Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Points de Vue
Points de Vue
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 112 029
3 avril 2010

L'Immeuble Yacoubian : l'Egypte d'Alaa El Aswany

"La dictature élève des barrières, alors je ne suis pas content, c'est pour cela que j'écris",
explique Alaa El Aswany.

Avec son premier roman, "l'Immeuble Yacoubian", fresque sur le Caire contemporain, cet auteur égyptien a mis en branle une véritable insurrection intellectuelle dans son pays.

"L’Immeuble Yacoubian" se décline en livre, en film et en série télévisée. L’œuvre fait scandale depuis le milieu des années 2000 car elle présente une image critique de l'Egypte de Moubarak.

A un an de l’élection présidentielle, qui sera un moment clé dans l'histoire de l'Egypte, El Aswany ne se prive pas de défier le régime vieillissant d'un président Hosni Moubarak âgé de 81 ans, dont la santé est de plus en plus fragile.

Le roman dresse le portrait des habitants d'un bâtiment du centre du Caire, avec un thème à chaque étage : pauvreté, montée de l'islamisme, homosexualité taboue, liberté d'expression bafouée, violence du régime.
Ces sujets font la une des quotidiens égyptiens en cette période préélectorale.
Hosni Moubarak se représentera-t-il à la présidentielle après trois décennies au pouvoir ou tentera t il d'imposer son fils Gamal?

Nos reporters ont interrogé Alaa El Aswany sur son engagement intellectuel et politique. Ils l’ont suivi à l'aéroport lorsqu'il va accueillir en héros le plus crédible des candidats potentiels contre la dynastie Moubarak: Mohammed El-Baradei, prix Nobel de la paix et ancien patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique.

Notre équipe a filmé le Caire avec le regard d'Alaa El-Aswany. Elle est allée à la rencontre des "vrais personnages" de l'Immeuble Yacoubian. Parmi eux, un ancien ministre nostalgique, un télécoraniste radical, un terroriste reconverti, des journalistes en lutte avec la liberté d'expression - l'un d'entre eux a même été torturé en prison pour ses idées - et un auteur, spécialiste du Caire "gay", quartier de la capitale égyptienne qui est supposé ne pas exister.

L'Immeuble Yacoubian diffusé sur Arte-Reportage : Marion Touboul, Ahmed Hassan Sami, Hervé Amoric, Nicolas Hénin
Uploaded by SolasFilms. - News videos hot off the press.

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/arte-reportage/3129320.html

Publicité
11 février 2010

Egypte : Le voile de la discorde

Le niqab ne fait pas l'unanimité chez les musulmans. Et il n'y a pas qu'en Europe que le voile islamique intégral fait polémique. En Égypte aussi. Au nom d'un Islam modéré, la prestigieuse université Al Azhar, la plus grande université islamique du pays, a déjà interdit le port de ce vêtement religieux. L'université du Caire vient à son tour de restreindre cette pratique. Des décisions qui viennent renforcer une circulaire du ministère de l'Enseignement supérieur qui refuse aux étudiantes portant le niqab le droit de résider en cité universitaire. Ces décisions, fortement médiatisées par le pouvoir, ont ouvert une brèche en Egypte entre musulmans modérés et radicaux. Les courants islamistes comme les Frères musulmans s'y sont engouffrés. Ennemis jurés du gouvernement, ils se sont emparés de l'affaire et organisent régulièrement des manifestations. Notre reportage à l'univeristé du Caire.

 

Egyptian islamic veil report on Arte Journal
Uploaded by SolasFilms. - Up-to-the minute news videos.

 

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/3062126.html

Reportage réalisé avec Marion Touboul et Nicolas Hénin

23 février 2009

Répercussions économiques de l'attentat du Khan el-Khalili


Cairo Bombing Report on Arte Info
Uploaded by SolasFilms

Reportage réalisé avec Marion Touboul

16 janvier 2009

Rafah-côté Egypte : Le sort des tunnels après l'attaque israelienne à la Bande de Gaza

Alors qu'une trève se dessine entre le Hamas et Israel, les 15 km de frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza restent fermés. La ville de Rafah est à cheval sur les deux territoires. C'est ici que passent les ambulances et aides humanitaires et c'est ici aussi que s'est développé tout un réseau de tunnels, où passent vivres et armes à destination du Hamas. Reportage à Rafah, côté egyptien.

