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3 mai 2002

Les Français en Egypte ne veulent pas revivre un 11 septembre électoral

images2Le dimanche 22 avril, avant minuit, un séisme a frappé l’Hexagone…Un séisme qui n’a pas démoli les maisons ou fait des pertes en vie humaine, mais a ébranlé la vie politique et démocratique en France : Le leader de l’Extrême-droite, Jean-Marie Le Pen est qualifié pour le second tour de la présidentielle… Une sorte de 11 septembre électoral.

Les Français vivent un cauchemar qui doit les travailler jusqu’au dimanche 5 mai…Jour de prise de décision…Bloqueront-ils la voie devant l’Extrême-droite ou bien poursuivront-ils leur indifférence électorale ?

Pour cela, il faut analyser l’événement, le comment et le pourquoi. D’autant plus que le séisme aurait des effets profonds non seulement sur la France mais aussi sur l’Europe et le monde.

images5D’abord, il faut écarter l’idée que l’attitude des candidats envers la question du Proche-Orient avait un quelconque effet sur le vote de l’électeur français pour deux raisons : Premièrement, l’électeur dans la démocratie occidentale s’intéresse plus aux problèmes intérieurs, tels chômage, impôts et sécurité. Deuxièmement, une possibilité qu’il y ait des exceptions à la règle et que des français juifs et d’origine arabe votent Le Pen.

Mais cela ne signifie pas que les problèmes internationaux n’ont pas d’effet…Cependant, leur impact est simplement secondaire. C’est donc un atout supplémentaire qui décidera de deux candidats s’ils se trouvent sur pieds d’égalité sur le plan intérieur.

Autre point important, c’est la mode de vote qui domine les élections dans les divers pays ou ce qu’on peut appeler "les vagues politiques" : En 1994, le monde a témoigné de la chute des grands symboles politiques qui avaient règné depuis la fin de la 2eme guerre mondiale, tels en Inde, au Japon et en Italie. En 1997, la Gauche a envahi la vie politique en Europe surtout en Grande Bretagne et en France.

Mais depuis l’an 2000, l’Extrême-droite a gagné du terrain en Autriche, au Danemark, aux Pays-Bas, en Italie et maintenant en France…Serait-ce une nouvelle mode politique ?

imagesBarbara Treutenaere, Française qui étudie la langue arabe au Caire, ne pense pas qu’on puisse généraliser, surtout que le délai est court et que les trois périodes sont différentes. Pour elle, la montée de l’Extrême-droite est due à une peur de l’"autre", ce que Victor Dixmier, responsable de la filière francophone de journalisme a l’Université du Caire, affirme : "cette montée de l’Extrême-droite prouve que certains Européens rejettent le modèle proposé par l’Union Européenne (UE) de passer du nationalisme au régionalisme européen".

L’irruption de l’Extrême-droite peut également être expliquée par l’absence d’idéologies fortes…En France, on passe facilement et rapidement de Gauche à Droite, et vice-versa…Il n’y a donc pas de logiques profondes.

Sonia Hasni, Stagiaire au Centre Français de la Culture et de la coopération, juge que la montée de l’Extrême-droite représente un retour au nationalisme, alors que Gaëlle Rivière, étudiante en Sciences politiques en France, voit qu’elle constitue le début d’un cycle politique.

La question qui s’impose maintenant est : Pourquoi les Français sont choques au moment où le quotidien "le monde" a révélé, deux jours avant le 1er tour des élections, la possibilité, selon les sondages, d’un duel Chirac-Le Pen et non pas Chirac-Jospin ?

Gael Quedet, un Français qui étudie l’arabe au Caire, se déclare surpris de la montée de l’Extrême-droite, malgré l’alerte des sondages, puisque personne ne croyait à la réussite de Le Pen.

Pour sa part, Barbara Treutenaere, souligne que l’émergence de l’Extrême-droite est due à la crise du courant modéré en France. "Il y a une déception du côté des électeurs vis-à-vis des problèmes qui n’étaient pas résolus, alors ils se sont reportés sur des extrêmes". Mais Sonia Hasni dit que le problème est que les Français avaient pensé qu’en 1998 le Front National (FN) était mort après le départ de plusieurs grands "Ténors" du parti.

Victor Dixmier précise que les sondages avaient jeté la lumière sur la possibilité de la victoire de Le Pen au 1er tour…Il a eu 14% des votes aux sondages…De même voter Le Pen reste honteux et beaucoup n’avouent pas voter pour lui.images4

Mais pourquoi Le Pen a pu passer au 2eme tour bien que son programme n’ait pas changé  depuis 20 ans ? Cela est du à plusieurs raisons : Premièrement, les autres candidats ont parlé des problèmes de sécurité et du chômage, questions préférées pour Le Pen. Ils ont donc joué sur son terrain, c’est la "lepénisation de l’esprit". Ce qui a poussé les électeurs à élire l’original et renoncer a la copie.

