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19 décembre 2010

Eto'o, Drogba et Gyan, qui sera le roi de la CAF AWARDS 2010

RFI Sports :

Eto_oDrogba
 


RFI Sports

Gyan

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3 décembre 2010

Les coptes sont-ils opprimés?

Alors que l'islamisation gagne du terrain en Egypte, les coptes – les chrétiens d'Egypte-,  sont de plus en plus nombreux à quitter le pays. Ils se disent victimes, en Egypte, d'une discrimination de plus en plus forte de la part des musulmans. Certains vont jusqu'à dire qu'ils sont « oppressés »...

"Les armes emmagasinées par les coptes dans leurs églises ne peuvent avoir d'autre objectif que d'être utilisées à l'avenir contre les musulmans (...). L'Eglise se prépare à une guerre contre les musulmans. (…) Il existe un effort continu, organisé et systématique pour se préparer au jour où sera réclamée la scission de l'Egypte en deux pays : l'un pour les coptes et l'autre pour les musulmans". Ces propos saisissants sont ceux prononcés par Mohammad Selim el-Awwa, secrétaire général de l'Union internationale des étudiants musulmans, sur la chaîne Al Jezira en octobre dernier. Quelques semaines avant cet entretien, le père Bishoï, le bras droit de Chenouda III, le pape des coptes lançait dans les lignes du grand quotidien égyptien Al-Masry Al-Yom "Les musulmans sont des hôtes en Egypte". Une phrase dont le pape, en personne, s'est excusé quelques jours plus tard. Cette bataille, par médias interposés, de petites phrases qui fâchent, est révélatrice des tensions actuelles entre musulmans et coptes en Egypte.

COPTESLa montée de l'extrémisme : La minorité copte représente moins de 10% de la population égyptienne. Dans les années 60, chrétiens et musulmans vivaient en harmonie. Aujourd'hui, la cohabitation est nettement plus problématique.
L'islamisation gagne du terrain en Egypte à travers les médias et l'école et les coptes se sentent de plus en plus à l'étroit. Pour "marquer" leur différence, les chrétiens ont maintenant systématiquement tatoué, dès le plus jeune âge, une petite croix à l'intérieur du poignet. De même, leurs téléphones portables sont souvent recouverts d'autocollants de Jésus ou de la Vierge Marie et, quand ils retentissent, c'est souvent une sonnerie religieuse qui s'en échappe. Ainsi, dans les rues, les transports en commun, il est facile de reconnaître les chrétiens des musulmans.

Mercredi matin devant la cathédrale des coptes, dans le quartier d'Abbassiya, au Caire. "Vous ne pouvez pas rester devant ces portes", nous lancent gentiment mais avec fermeté deux gardes armés, postés à l'entrée du lieu de culte. John, un jeune chrétien de 20 ans, vient nous voir. "C'est pour votre sécurité. Les musulmans sont fous. Ils pourraient avoir envie de poser une bombe devant notre église. Et puis on doit se méfier du gouvernement. C'est lui qui organise des kidnappings de petites filles chrétiennes pour lui convertir en musulmanes. Tout cela dans le but de nous oppresser", note-il dans un anglais parfait, preuve qu'il est issu d'un milieu relativement aisé. John habite à deux pas de l'église. Il s'y rend plusieurs fois par semaine, que ce soit pour une réunion paroissiale ou pour la messe. C'est aussi dans le cadre de l'église qu'il trouvera sa future femme, une copte orthodoxe, comme lui.

Cette attitude de paranoïa agace Georges, un autre copte d'une trentaine d'années, rencontré dans un café du Caire. "Le problème avec la grande majorité des chrétiens, c'est qu'ils ne fréquentent que des chrétiens, qu'ils font leurs courses dans des épiceries coptes, qu'ils vont dans des écoles tenues par l'église... Pas étonnant qu'après ils deviennent parano". Pour Georges, sa communauté est en grande partie responsable du climat de tension actuelle : "Ils ont l'impression que les musulmans complotent derrière leur dos, qu'ils veulent tous les tuer alors que c'est faux. Oui, il est vrai que les chrétiens sont discriminés. Construire une église est par exemple très difficile  alors que l'autorisation pour bâtir une mosquée s'obtient en une heure. Mais ça s'arrête là. Il leur suffirait de faire l'effort d'aller vers les musulmans pour en être convaincus. Une grande partie de mes amis sont musulmans et tout se passe très bien". 

Si la sécurité a été renforcée aux portes des principales églises du Caire, c'est en réponse à la fusillade de Nagaa Hammadi, une petite ville de Haute-Egypte. Le 7 janvier 2010, jour de Noël orthodoxe, six coptes sont abattus à la sortie de l'office de minuit. Les agresseurs agissaient en représailles au viol d'une jeune musulmane par un copte de cette paroisse. Ce massacre a été un traumatisme pour les chrétiens d'Egypte qui ont, dès lors, organisé des manifestations au Caire pour protester contre le fait que les autorités ne protègent pas assez leur communauté.

Shérif Albert, un journaliste copte au Caire, a été outré par cette recrudescence de violence. Il n'en est pas moins critique par rapport à la réaction exagérée de sa communauté : "Ce qui se passe en Haute-Egypte n'a rien à voir avec la situation des coptes ailleurs dans notre pays. Là-bas, c'est encore des règles tribales qui prévalent. Quand une famille est victime d'un déshonneur, en cas de viol notamment, elle doit se venger. La religion n'a rien à voir là dedans. La même chose ce serait passée s'il s'agissait de deux familles musulmanes".