Gaza Report on Arte Info
Uploaded by SolasFilms


http://www.arte.tv/fr/recherche/2418720.html

Reportage réalisé avec Marion Touboul

15 janvier 2009

Médecins, journalistes et humanitaires aux portes de Gaza

Gaza_1"C'est épouvantable. On vit un vrai cauchemar. On est à quelques mètres des bombardements, et on ne peut rien faire !" Cela fait deux jours que Jean-Louis Roche, médecin d'ADFS (association pour le développement de la santé des femmes), et ses trois collègues attendent, côté égyptien du point de passage de Rafah, de pouvoir entrer dans la bande de Gaza. Leur seul espoir : le cessez-le-feu qui semble se dessiner entre le Hamas et Israël.

A leurs côtés, d'autres font aussi les cent pas, téléphone portable en main. Ce sont des journalistes venus du monde entier. Certains arrivent juste d'Israël où l'accès à la bande de Gaza leur a été refusé. Dans l'espoir de pouvoir passer, ils portent, comme vissés au dos, d'énormes sacs. A l'intérieur, tout un attirail pour pouvoir informer le plus rapidement possible : téléphones satellitaires, câbles vidéo, ordinateurs...

gaza2Robert Ménard, ancien secrétaire général de Reporters sans frontières, s'agite dans tous les sens. A la tête du centre de Doha pour la liberté de l'information, il est venu avec 17 journalistes de diverses nationalités. "Nous sommes là pour deux choses : arrêter le blocus de l'information en permettant à des journalistes étrangers de témoigner ; et distribuer à nos confrères palestiniens de quoi travailler. Nous avons avec nous des caméras, des gilets pare-balles, mais aussi du papier, des stylos... Des choses qui paraissent simples, mais dont ils sont dépourvus."

gaza4Les seuls à pouvoir entrer à Gaza sont les dizaines de camions d'aide humanitaire venus, eux aussi, du monde entier. Couvertures, sacs de farine ou de sucre et même fauteuils roulants seront, dans quelques heures, au coeur de Gaza-ville. Alors que leurs chauffeurs patientent, d'autres véhicules, eux, se pressent. Ce sont les ambulances égyptiennes et palestiniennes de retour des hôpitaux de Gaza. A leur bord, des hommes, des femmes, mais aussi de jeunes enfants dont les mines, épuisées, témoignent de l'horreur qu'ils viennent de vivre. Parmi eux, Ahmed, 30 ans, accompagne un adolescent au visage entièrement bandé. "C'est mon neveu. Il est brûlé au troisième degré. Un missile s'est abattu sur notre immeuble de quatre étages. Toute ma famille vivait à l'intérieur. Quatre sont morts."

Une fois les blessés évacués, une cinquantaine par jour, les ambulances palestiniennes repartent chargées d'équipements médicaux : seringues, médicaments, ustensiles de chirurgie...

Il est cinq heures du soir. Une détonation vient de se produire de l'autre côté de la frontière. La trêve quotidienne de trois heures vient de se terminer. Les F-16 israéliens lézardent désormais le ciel. Une véritable pluie de missiles s'abat sur Gaza.