Aussi, Le Pen a organisé une excellente compagne médiatique où il a bien joué le martyr en disant que les partis au pouvoir essayaient de l’écarter. Il a fait un parcours "sans faute" pendant la compagne électorale. La victoire de Le Pen est due également à la déception des électeurs a l’égard des hommes politiques modérés.

images3De même, il faut remarquer que l’abstentionnisme a joué un important rôle dans la victoire Le Pen. L’absence de quelque 30% des Français a pousse en hausse le pourcentage des votes pour l’Extrême-droite.

Mais, est-ce possible que Le Pen accède au pouvoir ? Tous les indices disent que non…Les Français se sont réunis dans la rue dès l’annonce des résultats du 1er tour pour manifester le refus de l’accession de Le Pen au pouvoir, ce qui signifie que les abstentionnistes au 1er tour participeront au 2me après avoir ressenti leur erreur.

En même temps, la Gauche a annoncé devoir voter Chirac. Alors, le 2me tour verra la majorité des Français voter « leur hostilité » pour Le Pen plutôt que leur "estime" pour Chirac.

Mais, si Le Pen arrive à l’Elysée, que sera l’avenir de la France ? Barbara Treutenaere, originaire de l’ile de la Réunion, et Sonia Hasni, d'origine
tunisienne, disent que, selon le programme de Le Pen, elles ne seront plus françaises. Alors que Victor Dixmier et Gael Quedet indiquent que plusieurs Français refuseront de vivre sous un régime extrémiste  dans le pays créateur des droits de l’Homme. Gaëlle Rivière est allée plus loin en disant qu’ "avec Le Pen président, les Français doivent bruler leurs passeports".

"Le Pen au pouvoir" mènera certainement à un mouvement ravageur qui peut aller à la révolution ou même à la guerre civile…seul le 2me tour du dimanche 5 mai en décidera.

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15 février 2000

A la conquête du désert

Exemples de la politique de conquête des terres sur le désert en Egypte, les projets de Touchka et de l'Est d'al-Owaynat en Haute Egypte apparaissent comme une réponse, mais les avis sont partages sur les moyens de les réaliser.

imagesCA73PID4Au sud du Lac Nasser, et trente années après le barrage d'Assouan, Touchka est présenté comme la "soupape de sécurité" de l'Egypte par les autorités. Le projet de Touchka permettrait de quadrupler la surface habitable du pays de 5% actuellement a 25% de la superficie de l'Egypte. Mais s'il constitue un véritable plan de développement économique pour retenir la population de Haute Egypte dans l'étroite vallée et désengorger le Delta du Nil surpeuplé, ce projet est contesté en raison des énormes quantités d'eau qu'il réclame et qui risquent d'amoindrir les réserves au nord du pays.

"Touchka n'est pas une solution prise a l'encontre de l'expansion de la vallée du Nil", assure le ministre de l'Irrigation et des Ressources en eaux, Mohmoud Abou Zeid : "Les possibilités d'exploitation des terres autour de la vallée sont prises en considération. Ainsi, un plan est actuellement en exécution pour ajouter deux millions de feddans autour de la vallée et en dehors de Touchka. Cependant, l'expansion hors de la vallée du Nil est indispensable".

Selon les estimations de la chambre américaine du commerce au Caire, le total des investissements du projet au cours des vingt prochaines années s'élèvera à 90 milliards de dollars, dont le quart doit être financé par l'Egypte et le reste par le secteur prive. Si le président Hosni Moubarak a choisi d'engager, d'ici à 2002, trois milliards de dollars de fonds public, pratiquement sans soutien international, pour bâtir le canal et la station de pompage, c'est qu'il compte bien voir le secteur privé prendre ensuite le relais.

mapEn ce qui concerne le projet de l'est d'al-Owaynat, à 240 km à l'ouest de Touchka, il vise à cultiver 200 000 feddans (84 000 hectares) repartis dans de grandes exploitations de 14000 à 24000 feddans chacune. Depuis 1998, certains terrains ont trouve des acquéreurs, comme l'homme d'affaires égyptien Mohamad Aboul Einein, qui a initie le premier élevage d'autruches du pays. L'irrigation y est entièrement dépendante de 62 puits. L'Etat a déjà investi 103 millions de L.E. dans le projet, consacrées aux infrastructures.

