Renault de près de 20% à la Bourse de Paris après la publication de quelques informations sur le contenu de l'accord. En même temps, la société "Moody's" a estimé que la situation financière du groupe français sera déstabilisée, à supposer même que des développements positifs au niveau mondial joueront en faveur de "Renault". Il est clair donc que la plupart des experts dans le marché ont décidé d'appliquer le principe de "voyons ce qu'il va donner".

Pour sa part, Schweitzer affirme que "Renault" ne payera pas les dettes massives de "Nissan". Il souligne avoir reçu, le 26 Mars, un jour avant l'annonce de l'Alliance, une note  acte de soutien de trois banques affiliées à la compagnie japonaise. Schweitzer précise également avoir chargé une maison d'expertise mondiale afin d'étudier la situation financière de Nissan.

Mais ces affirmations n'ont pas porté de nouveau. Le 30 mars, l'action de Renault a chuté de 5%, ce qui pose la question Pourquoi "Renault" sera capable de réussir avec "Nissan" au moment où des constructeurs automobiles plus "riches" se sont retirés de l'alliance avec les groupe japonais?

Nissan_1La réponse réside dans le fait qu'il y avait un grand écart entre les demandes des géants comme "DaimlerChrysler" ou "Ford" et les exigences de "Nissan". Aussi, les Japonais ont refusé de céder la gestion de la compagnie à des étrangers. Mais, Renault  a pu obtenir trois sièges parmi 25 au conseil d'administration de Nissan. Le groupe français a également pu obtenir le droit de la gestion des travaux de la société japonaise. Aussi, le numéro 2 de Renault, Carlos Ghosn, a été nommé directeur général de la compagnie, en laissant le droit de prise de décision dans les mains du PDG de Nissan Yoshikazu Hanawa.

L'alliance avec "Nissan" est une compensation appropriée pour Renault, qui a beaucoup perdu, au niveau mondial, après le retrait, en 1987, de l'alliance avec le constructeur américain "Chrysler" et la sortie du marché de l'Amérique du Nord et son échec de racheter le tchèque "Skoda", passant par le crash de son partenariat avec le suédois "Volvo".

Les observateurs estiment qu'après ces échecs, "Renault" n’a disposé d'autres choix que "l'extension ou la mort", et que ce pari "fou" est la dernière chance pour la firme française pour survivre entre les géants.

Renault_2Selon Georges Douin, responsable des relations internationales chez Renault et homme de l'alliance, tout a commencé en avril 1998 lorsque Schweitzer a mis l'accent sur le besoin d'accélérer l'expansion dans les marchés extérieurs. "Le but de Renault était d'augmenter le volume de production de deux millions de voitures par an à 4 millions dès que possible pour garantir la continuité du groupe à long terme", ajoute-il.

Douin explique qu'il n'était disponible à ce moment que le marché japonais. "C'était impossible de se rapprocher de Toyota ou Honda, en raison de leur forte situation financière et leur capacité sur le marché". Ainsi, il ne restait que "Mitsubishi" et "Nissan", et il était évident que Renault se rapproche de Nissan qui souffre de sa crise financière.

Dans ce contexte, 11 groupes de travail conjoints ont été formés pour parvenir à un accord qui comprenait des centaines d'articles. Les négociations étaient difficiles et n'ont pas vu une débauche qu'au 9 mars quand "DaimlerChrysler" s'est déclaré pas intéressé par l'idée d'une alliance avec Nissan.

Nissan_3Et Douin d'affirmer que l'alliance avec Nissan va aider Renault à construire et commercialiser son modèle "Kangoo" en Asie, soulignant que Nissan est intéressée par l'idée d'une voiture dont le prix ne dépasse pas les 6 mille dollars (30 mille francs).

En outre, ce partenariat permettra à "Renault" de revenir sur le marché américain à travers "Nissan" qui contrôle toujours 4% du volume de ce marché malgré ses difficultés financières. En dépit de l'échec dans le passé, les assistants de Schweitzer sont convaincus qu'il y a encore de la place pour Renault sur l'autre coté de l'océan Atlantique, notamment pour les modèles "Espace" et "Avantime" à condition de les commercialiser sous la marque "Nissan".

Une alliance inspirée par Mazda-Ford?  L’annonce de l'alliance entre Renault et Nissan ressemble, en grande partie à l’alliance de l’américaine Ford et la japonaise Mazda il y a 17 ans.

Quand elle a acquis 25% du capital de Mazda, Ford ne pensait pas que la forme de la société japonaise prendrait tout ce temps et toutes ces efforts jusqu'à la stabilisation de la demande sur les véhicules portant la marque japonaise en 1996, ce qui a poussé Ford à porter sa participation dans le capital de Mazda à 33,4%.

Ford a nommé un étranger à la tête du conseil d'administration de Mazda, basée à Hiroshima ..Et après cinq successifs de budgets sur le bord de danger, Mazda a finalement pu cette année réaliser des bénéfices.

Les problèmes auxquels Mazda a fait face pendant la première moitié des années 90 sont similaires à ceux qu’affronte Nissan actuellement : mauvaise situation financière et une production qui ne répond pas aux desirs des clients. Mais Mazda a pu s’adapater complètement à son partenaire americain ; et la fin de cette année ou le début de 2000 verra la sortie du premier vehicule construit par Mazda sur un châssis commun avec Ford...Mais est-ce que Renault peut atteindre avec Nissan le même succès remporté par Ford avec Mazda?

Article écrit pour l'édition hebdomadaire du journal économique égyptien "al-Alam al-Youm" (Le Monde aujourd'hui) publiée le 26 avril 1999

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