Article écrit avec Marion Touboul exclusivement pour le site de la revue La Vie...publié le 15 janvier sur le site http://www.lavie.fr/l-hebdo/une/article/0902-medecins-journalistes-et-humanitaires-aux-portes-de-gaza/retour/11/hash/f68e913e34.html

Publicité
28 janvier 2004

Policiers et civils unis pour surmonter la catastrophe

La catastrophe, causée par l'ecroulement lundi soir de l'immeuble de la banlieue du Caire à Medinet Nasr, a uni policiers et civils autour d'un seul objectif :  Surmonter cette tragédie. La police, qui la veille encore, le 25 janvier, etait parée de toutes ses décorations et se préparait à célebrer sa fête a été affligée par la perte de 13 de ses éléments , 4 officers et 9 soldats, ayant péri sous les décombres de l'immeuble éffondre.
6dcf100a_b218_11dc_be76_e77d1c5e1800
Vers 20 heures, lundi, un entrepôt, situé en bas de l'immeuble de onze étages de la rue Abbas el-Akkad à la cité Nasr (est du Caire), a pris feu. L'incendie, s'étant révéle gravissime, les forces de la Défense civile n'ont pas perdu une minute pour évacuer les locataires. 45 minutes plus tard l'immeuble s'est effondré alors que des policiers étaient toujours à l'interieur. Une centaine de personnes qui se trouvaient dans le bâtiment ont pu ainsi être sauvées, alors que 13 policiers avaient rendez-vous avec la mort, le sacrifice étant leur devoir. Temoins de cet héroisme émouvant et profondément touchés par ce sacrifice, les citoyens se sont precipités pour apporter leur soutien aux policiers. Les forces de la défense civile ont ainsi gagné du renfort. Les lieux ont été transformés en une ruche d'abeilles : Chaque citoyen faisait de son mieux pour aider les policiers à retirer les corps des victimes, les éléments de la Défense civile s'efforcaient de dégager leurs collègues des décombres dans l'espoir de les sauver. La joie gagna ces derniers en retrouvant un de leurs collègues vivant, deux heures après la catastrophe. Mais avec le temps, l'espoir de trouver des rescapés à commencé à se dissiper.

Un des policiers a dit avoir entendu les appels au secours de l'officier Amer Omeira qui ne tarda pas à mourir. "J'ai pleuré car il était mort", a ajouté le policier. Ebeid Ahmad a souligné: " Sans le sacrifice de la police, son intervention à temps et l'évacuation rapide des locataires, le bilan des victimes de l'accident se serait alourdi' d'autant plus que la rue Abbas el-Akkad est une rue commerciale bondée, notamment avec l'approche de la fête du grand bairam (fête du sacrifice).

Animés par cet esprit de sacrifice qui dicte aux fidèles un devoir de générosité envers les autres, des femmes distribuaient des sandwiches aux soldats et aux officiers en quête de survivants, alors qu'un vieillard, aidé de sa canne, et son petit-fils distribuaient des bouteilles d'eau. Plus loin, un groupe de jeunes offraient des jus et des fruits aux soldats. Amina, une habitante de la rue a souligné que c'était un devoir :" Nous sommes tous des Egyptiens et nous apprécions le sacrifice des policiers martyrs... Ceux qui travaillent sur place sont fatigués"-a-t-elle dit. "Nous sommes très croyants et savons que cette catastrophe peut arriver a tout moment. Que Dieu nous aide et que nous puissions toujours trouver quelqu'un à nos côtés au moment des catastrophes".

Sayed al-Amine, qui travaille dans un magasin proche de l'immeuble effondre, a dit que le magasin s'était transformé en un office de services à la disposition des soldats et des officiers sur les lieux. La pharmacie, située en face de l'immeuble, a soigné gratuitement les officiers et les soldats blessés... alors qu'un magasin de téléphones a mis ses appareils au service des sinistré, gratuitement. "Tout le monde s'est mobilisé pour le devoir", a dit al-Amine. "C'est le vrai visage de l'Egypte". Alors que les buldozers degageaient les ruines, la sonnerie d'un portable a retenti sous les décombres, un élément de la defense civile a crié "Arretez", les quatre buldozers sur place ont étés reduits au silence et tout le monde s'est précipité vers le son avec l'espoir de reperer un rescapé... Mais en vain. Sur le trottoir en face de l'immeuble effondré, un homme assis stupéfait sous le choc refusait de parler. Cet homme est un des proprietaires de l'immeuble... Il vient de perdre son fils dans cette catstrophe, l'autre fils est hospitalisé, alors que le troisième a disparu et se trouverait peut-être encore sous les décombres. D'autres personnes, pris de panique, se precipitaient vers les journalistes alertant que d'autres immeubles, en conflit avec la loi, dans ce quartier risquaient le même sort si les services de sécurite ne prenaient pas les mesures adéquates. Jeudi, le Président de la République a chargé le gouvernement de détruire les bâtiments en infraction aux frais des propriétaires et de traduire au parquet toute negligence à ce sujet.
   