Rationalisation de l'eau : Dans tous les cas, les besoins en eau sont un des problèmes clefs. Pour que l'Egypte puisse vaincre le manque d'eau issu des systèmes traditionnels d'irrigation, le ministère de l'Irrigation a présenté l'année dernière au gouvernement un plan à long terme. Ce plan est axé sur trois points fondamentaux concernant le rationnement et l'usage de l'eau disponible : l'amélioration du système d'irrigation, le changement de la structure agricole et le recyclage des eaux usées. Tout cela serait susceptible d'apporter vers l'an 2017 une quantité d'eau supplémentaire de huit milliards de m3. En outre, le plan vise à accroitre le pompage des eaux souterraines de quatre milliards de m3 actuellement a sept milliards de m3. "Dans les contrats d'exploitation des terrains de Touchka, il y a une clause qui stipule que le propriétaire prendra en charge les couts d'alimentation en eau, fixés à 350 L.E. le feddan", indique m. Abou Zeid. "D'autre part, nous les encourageons à faire un usage rationnel de l'eau, en leur accordant une baisse de prix si la consommation est réduite".

Engrais chimiques ou naturels : Quant à la question du genre des engrais qui seront utilisés pour cultiver les nouvelles terres, Gilles Fèdières, chercheur a l'Institut français de Recherche scientifique pour le Développement en coopération (IRD, ex-ORSTOM) indique que "les engrais chimiques ne sont pas dangereux pour la santé de l'homme s'ils sont utilisés d'une manière bien étudiée. Le danger réside dans les insecticides chimiques. C'est pour cela qu'il faut recourir aux insecticides naturels, comme les virus et les bactéries qui ne s'attaquent qu'aux espèces parasites".

Pourtant, certains citoyens affirment que l'eau possède parfois une odeur et un gout qui évoquent le fameux DDT. Le président des services de l'eau Hussein al- Chahaoui précise qu'un échantillon de l'eau du Grand Caire est examine chaque heure à travers 13 stations de contrôle et que les résultats sont toujours négatifs. Il ajoute que ce phénomène se répète chaque année à l'occasion de la réduction du débit du Nil, qui favorise la dissolution de certaines plantes et leur réaction avec le chlore.

Hormis ce cas sujet à polémique, un chercheur de l'IRD, qui a requis l'anonymat, précise que pour ne pas affecter l'environnement il faut s'assurer que n'importe quel élément ajouté va subir une opération de biodégradation, afin qu'il ne contamine pas d'autres milieux. Et d'indiquer que les produits chimiques utilisés pour la fertilisation des terres détruisent l'environnement, ce qui nécessite le recours aux engrais organiques comme les déchets d'animaux. En ce qui concerne le transfert des limons du Nil, accumulés dans le Lac Nasser, pour enrichir le lit du fleuve et pour bonifier les terres de sa vallée, les responsables de l'IRD assurent que "théoriquement il est possible, mais que le problème réside dans le financement d'un tel projet".

Enjeux écologiques de la fertilisation des terres : Si l'agriculture représente la base de l'économie de l'Egypte, ce secteur économique est malheureusement conditionné par certains aspects négatifs de l'expansion agricole. D'une part, la migration considérable de la population vers les zones agricoles, ce qui réduit d'une manière continue la surface cultivée déjà limitée à six millions de feddans. D'autre part, la situation géographique de l'Egypte qui se situe par définition dans la zone aride avec un système d'irrigation artificielle de capacité limitée dans la zone étroite de la vallée du Nil et de son delta.

Les ambitieux projets actuels, s'ils sont indispensables au développement du pays, n'en sont pas moins difficiles et couteux à réaliser, alors même qu'ils feront peser le coup sur de nouvelles menaces sur l'environnement.

Article écrit pour Le Calame, journal de la filière francophone de journalisme supervisée par le CFPJ, l'IFP et la Faculté de communications de l'Université du Caire

15 février 2000

Elections Législatives : Des juges aux bureaux de vote

 

 

Pour la première fois depuis sept ans, une proposition de loi soumise par l’Opposition est approuvée par une commission parlementaire

Une commission de l’Assemblée du Peuple a approuve début février une proposition de loi soumise par l’Opposition selon laquelle les juges seront chargés de superviser le déroulement du scrutin dans les bureaux de vote lors des élections législatives, pour combattre la fraude électorale. Le ministère de la Justice remplacerait celui de l’Intérieur pour le contrôle des élections prévues en novembre prochain.imagesCAM6Q1VJ

Le leader du parti de gauche "al-Tagamu" (le Rassemblement) Khaled Mohei Eddine, s'est félicite de l'approbation de cette proposition de loi, issue de son parti. "Non à la police, bienvenue aux juges", a-t-il déclare devant l'Assemblée du Peuple. Cette proposition de loi pourrait, à long terme, avoir des répercussions sur le système politique national. Jusqu'alors les juges n'intervenaient pour dépouiller les votes qu'au niveau de la circonscription. Reste bien sur, à savoir si l'Egypte compte en théorie assez de juges pour surveiller tous les bureaux.