La conversion : Dans ce contexte de tension entre les deux communautés, les conversions sont rares. Tel aurait pourtant été le désir d'une jeune copte, Kamilia Sheheta, mariée à un prêtre, dans la ville de Minya, en Moyenne Egypte. La jeune femme a quitté le foyer après une banale dispute conjugale en juillet dernier. Après quoi, les versions divergent. Selon ses proches, elle aurait été kidnappée par les musulmans qui voulaient la convertir. Selon les musulmans, Kamilia aurait cherché à se convertir à l'islam depuis un an et demi mais n'y parvenait pas. C'est pour cela qu'elle aurait quitté son famille pour Le Caire, afin de trouver refuge dans une mosquée et se convertir pour de bon. Après plusieurs semaines de fuite, les autorités ont retrouvé Kamilia et l'ont remise à l'Eglise qui garde encore jusqu'à présent la jeune fugueuse dans un lieu tenu secret de sorte à faire oublier l'affaire.

La conversion d'un seul de leur membre est perçue comme une immense trahison pour les chrétiens. En 2003, l'histoire s'était déjà produite avec une autre femme de prêtre, Wafaa Constantine. Sa communauté avait organisé une grève de la faim pour exiger que les autorités la retrouve. Aujourd'hui de retour dans sa paroisse, Wafaa ne s'est pas exprimée pour savoir ce qui s'était passé. A-t-elle réussi à se convertir ? Personne ne peut l'assurer. Pour Ayman Sabet, un traducteur copte, la conversion d'un chrétien vers l'islam est vécue comme une vraie trahison par l'Eglise : "Sept années se sont passés entre les deux affaires. Est-ce qu’il  n’y avait pas d’autres cas de conversion ? Bien sûr que si. Mais il n’y a pas eu tout ce bruit. Les chrétiens se sont sentis blessés dans leur amour propre parce qu'il s'agissait de deux femmes de prêtres. Quand il s'agit de gens inconnus, ma communauté s'en moque".


COPTESLes chaînes religieuses à l'origine de la propagande : Lors de la disparition de Kamilia Sheheta, les premières à avoir attisé la haine ont été les chaînes de télévisions religieuses, qu'elles soient chrétiennes ou musulmanes.  "Le terme "fous d'Allah" ne s'applique pas seulement aux musulmans. Comme il y a télécoranistes, il y a aussi des chrétiens malveillants qui sévissent sur les chaînes de notre communauté", poursuit Ayman Sabet.

Autre critique faite à l'égard de ces chaînes de télévision coptes, comme El Hayat (basée à Chypre) : Elles sont souvent financés grâce aux dons de chrétiens, issus de la diaspora, en Amérique essentiellement. Une réalité très critiquée de la part des musulmans mais que défend Shérif Albert : "C'est une mode. Comme toutes les minorités en Egypte (les bahaïs, les bédouins, les nubiens), ma communauté essaie d'émouvoir l'Occident. Elle se plaint d’oppression ou de marginalisation pour tirer profit de la « mondialisation des droits de l’homme". En revanche, Ayman Sabet déplore cette solution : "Selon moi, s'ils ont vraiment un problème en Egypte, c'est ici qu'ils doivent trouver du soutien, et non aller chercher du côté des Etats-Unis. Surtout que l'Occident ne cherche que son propre intérêt".

Coïncidence ou non, plus les tensions entre les deux communautés ne s'accroissent, plus les chrétiens sont nombreux à se rendre les week-ends dans les monastères égyptiens vieux de 15 siècles, qui avaient pour certains disparus sous les ruines. La plupart se trouve à Wadi Natroun, une vallée sur la route entre Le Caire et Alexandrie. Là bas, les "Pères du désert" accueillent les fidèles et répondent à leurs petits tracas quotidiens.  Christiane, une jeune cadre Cairote, y passe une journée par mois pour chercher la "baraka", la bénédiction. Aujourd'hui, elle est venue pour bénir sa nouvelle voiture mais aussi allumer des cierges pour ses amis et collègues de travail, "qu'ils soient coptes ou musulmans".

Que signifie copte ?
A l'origine, le mot "copte" vient du mot grec "Aiguptos" et signifiait les Egyptiens. Quand les Arabes musulmans sont arrivés en Egypte, ils ont utilisé le mot "copte" pour designer les habitants de l'Egypte, qui était majoritairement chrétiens.
Alors le terme copte, qui avait à l’origine un sens ethnique, s’est chargé d’un sens religieux. Il signifie aujourd'hui les chrétiens d'Egypte.


Dates phares dans les affrontements entre musulmans et chretiens

6 novembre 1972 : Des musulmans brûlent les locaux de "l'association du Livre Saint" à la ville al-Khanka (nord du Caire) parce que des chrétiens y ont fait la prière dans le but de la transformer en église sans permis préalables.
Le 8 novembre, les musulmans organisent une marche de protestation. Un chrétien tire sur les manifestants, ce qui a poussé ces derniers à brûler la maison du chrétien ainsi que d'autres bâtiments appartenant à cette communauté.
12 juin 1981 : Dans le quartier al-Zawya al-Hamra, des musulmans se déclarent propriétaires d'un terrain sur lequel les chrétiens avaient l'intention de construire une église. La bagarre entre les deux communautés dégénère. Les émeutes font 81 morts parmi les chrétiens.
31 décembre 1999 : Dans le village al-Kochh, située à 440 au sud du Caire, des différends entre un marchand chrétien et un client musulman donnent lieu à des accrochages pendant trois jours entre les deux communautés. 20 morts dont 19 chrétiens.
21 novembre 2005 : Des musulmans se rendent à l'église Mar-Girgis d'Alexandrie pour protester contre une pièce de théâtre écrite par les chrétiens qui se moque de l'islam. 1 mort et 90 blesses.
15 avril 2006 : Un musulman poignarde des chrétiens de 3 églises d'Alexandrie. Un des chrétiens décède. Le lendemain, lors de ses funérailles, les accrochages entre les deux communautés font 15 blesses.
21 novembre 2009 : au village de Farshout à Qena, en Haute Egypte, un chrétien kidnappe et viole une fillette musulmane. Les musulmans manifestent et brulent 17 magasins appartenant aux chrétiens.
7 janvier 2010 : Des musulmans ouvrent le feu sur les chrétiens sortant d'une église de Nagaa Hammadi faisant six morts parmi les chrétiens et un soldat musulman. Les assassins voulaient se venger du viol de la fillette musulmane de Farshout.