1 juillet 2003

Mariages mixtes : les frontières de l'amour

En Egypte comme ailleurs, l'amour fait parfois fi des passeports. Si les couples mixtes témoignent d'une relation amoureuse enrichissante, les obstacles ne manquent pas : le décalage culturel et les contraintes religieuses ne sont pas les moindres.

Un soir, dans une boite d'Helsinki, Zaza rencontre une belle Finlandaise. Une histoire d'amour débute, conclu par un mariage !!! Et un divorce quatre ans plus tard. "Elle s'est converti à l'islam et elle est devenue plus pratiquante que moi, je ne suis plus le musulman qu'elle cherche parce que je bois de l'alcool et ne suis pas le ramadan régulièrement", explique le jeune homme, 31 ans, dont les parents appartiennent au corps diplomatique.

Le temps qu'a duré leur union, le couple a passé les deux premières années en Egypte et les deux suivantes en Finlande. Un monde sépare les deux cultures. "Ici nous entamons de petites discussions sans aucun problème avec des gens croisés dans la rue. Là-bas l'individualisme domine, l'hiver dure et les grandes distances qui séparent les gens les uns des autres dans certaines régions n'aide pas", explique Zaza. Selon lui, les Finlandais sont de nature timide et se méfient les étrangers. "Ils sont mal à l'aise lorsque quelqu'un les approche à moins d'un mètre, ce n'est pas un hasard si j'ai rencontré mon ex-femme dans une discothèque où ils s'évadent dans l'alcool pour surmonter leur timidité". Aujourd'hui, Zaza a une nouvelle amie finlandaise, "mais hors de question de renouveler l'expérience du mariage pour l'instant ".

Délicat concubinage Madiha, 53 ans, exerce la profession d'interprète. Veuve d'un français épousé en 1981, elle estime de son côté que rencontrer quelqu'un est, en Egypte, bien plus difficile qu'à l'étranger, à cause de "la tradition et de la pression sociale qui enferment les jeunes filles dans un carcan". Madiha a fait connaissance avec Gérard, son futur mari, en août 1979 à l'hôtel Méridien. Elle croyait qu'il avait besoin d'une interprète et s'est présentée à lui. Subjugué, lui qui devait partir le lendemain, lui demande de l'accompagner à l'aéroport puis de l'attendre un mois, sans prendre d'engagement professionnel. Au bout d'un mois, il lui téléphone et lui avoue son amour sans de venir la retrouver. Deux ans s'écoulent avant que les deux tourtereaux ne décident de se marier. Respectueuse de la tradition, elle attend ce jour pour se donner à lui : "notre relation devenant de plus en plus forte, nous avons ressenti le besoin de nous marier. L'amour en Egypte passe par le mariage il n'existe pas d'autres formes de vie commune comme en Occident. Et mon éducation et ma culture m'interdisaient de franchir le pas avant". Selon Madiha, Gérard a accepté ces conditions puis s'est converti à l'islam plus par conviction que par nécessité pour épouser la femme de sa vie "il n'a subi aucune pression, il y est venu naturellement".

Kareem et Anne, 27 et 26 ans, sont de jeunes mariés. Ils se sont rencontrés au cinéma, présentés l'un à l'autre par une amie commune. "Ce fut le coup de foudre, se souvient Anne. Moi qui a vécu la plus grande partie de ma vie dans des pays musulmans en raison du travail de mes parents, je ne pense pas que j'aurais trouvé quelqu'un qui me corresponde autant en France. Je me sens multiculturelle et j'ai du mal à trouver la même mentalité là-bas, Kareem est cosmopolite et me permet de rester proche de l'Orient".