Selon Mohei Eddine, cette proposition de loi aidera à faire face à la fraude électorale sous toutes ses formes : le vote à deux reprises par la même personne grâce à des cartes d'identité falsifiées, l'inscription des morts sur les listes électorales...L'Opposition a en effet souvent accusé la police de participer à la manipulation des élections pour s'assurer de la victoire des candidats favoris, appartenant la plupart du temps au Parti National Démocratique (PND).

Supervision internationale : Pour Amal Osman, députée sur la liste du PND "la proposition de loi est une réponse aux déclarations du gouvernement sur le besoin de renforcer la participation politique et d'encourager le peuple à voter".

Pour sa part, le secrétaire général adjoint de parti d'Opposition "al-Wafd", de la droite, Ibrahim al-Dessouqi indique que son parti prône une surveillance internationale pour les prochaines élections législatives, "al-Wafd demande également un gouvernement impartial pour superviser les élections", ajoute-t-il.

Concernant la position de son parti quant à l'intérêt même des prochaines élections, al-Dessouqi précise dans "al-Balad" que "la participation aux élections sans garanties servira les objectifs du gouvernement et contribuera à lui accorder une fausse légitimité ; mais si on les boycotte, on risque de perdre le contact avec l'homme de la rue".

De son côté, le chef du parti d'Opposition "al-Aamal" (Travail, gauche) Ibrahim Choukri affirme qu'il faut introduire des modifications constitutionnelles pour que les élections remplissent vraiment leur rôle. "Les partis de l'Opposition auront une bonne opportunité au cours des prochaines élections, assure-t-il. L'Opposition doit avoir plus de sièges au sein du parlement afin qu'on ait la chance de représenter les divers courant".

Le secrétaire général du syndicat des journalistes et proche de l'Opposition, Ragaey al-Mirghany, indique que généralement les ONG égyptiennes se mettent d'accord sur les défaillances des élections. "Il faut mener à bien une reforme de fond du système de supervision des élections, soit en chargeant des commissions populaires ou des juges de superviser les élections, soit en éloignant les forces de l'ordre des bureaux de vote".

Quant à la surveillance internationale des élections, al-Mirghany assure qu'elle ne porterait pas atteinte à l'image de l'Egypte. "Au contraire, elle aiderait le pays à renforcer la crédibilité de son système électoral, mais est-ce que le PND acceptera cette idée?" s'interroge-t-il. Et s'agit-il d'une bonne solution?

Article écrit pour Le Calame, journal de la filière francophone de journalisme supervisée par le CFPJ, l'IFP et la Faculté de communications de l'Université du Caire

 

 

12 août 1999

Touchka..."Le Second Nil" qui permettra aux Egyptiens de sortir de l'étroite vallée

"Le projet de Touchka est la soupape de sécurité pour l'Egypte". C'est ainsi que la revue française "Jeune Afrique" a qualifié le projet qui constitue, selon elle, un véritable plan pour le développement économique et permettra aux Egyptiens de sortir de l'étroite vallée du Nil. Un projet qui abritera sept millions d'habitants qui peupleront les rives du "Second Nil" de l'Egypte.

imagesSelon la revue, un expert français a indiqué qu'il savait que le projet se ferait à condition d'une réelle volonté politique. "Le président Hosni Moubarak en personne tient à ce projet", a-t-il précisé.

"Jeune Afrique" prévoit que les investissements au projet de Touchka vont permettre d'importants revenus à l'Egypte et aux investisseurs.

Le gouvernement va mettre en place des facilités afin d'attirer les investisseurs. Ils pourront par exemple bénéficier d'une exonération fiscale de 20 ans et d'un prix faible pour acquérir des terrains.

Les milieux financiers et les investisseurs internationaux accordent, de plus en plus, un vif intérêt à ce projet. Les Emirats Arabes Unis réfléchissent à acheter des terrains dans la région de Touchka. La
"Kingdom Agricultural Development Compagny" (Kadco), du prince saoudien Walid Ibn Talal, a jeté son dévolu sur 180 mille hectares de terre, dont 42 mille seront destinés à l'agriculture, le reste à des projets de transformation industriels, alors qu'un groupe de 20 ingénieurs et employés mènent une série de tests à Touchka pour le compte de la compagnie en prévision de mettre à exécution son projet.