INTERVIEW CHEIKH MOHAMMAD MOSTAFA
Le cheikh Mohammad Mostafa est prêcheur et imam d’une mosquée salafiste.

Quelle est la différence entre Coptes et Musulmans dans les années 60 et maintenant?
Dans les années 60, et même il y a une dizaine d’années, les deux communautés représentaient le tissu d’un seul peuple. Elles vivaient ensemble sans le moindre problème. Les Musulmans assistaient aux mariages des chrétiens et vice versa. Si quelqu’un, chrétien ou musulman, avait un souci, ses amis et voisins qui appartiennent à l’autre communauté faisaient de leur mieux pour l’aider. Les relations étaient simples. Depuis la fin des années 80 et début des années 90, ces relations ont changé. Cela est du à la hausse d’un certain courant extrémiste dans l’église égyptienne. Un courant qui considère les chrétiens comme un peuple complètement différent des autres égyptiens. On a commencé à entendre des paroles comme « Les chrétiens sont le peuple originaire de l’Egypte », même le numéro 2 de l’église copte orthodoxe, l’évêque Bishoï, a dit que "Les musulmans sont des hôtes". C’est un discours choquant. Chez nous, les musulmans, il y a toujours des sages qui peuvent freiner ceux qui adoptent un discours extrémiste. Mais chez les chrétiens, ce discours vient des hommes de l’église.

Des musulmans, spécialement des salafistes accusent "d’ignorants" (Kafir) les chrétiens, qu’en pensez-vous?
Tous les musulmans voient que les non-musulmans sont des ignorants…mais aussi les non-musulmans voient les musulmans comme des ignorants. La preuve c’est que le Pape des coptes orthodoxes, Chenouda III, a déclaré un jour que celui qui n’est pas chrétien n’ira pas au paradis. Chacun pense que sa religion soit la vraie religion. Mais l’islam nous oblige à protéger les chrétiens. Si les musulmans opprimaient les chrétiens, comment ces derniers y existent toujours et en millions ?

Que pensez-vous du discours dur adopté par certains imams en moyenne Egypte (Menia et Assiout) à l’égard des chrétiens ?
Je ne pense pas qu’un Imam, même le plus extrémiste, peut proférer de mauvaises paroles concernant Jésus ou la Sainte Vierge. L’Islam les respecte. Il y a même une Sourate dans le Coran dont le nom est Mariam.

Mais, les prêtres là-bas disent que les imams incitent les gens à lapider les chrétiennes sur leur chemin à l’église ! Qu’en pensez-vous ?
Si ce que vous dites est vrai, alors ces imams ont complètement tort. Mais je vais dire qu’aucun imam, qui connait bien sa religion ne peut inciter les musulmans à commettre un acte pareil. J’ai peur que ce soit là une rumeur dans le but de donner une mauvaise image des musulmans. Moi, je dis que c’est les chrétiens qui nous attaquent : Le prêtre Zakareya Boutros insulte toujours l’islam dans sa chaine de télévision. Une église à Alexandrie a fait une pièce de théâtre qui se moque de l’islam. Alors, qui provoque qui ?

Est-ce que les salafistes sont tolérants avec les musulmans qui se convertissent au christianisme ?
L’Islam l’interdit, mais personne n’a touché ceux qui l’ont fait. De l’autre coté, voyons ce qui s’est passe avec Wafaa Costantine et Kamelia Chehata qui se sont converties à l’Islam. Les chrétiens ne se sont pas calmés jusqu'à ce que le gouvernement force les deux femmes à retourner à l’église, et depuis, personne ne sait rien sur elles.
Un des problèmes entre chrétiens et musulmans en ce qui concerne le changement de religion vient du christianisme orthodoxe lui-même. Chez eux il n’y a pas de  divorce. Alors ceux qui le désirent n’ont qu’à se convertir à l’islam pour l’obtenir, puis ils veulent retourner au christianisme. La religion n’est pas un jeu.

Comment voyez-vous l’avenir de la relation ?
Je ne suis pas optimiste. Si les chrétiens n’arrêtent pas de provoquer les musulmans et de porter atteinte à la religion musulmane, si l’église n’arrête pas de se comporter comme un Etat dans l’Etat égyptien, la situation entre les deux communautés demeurera toujours tendue.

COPTES
INTERVIEW EVEQUE THOMAS
L'évêque Thomas est responsable de la paroisse d'Al Quosseya, en Moyenne Egypte.

Quelle est la différence entre la situation des coptes dans les années 60 et maintenant ?
On a assisté à la montée de l'islamisation de la société égyptienne. Beaucoup d'Egyptiens musulmans sont partis travailler en Arabie Saoudite et sont revenus avec des pensées comme le salafiste, une vision extrême de leur religion. Les frères musulmans ont pris de l'ampleur et ont contribué à nous séparer. Leur prêche était souvent agressif à notre encontre, ils appelaient à la haine et non au respect. Les rapports entre eux et nous ont commencé à se détériorer. Et puis avec le temps, la démographie en Moyen Egypte a changé. Beaucoup de coptes ont émigré au Caire pour se sentir plus libres de vivre leur foi et trouver du travail. Certains ont commencé à quitter l'Egypte pour l'Amérique ou l'Europe. Ce sont les plus éduqués qui partent actuellement. Du coup, notre statut de minorité, dans le sud, n'a fait que s'accroître avec le temps, créant un déséquilibre avec le nombre de musulmans. Aujourd'hui, à Al Quosseya, pour trois églises, il y a trente mosquées, alors que nous représentons un tiers de la population de la ville.