Le pouvoir des familles Alors la rencontre et le souhait de se marier, il faut encore convaincre les familles d'accepter cette décision. Nombreuses sont les familles égyptiennes qui s'opposent au mariage mixte par craintes des difficultés juridiques causées aux enfants et des différences culturelles, religieuses et sociales. Anne a eu la chance de tomber sur un homme et une belle-famille très ouverts : "La seule chose qui les a dérangés, c'est que nous vivions ensemble avant le mariage, c'était un peu la catastrophe pour eux. Sinon, je les adore et ils m'adorent".

Souvent, des relations naissantes entre Egyptiens et Européennes échouent car certains hommes souhaitent les modeler à l'image que beaucoup se font de la femme. Une sorte de propriété, qui doit abandonner ses velléités d'indépendance, ne pas sortir sans leur accord, s'habiller "correctement" et éviter de parler aux autres hommes. Mohammad Sabri, 49 ans, guide touristique, a été marié pendant sept ans avec une Allemande rencontrée au musée égyptien. "Ma famille avait raison de me dire de ne pas le faire, aujourd'hui, je suis divorcé et je ne vois plus mes deux petites filles", regrette-t-il. "Elle est partie parce qu'elle ne supportait plus la vie et les traditions égyptiennes", glisse-t-il. Un départ en catimini. Sans le prévenir, en demandant refuge à l'ambassade d'Allemagne avant de s'envoler pour Berlin.

La même histoire est arrivée à Mohammad Gamal, 52 ans, importateur de produits occidentaux. Sa femme italienne a aussi quitté l'Egypte avec leurs deux enfants, une fille de 20 ans et un garçon de 16. Les deux hommes ne savent même pas où leurs enfants vivent désormais malgré leurs appels à l'aide répétés auprès du ministère des Affaires étrangères égyptien. Mohammad Gamal avoue s'être marié pour faciliter son business. "Je l'ai rencontrée à Florence, j'avais besoin de la nationalité italienne pour aller et venir en Italie sans tracasseries, je ne l'aimais pas spécialement", raconte-t-il. Le couple s'est installé en Egypte et a tenu 10 ans. "Je ne voulais pas divorcer pour ne pas gêner la vie de mes enfants", explique Mohammad, qui n'a plus le droit de se voir délivrer un visa par l consulat italien. "J'ai tout perdu puisque je n'ai pas réussi à obtenir la nationalité et que je suis privé de mes enfants ", résume-t-il sans ciller.

imagesReligion et éducation Contrairement à Mohammad Sabri, Zaza n'a rencontré aucune difficulté à convaincre sa famille d'accepter son mariage. "Les Egyptiens sont un peuple qui a été mélangé aux Grecs, aux Romains, aux Persans, aux Arabes, aux français, aux Turcs et aux Anglais. Il n'est donc pas question de parler de difficultés à propos du mariage mixte l'idée même de racisme nous est étrangère", pense-t-il. Chez lui en tout cas, les mariages mixtes sont monnaie courante : son frère aîné a épousé une française et un de ses cousins a fait sa vie avec une Américaine. "C'est banal, déclare Zaza, mais pour que le mariage réussisse, il faut se mettre d'accord sur des questions comme la religion et l'éducation des enfants".

Anne et Kareem ont décidé d'élever leurs enfants dans les valeurs musulmanes. "Je souhaite leur inculquer les principes de l'Islam, mais ensuite ce sera à eux de décider si cela leur convient ou non", explique-t-il. Anne, de son côté, est athée mais, remarque-t-elle, "le fait de vivre avec quelqu'un qui a autant la foi m'a fait évoluer et remettre en question beaucoup de choses".