Aussi, un groupe d'investisseurs Koweitiens a acheté 100 mille hectares, dont il compte cultiver 40%, au moment ou plusieurs hommes d'affaires égyptiens, comme Ahmed Bahgat, Waguih Abaza et Abdel Menem Saoudi, s'intéressent au projet qui mènera à quadrupler la surface habitable du pays de 5% actuellement à 25% de la superficie de l'Egypte.

Conformément aux estimations de la Chambre Américaine de Commerce au Caire, le total des investissements du projet, au cours des 20 prochaines années, s'élèvera à 90 milliards de dollars. Le quart doit être financé par l'Egypte (une somme qui équivaut à un an de Produit National Brut), le reste par le privé.

Dans ce contexte, Henry Jungblut, directeur régional de la société française d'ingénierie "Sogelerg-Sogreah", qui apporte une assistance technique au Ministère égyptien des travaux publiques et des ressources en eaux, dit qu'"en 1997, personne ne croyait à ce projet, ni les experts internationaux, ni les banques, ni la communauté internationale". Mais que lui, personnellement, il avait confiance en la réalisation du rêve égyptien. "Deux ans et demi plus tard, les travaux avancent en effet à un rythme impressionnant", ajoute-il.images2

Et "Jeune Afrique" de dire qu'environ 40 km des 50km du canal principal, baptisé "cheikh Zayed" en hommage à la contribution financière du chef de l'Etat émirati, sont déjà creusés. En même temps, les premiers appels d'offres sont en cours d'examen pour la construction des quatre branches secondaires qui s'étaleront sur 168 km à l'intérieur de la dépression de quelque 80 mille km2.

Dans une étude réalisée pour le compte de Kadco, le cabinet américain d'ingénierie "Arthur Anderson" affirme que "Touchka est une région extraordinairement fertile car c'est un ancien bras asséché du Nil, il n'y a aucune pollution. L'eau viendra directement du Lac Nasser, pure et chargée de ce limon qui ne franchit pas le barrage d'Assouan".

L'objectif du projet de Touchka est de cultiver des produits de qualité, à forte valeur ajoutée. La majeure partie sera exportée vers l'Europe ou vers le Golfe Arabe.

Mais, est-ce que le pari de l'Egypte au projet de Touchka sera concentré sur le secteur agricole ? "Jeune Afrique" affirme que si le Président Moubarak a choisi d'engager, d'ici 2002, 3 milliards de dollars de fonds publics, pratiquement sans soutien international, pour bâtir le canal et la station de pompage, c'est qu'il compte bien voir le secteur privé prendre ensuite le relais.

Dans ce contexte, Mostapha Kadi, patron du Haut Comité Consultatif sur le projet, dit que les lourds investissements, engagés dans la première phase du projet, concernent essentiellement la production agricole. "Mais, à terme, en 2017, on estime que ce secteur ne représentera que 8% des 90 milliards de dollars investis", précise-t-il.

images3Le projet de Touchka, ce sont aussi des usines de traitement et de transformation des fruits et des légumes, des industries de bas, du tourisme et donc des moyens de transport et l'infrastructure afin de faciliter l'établissement d'une région urbaine développée.

Au contraire du projet de Noubarriya, établi au cours des années 80 à l'Ouest d'Alexandrie et qui n'a pas pu attirer les habitants en raison de l'absence des services, le gouvernement égyptien a appris la leçon des erreurs du passé et œuvre pour fonder une communauté intégrale à Touchka. Reste à savoir si ce beau rêve va se réaliser... 

25 janvier 1999

Quelles retombées touristiques après l'attentat de Louxor?

En 1996 et 1997, le nombre des touristes venant en Egypte variait entre 3 et 3,5 millions par an. Un chiffre qui ne satisfaisait ni le ministère du Tourisme ni les travailleurs dans ce secteur, qui avaient un espoir de voir ce chiffre atteigne les 5 millions de touristes en 1998.

Toutefois, l'attentat terroriste qui a eu lieu Place Tahrir au Caire, puis celui de Louxor ont brisé tout espoir et fortement frappé le secteur du tourisme : Le taux d'occupation des chambres d'hôtel a reculé jusqu'à 0%.. Cela a entraîné la fermeture de nombre d'entreprises touristiques pour des périodes variant entre 6 et 8 mois et le licenciement de leur personnel.41935392

La mission des experts de commercialisation était de revivifier ce secteur qui est en très grosse fragilité, mais la tâche n'est pas du tout facile en raison de la propagande anti-Egypte dont ont bénéficié des pays touristiques voisins concurrents.

Un an après les attentats terroristes et après beaucoup d'efforts, comme l'organisation le festival du tourisme et d'achats l'été dernier, et l'intensification de la participation égyptienne aux salons internationaux du tourisme, la vie a commencé à reprendre dans ce secteur avec des taux "modestes" mais qui donnent l'espoir de voir la situation améliorée à court terme, notamment si l'Etat reste vigilant afin de parvenir à une plus grande stabilité et sécurité.