Les relations entre les musulmans et les coptes dépendent-elles aussi des régions d'Egypte ?
Oui. Au Caire, les relations sont d'ordinaires plus calmes. Les problèmes surgissent la plupart du temps dans les villages du sud du pays, où le nombre d'analphabète est très élevé. Les gens n'ont souvent pas les mots pour exprimer un problème. A l'origine des conflits, on trouve souvent des histoires de territoires, de jalousie, qui n'ont rien à voir avec la religion. Ils dégénèrent ensuite en conflit entre les communautés, mais à l'origine, le problème aurait été similaire entre deux personnes de même religion. Il faut éduquer les gens afin qu'ils aient les mots plutôt qu'utiliser leurs poings.

Les chrétiens ont eu de nouveaux droits, comme un jour férié pour le Noël copte, début janvier, qu'en pensez-vous ?
Cela ne change absolument rien. A quoi ça rime de considérer Noël férié et pas Pâques, qui est aussi un jour très important pour nous. D'autre part, vous ne pouvez pas accordé un jour férié à une minorité et lui refuser, à côté, de construire une église, ce n'est pas logique et ça n'avance à rien.

Etes-vous libres de construire une église ?
Non. C'est très compliqué. Il faut répondre à des critères bien trop complexes. Récemment, le président Hosni Moubarak a tenté d'assouplir ces mesures. Mais en pratique, rien n'a changé. Il manque toujours une autorisation pour pouvoir commencer une construction. J'ai agrandi à Noël notre église et même pour cela je devais demander la permission de responsable de notre région. J'ai du faire sans car il n'a jamais répondu. C'est écœurant car il est très simple de bâtir une mosquée.

Le mois dernier, l'affaire de Kamilia, cette jeune chrétienne qui s'est enfuie de chez elle a fait beaucoup de bruit. Les musulmans ont dit qu'elle avait voulu se convertir à l'islam et que les chrétiens ne l'avaient pas laissé faire.
Personne n'a la même version de ce qu'il s'est passé. Ce que je peux assurer, c'est qu'il n'y a aucun problème pour un chrétien s'il veut se convertir à l'islam. Les tensions se situent sur un plan familial et peuvent être apaisées. En revanche, quand un musulman veut  rejoindre notre église, il est bloqué. Les musulmans ont une loi qui empêche la conversion. Nous, nous en n'avons pas.

Comment voyez-vous l'avenir ?
Les coptes vont continuer à émigrer à l'étranger. C'est inquiétant car notre communauté se vide peu à peu de ses membres les plus instruits. Je reste convaincu que l'on peut résoudre nos problèmes par davantage de rencontres entre les représentants des cultes. L'essentiel est de communiquer, de crever l'abcès quand il le faut.

Article écrit avec Marion Touboul pour le numéro 43 de la revue Le Courrier de l'Atlas (Decembre2010) (PhotosFrançoise Beauguion)

http://www.lecourrierdelatlas.com/emag/2011/NUM043/#/68/

14 septembre 2010

Égypte : les Bédouins acculés à la contrebande ?

Les Bédouins tirent-ils d'importants profits grâce aux tunnels qui relient l'Égypte à la Bande de Gaza ? Ont-ils d'autres moyens de contribuer au développement économique du Sinaï ? Pour répondre à ces questions, Marion Touboul, correspondante d'ARTE Journal en Égypte, s'est adressée à l'écrivain Massaad Abou Fagr. Originaire de Rafah, cet écrivain s'inspire de la vie des Bédouins pour ses romans. Il est aussi un farouche opposant au président égyptien Hosni Moubarak. Le régime égyptien actuellement au pouvoir est, selon lui, à l'origine des problèmes des Bédouins et notamment de leur recours à la contrebande. Une interview réalisée par Marion Touboul et Ahmed Hassan Sami pour ARTE Journal.

Rafah tunnels, bonus interview on Arte.tv
Uploaded by SolasFilms. - News videos from around the world.

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/arte-journal/3423468.html





3 septembre 2010

Visa pour la France : Aventure humiliante

Il y a un an, l'Egyptien qui souhaitait obtenir un visa pour la France devait faire la queue devant les portes du consulat de France pendant des heures, même s'il avait un rendez-vous. Un acte que les Egyptiens jugeaient inacceptable vu que leur pays, lui,  délivre des visas à tous les citoyens de l'Union Européenne directement à l'aéroport du Caire…

ambfrancaireCette année, je voulais visiter des amis en France. J'ai alors commencé la démarche en appelant le service chargé de me fixer un rendez-vous avec le consulat. Mais ce dernier m'a surpris en me disant qu'une compagnie privée était chargée de cette mission maintenant.

Je me suis dit que cela ne changerait rien, peut-être que le personnel du consulat n'a pas le temps de répondre au téléphone ou qu'il s'occupe de choses plus importantes. Alors j'ai appelé cette nouvelle société qui m'a expliqué que je devais d’abord m'inscrire sur son site internet pour que je puisse avoir ce fameux rendez-vous. Une fois inscrit, j'ai pu fixer la rencontre selon les horaires disponibles, toujours en pensant que j'irai au consulat. Mais, en recevant la confirmation de l’entretien, j'ai découvert que je devais d’abord passer aux locaux de la société, elle-même, avec les documents nécessaires. Une autre fois, j’ai pensé qu’il s’agissait sans doute d’une rencontre préliminaire pour faciliter le rendez-vous avec le consulat.

J'ai préparé minutieusement mes documents et je me suis rendu à la société. Là bas, ils m'ont annoncé qu’en plus des frais du visa (50 euros), je devais payer 200 L.E. (environ 30 euros) de frais supplémentaires pour ce rendez-vous. Ce fut le choc de ma vie… J’ai payé et j'ai attendu mon tour qui devait être à 9h30. Trois heures plus tard, on finit enfin par me convoquer. Je réalise alors que l’ancien système n’a pas changé. On fait toujours la queue, mais au lieu d’être le consulat , on est contraints d’attendre dans les locaux bondés de cette compagnie.