Son athéisme ne change rien pour Kareem. "Certaines personnes de ma famille auraient préféré que j'épouse une musulmane mais j'aime Anne, dit-il. Elle a tout ce que je cherche et elle sait me comprendre puisque nous sommes tous les deux artistes. En plus, les filles égyptiennes n'ont souvent pas assez de personnalité, elles restent trop liées à ce que pensent et font papa et maman".

Selon le Coran, les musulmans peuvent se marier avec des chrétiennes et des juives, mais les enfants de cette union seront musulmans... Le contraire est interdit, une musulmane ne peut pas se marier avec un non-musulman. Même si son mari s'est converti à l'Islam, Madiha a dû convaincre sa mère, ses sœurs et ses frères de la justesse de son choix. "En Egypte, on se marie avec la famille, je ne voulais pas la frustrer ou me fâcher en décidant sans leur accord", se souvient-elle. Madiha a donc manœuvré pour que Gérard puisse venir chez elle et se faire accepter. "Je servais d'interprète entre ma mère et Gérard mais mes frères et sœurs sont francophones. Le problème était Maman. Au bout d'un certain temps, Gérard a fini par lui avouer l'objectif de ses visites : demander ma main. Maman a simplement dit que la décision était la mienne".

Grand écart Madiha s'est mariée par amour. Mohammad Gamal par intérêt, d'autres ont choisi l'union à une étrangère par frustration. Tel Mohammad Sabri. "J'étais obsédé par la liberté sexuelle occidentale. Au début, j'ai voulu ne relation sans lien aucun, simplement pour répondre à mes besoins physiques et psychologiques. Avec le temps, j'ai cru que c'était ça l'amour... je lui ai donc proposé le mariage". Ensuite, ce fut l'enfer en raison du gouffre culturel entre sa femme allemande et lui. "Je n'avais jamais connu d'étrangère avant et c'était ma première expérience".

Zaza, de son côté, explique que le mariage mixte a l'avantage de la simplicité, comparé au mariage avec une Egyptienne, trop compliqué. "Les statistiques sur la réussite des mariages mixtes sont décourageantes, c'est vrai, mais les filles égyptiennes charrient... Elles sont devenues matérialistes au moment où le pays souffre économiquement, regrette-t-il. De plus, certains parents considèrent leur fille comme un article lancé sur le marché et pensent au mariage comme à un business pour améliorer leur statut social". Il précise les innombrables obstacles : dote faramineuse, cadeau de mariage, noces, sans oublier l'appartement, les meubles et l'électroménager. "Le mariage avec une étrangère est moins coûteux, c'est un mariage humain... Seules une bague et une petite fête suffisent".

Néanmoins, il est plus compliqué administrativement de se lier à une étrangère. Pour être valable dans les deux pays, le mariage dans le cas d'un couple mixte doit être enregistré à la fois au consulat et au Service général égyptien de notariat en présence de deux témoins, alors que pour un couple égyptien, le mariage n'est enregistré que par le Mazoun (équivalent du prêtre pour les chrétiens) en présence de deux témoins.

Le couple doit aussi en Egypte affronter le regard réprobateur des autres. Suzi, 70 ans, une Française athée d'origine juive divorcée d'un Egyptien, raconte son expérience. "Ici, je suis obligée de cacher mon origine pour ne pas susciter la confusion entre le judaïsme et l'Etat hébreu. Je me dis chrétienne pour que les gens me foutent la paix !" Elle ne revient en Egypte que pour son affaire de location d'appartements, dont le partage des revenus a été la pomme de discorde qui a mené à son divorce.

Zaza est d'accord pour stigmatiser l'intolérance de certains de ses compatriotes. "Ici, toute blonde est considérée comme une femme de peu de vertu du simple fait d'appartenir à un pays occidental", dit-il. "Ces considérations sont regrettables, lance Madiha. L'amour c'est l'amour, je me suis mariée avec Gérard parce que je l'aimais. Point. Il ne devrait pas y avoir des préjugés".