Une source officielle de l'organisme de promotion du tourisme a qualifié de "prospère" cette amélioration réalisée au cours des derniers mois par rapport à la situation juste après l'attentat de Louxor en novembre 1997. Mais Fakhri Azab, expert en tourisme et PDG de la compagnie "Hayatt Tours of America", n'avait qu'un sourire en entendant ce mot. Il souligne qu'il reflète un "optimisme surréaliste".

Azab dit que cette "prospérité" n'a pas encore été atteinte. "Sans aucun doute, le taux d'occupation dans les hôtels et les villages touristiques a été amélioré dans les derniers mois par rapport à la situation dans les mois suivant l'attentat de Louxor, au cours desquels le taux d'occupation était zéro ou presque", a-t-il précisé. "Mais, il est impossible que le taux d'occupation des hôtels a atteint un chiffre proche de 100%. "Si certains villages touristiques ou hôtels ont vu l'occupation atteindre un tel taux, cela serait du à la réduction des prix. Donc cette situation ne peut pas être considérée comme prospère.

Selon Azab, le taux d'occupation actuel est estimé 28%. Il pense que les fêtes de Noël, du Nouvel an, du Ramadan et d’Aïd al-Fitr vont pousser ce taux jusqu'à 60%.

Azab dénonce les décisions individuelles ou même collectives de réduire les prix des groupes touristiques. Selon lui, ces décisions ont apporté un nouveau type de touristes caractérisé par le revenu limité et la faible dépense. "Le voyage de ce type de touristes est bien calculé en fonction de leur budget vulnérable, ils ne mangent pas aux restaurants, n'utilisent pas les taxis et n'achètent pas de souvenirs", souligne-t-il.41935395

Azab ajoute que l'Egypte n'a rien gagné de cette strategie. Ces prix bas ne couvrent pas le coût réel du voyage. "Pour couvrir ce coût, certaines entreprises touristiques et hôtels recourent à des comportements qui portent atteinte à la réputation touristique de l'Egypte. Ces comportements s'assimilent à du vol. Les entreprises tentent d'imposer des frais supplémentaires comme les frais d'entrée sur les sites touristiques ou de transport sur le touriste, alors que selon les contrats, le prix du voyage inclut l'avion, les transports, le logement et les visites", explique-t-il.

Selon Azab, certains tour-opérateurs font venir des groupes touristiques à perte et réalisent des gains à travers les "boutiques", alors que d'autres sociétés ne payent pas des salaires aux guides touristiques et laissent ces derniers toucher un pourcentage de la part des propriétaires des magasins sur les achats effectués par le groupe touristique qu'ils accompagnent.

Il cite l'exemple des croisières qui s'arrêtent à Alexandrie ou à Port Saïd. Les compagnies touristiques vendent des visites rapides aux touristes de certains sites archéologiques comme les pyramides et la citadelle à seulement 20 dollars par personne, alors que le coût réel d'un tel voyage est entre 30 et 35 dollars. Cette méthode de travail pousse le guide à dire aux touristes "voilà la pyramide de Khéops, la pyramide de khéphren, et celle de  Mykérinos…Et allons aux bazars. Ses explications ne vont plus loin qu'un conte pour enfants", se moque-t-il.

41935400Selon Azab, c'est la réalité du métier de guide touristique en Egypte actuellement. "C'est le problème de toutes les entreprises touristiques qui voulaient trouver des solutions à la crise mais d'une manière fausse", ajoute-t-il.

Et Azab d'ajouter que certaines entreprises ont conclu des contrats avec les propriétaires des bazars. Par exemple, si le groupe touristique achète des produits du bazars à 5000 L.E, l'entreprise prend 4000, le bazar 800 et le guide 200 L.E.

"Le prix dans ces bazars est fortement exagérée", affirme-t-il. "Cela nuit à toutes les entreprises de tourisme qui vendent les voyages à des prix plus élevés. Les touristes les prennent pour des voleurs. Ils ne peuvent pas imaginer qu'il y a ceux qui ont vendu avec perte au début, ce qui cause la perte de crédibilité du marché égyptien".

Azab exige l'intervention du ministère du Tourisme et de la Chambre des entreprises de tourisme et du contrôle des prix pour arrêter la baisse des prix qui détruit l'ensemble du secteur du tourisme.

Il exige également l'existence d'un organisme de réglementation au sein de la Chambre. Cet organisme doit avoir le droit de retirer les permis des sociétés qui recourent aux mauvaises méthodes de travail.