A ce moment là, j'ai compris que la société était chargée de récupérer le dossier pour l'acheminer au consulat. Et là j'ai découvert que mon interlocuteur était une Egyptienne, voilée ! Elle commence à examiner mes documents et s'arrête devant mon relevé de compte. Elle le refuse en me disant qu’il n'est pas tamponné par la banque. J'essaie de lui faire comprendre que le consulat l'a toujours accepté dans le passé. D’autant plus que la somme indiquée est bien supérieure à celle dont dispose, sur leur compte, bon nombre de Français… Là, je lui dis qu'elle n'a qu’à délivrer mon dossier tel quel au consulat, à eux de décider. Au bout de 30 minutes, elle me regarde et conclut : « Votre dossier est incomplet ». Pourquoi ? Parce qu’il faut, en plus de l’attestation d’accueil délivrée par mes amis, une « lettre d’invitation » écrite par mes hôtes expliquant pourquoi ils m’accueillent… Je n’en reviens pas. J’essaie de lui faire comprendre que l’attestation d’accueil est une preuve largement suffisante que je suis attendus en France. Mais elle ne veut rien entendre. Bilan : Elle me demande d'avoir tous ces documents avant 16h30 ou bien je serais obligé de recommencer toute cette démarche... Je me suis donc trouvé obligé de présenter mon dossier, selon elle, « incomplet »  et prendre le risque du refus de visa.

Deux jours plus tard, je dois passer au consulat (enfin !) pour donner mes empreintes digitales. J'étais heureux de ce rendez-vous pour la simple raison que s'il y a le moindre souci avec mon dossier, je pouvais m’expliquer avec le personnel. Mais j'avais tord. Le jour "J", une surprise m'attend : Les personnes chargées des empreintes sont deux jeunes Egyptiens dont l'âge ne dépasse pas 22 ans … Impossible de rencontrer un Français pour être rassuré quant à mon dossier.

J’attends donc quinze longs jours… Entre temps, j’achète mes billets d’avion et mes billets de train pour la France, au risque qu’ils me restent sur les bras si mon visa est refusé… Un jeudi soir, je reçois un SMS à 16h10 de la société m'informant qu'elle a mon passeport et que je dois le récupérer le jour-même avant 16h30 ou bien que j'attende jusqu'à dimanche matin. Bien entendu, il était impossible de réussir à l'obtenir jeudi. Le dimanche matin, me voilà donc devant la porte de la compagnie. Et là, nouvelle surprise : La porte est fermée. La raison ? C'est la Pentecôte (qui devait être le lundi). La société s’excuse car elle a décidé de prendre dimanche congé pour avoir un long week-end… sans prévenir ses clients. Je n'avais à qu'attendre jusqu'à lundi pour savoir si j'ai eu mon visa ou non.

Tout cela m’a dégouté de l’idée de voyager. De cette expérience humiliation, je  me demande vraiment pourquoi ne soumet-on pas les Français qui veulent se rendre en Egypte aux mêmes règles...

Article écrit pour le numéro 40 de la revue Le Courrier de l'Atlas (septembre 2010)

http://www.lecourrierdelatlas.com/emag/2010/NUM040/#/37/

30 août 2010

al-Gamaa : un feuillton qui suscite la polémique en Egypte

 

 

 

 

 

al_gamaaEn Egypte, pendant ce mois du Ramadan, un feuilleton fait fureur. Il retrace l’histoire de la confrérie des Frères Musulmans et a fait naître une vraie polémique au Caire.

Les frères musulmans ne décolèrent pas. Ils sont convaincus que cette série de douze épisodes a été créée dans le but de les anéantir à quelques mois des élections législatives.

La série télévisée décrit le travail d'un policier qui décide d'enquêter sur le passé des Frères musulmans. On découvre ainsi, à travers des flash back, l'histoire de la confrérie.

Un feuilleton qui n'est pas objectif selon Mohamed Abdel Qodous, membre de l'organisation. "A mon sens, le scénariste n'avait dès le début pas envie de faire une œuvre historique de dire la vérité sur nous. Il avait envie de nous porter atteinte. Pleins de faits historiques sont changés. Il dit par exemple que nous étions des alliés de l'Arabie Saoudite dans les années 30 alors même que le Royaume était officiellement fondé, tout cela n'est pas logique".

 

 

Le scénariste de cette série Wahid Hamed est un farouche opposant aux frères musulmans. Il les présente dans plusieurs épisodes, comme des arrivistes, prêts à tout pour atteindre buts personnels. Une réalité selon lui historique. "J’ai décrit la réalité telle qu’elle est, pour que les téléspectateur puissent juger d'eux-mêmes. Hassan el Banna, le fondateur de la confrérie, est un prédicateur qui s’est trompé de route. Il s’est orienté vers la politique et il n'a aidé ni l’islam, ni la politique. Les frères musulmans sont un groupe qui prend la religion comme couverture. Mais ils ont leur plan politique et économique dans le but de diriger le pays".

 

 

Les Frères Musulmans n'ont pas dit leur dernier mot. Ils préparent eux aussi un film pour contrecarrer la série.

Sujet realisé avec Marion Touboul pour la radio allemande DW

 

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3 juin 2010

Confidences de Hend Sabri

Hend_Sabri_1Née le 20 novembre 1979, Hind Sabri, d'origine tunisienne a étudié dans des écoles françaises. Elle a attiré les plus grands noms du septième art en Tunisie dés l'âge de 13 ans quand elle a joué dans son premier film. Depuis, la belle star tunisienne n'a pas arreté de gagner l'admiration des spectateurs. Artiste dotée d'un DEA en droit de l'Univesité de Tunis, le Programme Alimentaire Mondial l'a nommée son ambassadrice grâce à ses activités dans l'humanitaire.