Pour sa part, le PDG de "Pilot Tours" Samir Mohamed Ali souligne que l'objectif de toutes les parties du secteur du tourisme est de réaliser la "prospérité", mais la route est encore longue devant l'Egypte pour y aboutir.

41935402Il précise que la phase actuelle est une phase de transition après les graves répercussions de l'attentat de Louxor sur le mouvement touristique en Egypte. "Les tour-opérateurs ont annulé l'Egypte de la carte du tourisme international et ont déconseillé les touristes de la visiter", a-t-il dit. "Tous les indices montraient que l'Egypte ne serait pas la destination d'un seul touriste pour au moins deux ans et les experts internationaux voyait qu'il n'y a qu'attendre que le marché mondial du tourisme oublie ce qui s'est passé à Louxor".

Selon Mohamed Ali, réaliser un taux d'occupation de 50 à 60% un an après l'attentat Louxor est un succès pour l'organisme de promotion du tourisme et les efforts du ministère du Tourisme, outre les efforts déployés par les patrons des entreprises qui ont initié la commercialisation de leurs voyages sur le marché du tourisme après le retrait des tour-opérateurs du marché égyptien. "Les patrons l'ont fait malgré le coût élevé du marketing individuel et le faible revenu", affirme-t-il.

Mohamed Ali dit que le tourisme en Egypte a connu un nouveau phénomène positif : il n'est plus saisonnier. "L'afflux touristique en Egypte couvre maintenant les quatre saisons : les touristes arabes viennent en été, alors que les Européens et les  Américains viennent en hiver et au printemps", souligne-t-il.

Et Mohamed Ali d'ajouter que les tour-opérateurs ont commencé à retourner vers le marché égyptien, ce qui a été bien remarqué au cours de la période récente, avec les groupes qui ont visité l'Egypte à Noël.

En ce qui concerne la qualité des touristes qui sont venus en Egypte au cours de la crise, Mohamed Ali dit que les parties concernées ont peur que le marché soit lié à ce genre de touristes caractérisés par les très faibles dépenses. "Ils sont au pays grâce à des prix très bas qui atteignent parfois environ 10 dollars par nuit, y compris l'hébergement et le transport", explique-t-il. "Le retour des tour-opérateurs au marché égyptien permettra d'éliminer ce phénomène et d'attirer les touristes qui séjournent dans les hôtels et dépensent sur les achats, ce qui conduira à la prospérité de l'économie et aider les autres secteurs liés indirectement au tourisme d'en profiter.

Selon Mohamed Ali, les touristes qui ont visité l'Egypte après l'attentat de Louxor ont trouvé les hôtels vides, alors ils ont exercé des pressions pour baisser le prix dans les hôtels et les restaurants. "Mais avec l'essor du tourisme, le marché égyptien récupérera son touriste habituel qui appartient à la classe moyenne", affirme-t-il.41935404

Le PDG de "Pilot Tours" prévoit que taux d'occupation atteindra de 60 à 65%. "L'Egypte est capable de surmonter la barrière des quatre millions de touristes en 1999", souligne-t-il.

Quant au rôle de la Chambre égyptienne des entreprises du tourisme, Mohamed Ali affirme que la phase actuelle nécessite l'intensification de la coopération avec la Chambre des antiquités et la Fédération égyptienne du Tourisme. "Il faut également former le personnel qui sera responsable du retour des touristes en Egypte. "Cette formation doit être faite en coordination avec les instituts spécialisés...le niveau actuel des diplômés de ces instituts est faible. Il leur faut davantage d'entraînement pour maîtriser le travail dans le secteur du tourisme.

Pour sa part, le propriétaire du village de "Beach Albatros" Kamel Abou Ali juge que les attentats terroristes visaient à torpiller la prospérité atteint au cours de la période de 1992 à 1996.

Pendant les 6 ou 7 mois qui ont suivi l'attentat de Louxor, les activités ont été complètement arrêtées et les entreprises touristiques n'avaient que recourir aux touristes provenant de la Russie pour surmonter la crise. "Le marché russe était le seul disponible car il souffre de la mafia, et donc ne pas avoir la crainte d'attentats terroristes, au contraire, des touristes en provenance des marchés de l'Europe occidentale et du Japon".41935408

Abou Ali estime que le taux d'occupation atteindra au moins 80% dans les hôtels cette année, mais il craint que l'attaque contre l'Irak et la tension dans la région affecte les capacités de marketing du tourisme égyptien et le nombre des touristes dans la région en général.

Concernant ses idées pour sortir de la crise, Abu Ali a dit qu'il s'était rendu dans les pays exportateurs des touristes à ses propres frais pour signer des contrats avec les agences de voyages pour des groupes touristiques. "J'ai fournis des billets d'avion à prix réduit, en plus j'ai loué des charters avec des bons paquets de programmes pour séduire les touristes", souligne-t-il. "Il n'y avait aucun moyen d'échapper à ces solutions individuelles...L'avenir des centaines de familles, outre l'avenir de l'ensemble de mon projet économique, était mis en danger".

Selon Abou Ali, le tourisme intérieur a compensé, dans une large mesure, les pertes résultant de l'attentat de Louxor, mais le tourisme national n'est pas suffisant en raison du fait que les projets de tourisme en Egypte sont basés sur un concept économique bien clair : à savoir attirer les touristes du monde entier.

Dans son analyse du problème de la baisse des prix qui a prévalu sur le marché égyptien au cours de la période de crise, Abou Ali voit que les attentats terroristes ne sont pas la seule raison de la réduction des prix. "La raison principale est le faible niveau des prix dans les pays voisins qui ont un produit touristique concurrent à l'Egypte", ajoute-t-il. "Dans un pays comme la Tunisie, le prix des groupes touristiques est beaucoup moins cher de celui appliqué en Egypte au moment où son produit touristique est de très bonne qualité..Elle jouit de plages propres non polluées, d'un bon climat, d'un haut niveau de services et d'une grande prise de conscience du tourisme entre les citoyens, en plus que la Tunisie a bénéficié de l'attentat de Louxor car ils n'ont pas d'actes terroristes".

Pour justifier le fait qu'un touriste doit payer plus d'argent pour visiter l'Egypte par rapport aux pays voisins, Abou Ali l'explique par le fait que l'Egypte possède une diversité de produits touristiques, c'est à dire que le touriste visite plus de sites pendant son voyage en Egypte que dans un autre pays. Par exemple, le programme organisé pour le groupe qui vient visiter le Caire inclut, au minimum, les pyramides le musée et la Citadelle. "Ce programme peut aussi inclure le Caire Islamique et le Caire Copte", ajoute-t-il. "Le touriste ne vient pas visiter le Caire seulement, alors il faut ajouter Louxor et Assouan ou bien Hurghada et Sharm el-Sheikh et, par conséquent, le coût de ce programme est plus élevé que les programmes des pays voisins".

Selon Abou Ali, les entreprises touristiques ont bien raison de s'opposer à la politique de baisse des prix suivie par certains. "Quand deux ou trois hôtels réduisent leurs prix les autres ne peuvent que faire de même".

Concernant l'objection de l'existence de deux prix, un pour les Egyptiens et l'autre pour les Etrangers, Abou Ali souligne que la différence entre les deux prix est devenue étroite. "Il y a même des moments où le prix fixé pour les Egyptiens sont plus élevés que ceux des étrangers, comme au cours de Aïd al-Fitr et Aïd al-Adha", précise-t-il. "Les Egyptiens se plaignent à ce sujet". Selon lui, la question est l'objet de l'offre et la demande. "Parfois les hôtels augmentent leurs prix pour limiter la demande car ils ont des contrats à respecter avec les  entreprises de tourisme", dit-il.

Abou Ali juge nécessaire d'intensifier la participation aux "bourses de tourisme", qui constituent une occasion en or pour faire la publicité pour le produit touristique du pays. "Sans publicité, le produit reste local et inexportable", affirme-t-il.

Mais la participation égyptienne aux bourses de tourisme est faible. Elle ne dépasse pas les bourses de "ITB" à Berlin, "BIT" à Milan, "WTM" à Londres, Fitur en Espagne, "ASTA" aux Etats-Unis et récemment "CIS" en Russie. Ces participations sont limitées par rapport au nombre des bourses auxquelles participent les autres pays.

Les experts appellent à l'augmentation de la publicité et la promotion du tourisme à travers l'invitation des journalistes et des médias intéressés par ce domaine. Ils exigent également la nécessité de diversifier le produit touristique égyptien comme le safari, le tourisme curatif, le tourisme des conférences et le tourisme sportif et mettre un calendrier pour ces événements chaque année.

Malgré l'étonnement des observateurs vis-à-vis de le nombre croissant des villages et des installations touristiques et le risque qu'elles soient touchées par une récession en raison du faible taux d'occupation actuel, l'Egypte aura besoin de plus d'un million de lits d'hôtel d'ici l'an 2000 afin de répondre à la hausse attendue du nombre de touristes dans le pays, qui doit atteindre 6 à 7 millions de visiteurs.

Article écrit pour l'édition hebdomadaire du journal économique égyptien "al-Alam al-Youm" (Le Monde aujourd'hui) publiée  le 25 janvier 1999

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