Comment avez-vous commencé votre carrière dans le cinéma ?
J'ai débuté totalement par hasard. Un jour, je me promenais avec mon père, et nous avons croisé le réalisateur tunisien Nouri Bouzeid. A l'époque, la réalisatrice Moufida Tlatli cherchait une fille de 13 ou 14 ans pour Les silences du palais. Bouzeid nous a en parlé et m'a présentée à Tlatli qui m'a fait passer un casting et m'a choisie. Puis, en 1995, j'ai été sollicitée par le réalisateur du film français Mouton noir. Il m’avait aimée dans Les silences du palais ainsi que la femme avec qui je jouais. Il nous voulait toutes les deux dans son projet. Après cette nouvelle expérience, j'ai arrêté ma carrière pendant six ans pour finir mes études jusqu'à ce que j'obtienne mon DEA de droit.
Puis j'ai repris en 2001 avec La saison des hommes de Moufida Tlatli une nouvelle fois. Grâce à ce film, je suis allée au festival de cinéma de Carthage où j'ai fait la connaissance avec la réalisatrice égyptienne Inès El Daghedi qui présidait le jury. Elle a voulu que je joue dans son nouveau film, Journal d'une adolescente. Ce nouveau rôle m'a aidée à prendre la décision de venir vivre en Egypte.

Pourquoi avez-vous choisi de vivre en Egypte ?
Quand je suis arrivée, je voulais essayer quelque chose de nouveau, un cinéma plus vaste. On dit que l’Egypte est le "Hollywood de l'Orient". C'est la porte d'entrée pour toucher 300 millions d'Arabes. J'avais conscience que c'était un gros risque, mais je voulais le prendre. Avec le temps, j'ai compris la différence entre le cinéma tunisien et le cinéma égyptien. Le premier est très ouvert, non commercial. Il parle librement de la question de la femme. Les scénarii partent des réalisateurs, de leur vie. En revanche, le cinéma égyptien est très commercial. Comme il touche tous les Arabes, il cherche à satisfaire tous les spectateurs.

Des films comme "Les silence du palais" ou "L'immeuble Yacoubian", sont toujours au centre de polémiques en Egypte. Comme expliquez-vous cela ?
Les silence du palais parle de l'époque où mon pays, la Tunisie, était occupée. C'est une histoire connue aussi bien du public tunisien que français. Quant à L'immeuble Yacoubian, de Marouan Hamed, c’est le meilleur film arabe des dix dernières années. S'il a connu autant de succès, c'est justement parce qu'il aborde des réalités de la société égyptienne qui ne sont pas toujours roses. C'est d'ailleurs ce film-là qui a eu le plus de succès hors d'Egypte.

Autre film très critiqué en Egypte, "Ibrahim Al Abyad", en raison de scènes très violentes. Qu'en pensez-vous ?
Oui, ce film est très violent. Mais pas plus que les films de Tarantino qui ne font pas l’objet de critiques. Mais je sais qu’il a choqué en Egypte et j'ai trouvé que c'était très courageux de la part du réalisateur. J'ai pour habitude de ne jamais m'arrêter sur les critiques. L'important pour moi est d'être satisfaite de ce que je fais , quel que soit le film. Que ceux qui n'aiment pas ce genre de film n'aillent pas le voir.

Comment choisissez-vous les films dans lesquels vous allez tourner ?
J'adore prendre des risques et choisir les films qui suscitent les polémiques. J'aime les films réalistes qui parlent des problèmes d'une société. Il faut parler des problèmes pour les résoudre.

Hend_Sabri_2Vous avez travaillé avec beaucoup de réalisateurs égyptiens mais jamais avec Youssef Chahine, pourquoi ?
J'aurais adoré travailler avec lui mais, malheureusement, je ne l'ai pas rencontré. J'ai travaillé avec son élève Khaled Youssef, dans un film, "Ouija". Depuis ce tournage, il n'a pas fait de nouveau appel à moi. Je ne demande pas en principe à un réalisateur de me faire travailler. La seule fois où je l’ai fait, c'était avec Yousri Nasrallah que j'admire beaucoup.

Pensez-vous jouer de nouveau en France ?
Personne ne m'a proposé de film. Mais je ne suis pas en demande non plus. Le monde arabe a, selon moi, besoin des acteurs et actrices comme nous les jeunes qui parlons des problèmes de nos sociétés et essayons de trouver des solutions. En France, il y a plein d'acteurs qui peuvent parler des difficultés de leur pays. Et aussi beaucoup de Maghrébins qui abordent la question des Arabes en France, comme Jamel Debbouze. Pour moi, le destin m'a conduite en Egypte, il y a 300 millions d'Arabes qui me regardent et qui ont besoin de moi.

Est-ce qu'à votre arrivée en Egypte, le pays vous a bien accueillie comme actrice arabe, comme le fut à l'époque Warda, l'Algérienne ?
Oui, j'ai été très bien accueillie. L'Egypte a toujours ouvert sa porte aux acteurs. Mais il faut avoir beaucoup de talent ici pour réussir, car il faut convaincre. Il y a aujourd'hui un afflux important d'acteurs étrangers comme moi. Je connais des Syriens, des Libanais, et au moins cinq acteurs tunisiens qui travaillent pour le cinéma égyptien. Il y a aussi deux maghrébines.

Que pensez-vous du clivage Berbères-Pharaons qui est apparu après le match Algérie-Egypte au Soudan ?
Arrêtons de dire des bêtises. C'était un match de foot. Ce sont les médias qui l'ont transformé en une guerre. C,a n'a rien à voir avec le peuple. La manière avec laquelle me traite le spectateur égyptien n'a pas changé en raison du match. C'est une grande erreur de juger un peuple en raison des erreurs de quelques supporters.

Vous venez d'être nommée ambassadrice du Programme alimentaire mondial (PAM), Comment est-ce arrivé ?
Grâce à un autre hasard dans ma vie. Je travaille avec le PAM depuis un an sur un projet de collecte de dons pour les enfants de Gaza après la guerre de 2008-2009. J'ai demandé à aller voir les choses sur le terrain. Du coup, j'ai voyagé en Syrie et en Palestine où j'ai appris ce que signifie la famine. J'ai continué de travailler avec eux par la suite. C’est là qu’ils m’ont nommée.

Qu’est-ce que cela exige de votre part ?
Je dois aller dans les endroits où des problèmes ou des conflits ont privé un peuple de son droit essentiel : l'alimentation. J’irai surtout dans des pays de la région comme le Yémen, l’Irak ou le Soudan. Mon rôle est aussi d'aider à sensibiliser les médias. Et d’essayer de trouver des solutions.

Vous avez fait des études de droit, mais vous ne travaillez pas dans ce domaine, pourquoi ?
Le droit est un domaine qui m'intéresse et mon souhait était de devenir diplomate. Maintenant, je suis avocate devant la cour d'appel tunisienne, mais pour exercer ce métier il faudrait que j'arrête ma carrière au cinéma. C'est une obligation de la justice tunisienne. Mais ma nomination comme ambassadrice du PAM me permet de réaliser mon rêve dans ce domaine. Je suis aussi heureuse d'avoir réalisé mon autre souhait, celui d'être actrice. Dans ces deux domaines, ce qui est important pour moi, c’est que je représente mon pays, la Tunisie.

Hend_Sabri_3Parlez-nous de votre vie personnelle ?
Je n'aime pas parler de ma vie personnelle. Je me suis mariée en 2008. Je n'ai pas encore d'enfants mais quand j'en aurai, ils seront ma priorité. Ma mère travaillait et elle s'occupait bien de nous. Je veux faire de même avec mes enfants.

Que pensez-vous de la situation de la communauté maghrébine en France ?
Le problème vient en partie des médias français qui ne parlent que des points négatifs, comme les banlieues. Ils parlent rarement des gens qui réussissent. Concernant la question des banlieues, le fait que ces cités existent prouve l'échec des gouvernements français. Ils n'ont pas essayé d'intégrer ces gens au tissu social français. La France a occupé leur pays d'origine pendant longtemps et je pense qu'elle devrait plutôt les récompenser...

Que pensez-vous du débat sur l'identité nationale qui a lieu aujourd’hui en France ?
Je le trouve honteux. Les Français d'origine maghrébine sont maintenant de la troisième ou quatrième génération. Je ne comprends pas comment on peut leur faire penser qu'ils ne sont pas des Français comme les autres. C'est dommage que la France, qui est attachée aux principes de la Révolution française et qui parle de "l' exception française" à laquelle je crois, évoque au XXIe siècle quelque chose qui s'appelle l'identité nationale...

Et le débat sur le niqab en France, qu'en pensez-vous ?
Pour moi, le niqab n'a rien à voir avec l'islam. Le Coran ne nous parle jamais du voile intégral. Ceci dit, je pense que c'est normal de le voir sur la tête de jeunes filles en France. Elles sont, selon moi, perdues entre deux cultures : celle du pays où elles vivent et celle du pays de leur origine. C'est normal que la France, laïque, l'interdise dans les lieux publics. Mais je pense aussi qu'elle doit respecter la liberté personnelle dans la sphère privée. Je trouve en tout cas ce débat très sain. On doit écouter les différentes opinions. J'ai conscience que nous, les musulmans, nous devons beaucoup travailler pour changer l'image de l'islam après l'attaque du 11-septembre.

Quels sont vos projets d'avenir ?
Je vais bientôt débuter le tournage d'un feuilleton, Je veux me marier. L'histoire, très originale, est tirée d'un blog tenu par une Egyptienne. Je trouve que ces journaux en ligne sont une nouvelle manière d'expression démocratique. Pour mes projets à plus long terme, je ne sais pas encore. Je ne suis pas une personne ambitieuse. J'attends seulement de récolter ce que j'ai semé.

Article écrit pour le numéro 38 de la revue Le Courrier de l'Atlas (juin 2010)

http://www.lecourrierdelatlas.com/emag/2010/NUM038/#/98/

29 mai 2010

El-Barabei est-il candidat de la Présidentielle 2011?

Mohamed ElBaradei, candidat à la présidentielle de 2011, l'opposant en campagne (Reportage ARTE Journal, Marion Touboul, Ahmed Hassan Sami et Nicolas Hénin)

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/arte-journal/NAV__Egypte/3677656.html

3 avril 2010

L'Immeuble Yacoubian : l'Egypte d'Alaa El Aswany

"La dictature élève des barrières, alors je ne suis pas content, c'est pour cela que j'écris",
explique Alaa El Aswany.

Avec son premier roman, "l'Immeuble Yacoubian", fresque sur le Caire contemporain, cet auteur égyptien a mis en branle une véritable insurrection intellectuelle dans son pays.

"L’Immeuble Yacoubian" se décline en livre, en film et en série télévisée. L’œuvre fait scandale depuis le milieu des années 2000 car elle présente une image critique de l'Egypte de Moubarak.

A un an de l’élection présidentielle, qui sera un moment clé dans l'histoire de l'Egypte, El Aswany ne se prive pas de défier le régime vieillissant d'un président Hosni Moubarak âgé de 81 ans, dont la santé est de plus en plus fragile.

Le roman dresse le portrait des habitants d'un bâtiment du centre du Caire, avec un thème à chaque étage : pauvreté, montée de l'islamisme, homosexualité taboue, liberté d'expression bafouée, violence du régime.
Ces sujets font la une des quotidiens égyptiens en cette période préélectorale.
Hosni Moubarak se représentera-t-il à la présidentielle après trois décennies au pouvoir ou tentera t il d'imposer son fils Gamal?

Nos reporters ont interrogé Alaa El Aswany sur son engagement intellectuel et politique. Ils l’ont suivi à l'aéroport lorsqu'il va accueillir en héros le plus crédible des candidats potentiels contre la dynastie Moubarak: Mohammed El-Baradei, prix Nobel de la paix et ancien patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique.

Notre équipe a filmé le Caire avec le regard d'Alaa El-Aswany. Elle est allée à la rencontre des "vrais personnages" de l'Immeuble Yacoubian. Parmi eux, un ancien ministre nostalgique, un télécoraniste radical, un terroriste reconverti, des journalistes en lutte avec la liberté d'expression - l'un d'entre eux a même été torturé en prison pour ses idées - et un auteur, spécialiste du Caire "gay", quartier de la capitale égyptienne qui est supposé ne pas exister.

L'Immeuble Yacoubian diffusé sur Arte-Reportage : Marion Touboul, Ahmed Hassan Sami, Hervé Amoric, Nicolas Hénin
Uploaded by SolasFilms. - News videos hot off the press.

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/arte-reportage/3129320.html

30 avril 2009

Comment les Egyptiens voient-ils Nicolas Sarkozy ?

Tawfiq_AclimandosTawfik Aclimandos, 50 ans, est politicien et historien. Cet Egyptien parfaitement francophone est chercheur au Centre de documentation économique juridique et sociale (CEDEJ). Il a eu son doctorat en 2004 à l’Institut d’Études Politiques de Paris. Il nous parle de la vision qu’ont les Egyptiens à l’égard du président français, premier chef d’Etat à venir en vacances en Egypte, pays connu pour être conservateur, avec "sa copine"…

Que pensez-vous de Nicolas Sarkozy ?
Jusqu'à janvier 2007, début de la campagne électorale, Je n'aurais jamais cru que Nicolas Sarkozy serait un jour président... Il n'avait pas l'allure présidentielle et il ne connaissait pas la province, surtout si on le compare aux autres présidents comme Charles De Gaulle ou François Mitterrand. Quant à son image en Egypte, elle ne peut qu'être moins bonne que celle de Jacques Chirac, qui est très apprécié ici. On soupçonne toujours ici Nicolas Sarkozy d'avoir des amitiés avec Israël de part ses origines juives. Les Egyptiens ont peur qu'il se rallie à Israël. Cela dit, deux ans après son arrivée au pouvoir, il n'y a pas eu la tempête qu'on redoutait. Il ne s'est pas tourné vers Israël comme on le pensait.

39170589Que pensez-vous de sa politique intérieur, notamment vis-à-vis de l'immigration ?
Les Egyptiens ne sont pas très intéressés par la politique intérieur en France. Ils ne savent pas grand-chose. Ce qui les intéresse, c'est la question de l'immigration. Les Egyptiens savent qu'il est difficile d'obtenir un visa pour la France. Il y a beaucoup de conditions à remplir. Selon eux, c’est Nicolas Sarkozy qui a rendu quasiment impossible l'émigration. Mais, sur ce point, je pense qu'il n'y est pour rien. La situation était la même avant son arrivée au pouvoir.

Que pensez-vous de sa politique au Proche-Orient ?
Concernant l'Iran, les Egyptiens sont divisés : Certains sont d'accord avec le discours de Sarkozy quand il dit que l'Iran joue à un jeu très dangereux en activant le communautarisme : chiites avec chiites, chrétiens entre chrétiens... L'autre partie des Egyptiens se disent qu'il y a un ennemi à abattre : Israël. Tous les moyens sont bons pour le vaincre et l'Iran peut être d'une grande aide. De mon côté, en tant qu’Egyptien, je suis opposé à une attaque étrangère contre l'Iran. Cela déstabiliserait l'équilibre des forces dans la région.

Quant au le Soudan, je suis pour la décision de la Cour Pénale Internationale de condamner Omar El-Bachir, qui est un vrai criminel de guerre. Je partage donc le point de vue de Nicolas Sarkozy. Mais l'Egyptien lambda n'est pas d'accord avec le président français. Pour une simple raison : Il refuse qu'un président puisse être jugé par des étrangers. Le gouvernement égyptien, lui aussi, s'oppose à cette condamnation, mais c'est juste par peur d’une division du Soudan.
Au sujet de la Syrie, je considère que Nicolas Sarkozy fait bien d'essayer de réintégrer la Syrie dans le jeu international, surtout dans le cadre du processus de paix entre Israël et les pays arabes.
A propos de la crise à Gaza de janvier dernier, j'ai beaucoup apprécié, comme tous les Egyptiens, la réaction de Nicolas Sarkozy. Il était le seul président à avoir fait des navettes entre la France, l'Egypte et Israël pour mettre fin à la guerre. Les Egyptiens s'attendaient à une réaction inverse, ou tout du moins, au silence de la France...

39170594Que pensez-vous du Projet de l'Union pour la Méditerranée?
La plupart des Egyptiens ne sont pas intéressés par ce projet ou n'y croient pas trop. Ceux qui le connaissent voient le projet de la France comme une tentative de remettre Israël sur la même table que les Arabes. Je pense pour ma part que c'est une
façon de se débarrasser du processus de Barcelone qui cherchait à appliquer les droits de l'homme et la démocratie dans la rive sud de la Méditerranée. D'autres Egyptiens pensent aussi qu'une telle initiative a de bons côtés. Elle pourrait notamment faciliter l'entrée des importations égyptiennes.

Article écrit pour le numéro 26 de la revue Le Courrier de l'Atlas (mai 2009)

http://www.lecourrierdelatlas.com/emag/2009/NUM026/#/25/

23 février 2009

Répercussions économiques de l'attentat du Khan el-Khalili


Cairo Bombing Report on Arte Info
Uploaded by SolasFilms

Reportage réalisé avec Marion Touboul

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