Choc de cultures Quant à la vie quotidienne, Zaza admet qu'il faut peut-être faire plus de concessions quand on épouse une étrangère. "En Finlande, les femmes sont numéro un, elles ont les postes-clés au gouvernement par exemple. Heureusement, je me suis marié en Egypte et nous y avons vécu quelque temps, ce qui a aidé mon ex-épouse à comprendre qu'un Egyptien n'acceptera jamais que sa femme porte la culotte".images2

Fatima, 24 ans, Franco-marocaine, a eu plusieurs petits amis égyptiens : "On dit que l'amour efface les différences culturelles, oui, mais avec le temps, elles réapparaissent. Quoique l'on dise, très peu de vrais mariages mixtes réussissent, il y a toujours un des deux qui doit accepter et faire des concessions mais jamais les deux..."

Madiha aussi a dû s'adapter à des comportements différents à son arrivée sur le sol français. "Faire la bise, le concubinage ou les enfants naturels, c'était vraiment bizarre pour moi, au départ". Ou encore la possibilité de sortir seule. "En Egypte, une femme ne doit pas aller au cinéma seule, ce n'est pas interdit, mais c'est la coutume. Toutes sortes de sorties sont réservées aux hommes ou aux femmes accompagnées". Selon elle, un mariage mixte, "c'est comme porter une veste de coutumes et de traditions. Il faut savoir quand la garder et quand l'ôter".

La seule chose qu'elle regrette, c'est que son mari, pourtant fier de la présenter à ses amis comme Egyptienne, lui demandait d'oublier parfois son caractère oriental. "Mais moi, dit-elle, je ne pouvais pas renoncer à ma culture, je n'ai jamais songé à le faire. Il y avait des choses impossibles à accepter pour moi, par exemple : vivre en concubinage avec lui. Une fois aussi, un ami est venu lui rendre visite alors qu'il n'étais pas là. Je lui ai demandé de ne pas monter, il était inconcevable de le recevoir alors que j'étais seule. Lui, il s'est moqué de moi et mon mari m'a traitée de folle".

Madiha a ainsi passé une bonne partie de sa vie en France à parler français mais à penser égyptien. Et après avoir partagé sa vie avec un Français, le retour en Egypte n'a pas été facile : "La femme française est traitée à part entière, c'est un être humain à 100%. Je voulais tirer les conséquences de cette liberté que j'avais connue en tant que femme en revenant en Egypte. Ici, immédiatement, je me suis fait traiter de Française. C'est pour cela que j'ai peur de refaire ma vie avec un Egyptien, je suis sûre que je devrais renoncer à cette liberté", regrette-t-elle.

Fatima a mesuré la difficulté de se comprendre lorsque chacun est pétri par sa langue et sa culture. Pourtant, arabophone, elle explique : "Le malentendu linguistique est fréquent, un mot mal compris et tout peut basculer. D'autant que les Egyptiens s'emballent très vite et ne cherchent pas à discuter ou à trouver une solution au problème avant de décider que tout est fini. Les Français cherchent plus à analyser le pourquoi et le comment du problème avant d'agir".

Même Madiha, avec sa maîtrise parfaite de la langue française, reconnaît : "Il y a un décalage. Il faut plus de temps pour comprendre ou se faire comprendre, contrairement à un couple de la même culture qui peut utiliser des sous-entendus. Et en même temps c'est une richesse d'être obligés de se parler beaucoup..."

Nationalité des enfants Patrick, coopérant au Caire, va, lui, bientôt épouser une Egyptienne. Converti à l'Islam dès avant sa rencontre avec Leila, il a su vaincre les réticences de sa famille. "Ici, la fille est comme un trésor, il faut bien connaître la mentalité pour savoir comment se comporter, mais il y a toujours des espaces de liberté pour se voir rien qu'à deux".

Ne pas vivre avec elle avant le mariage ne le dérange pas plus que ça : "Je ne crois pas que ce soit un préalable indispensable, je pense vraiment la connaître suffisamment bien. Mais bon, c'est sûr que la vie à deux ne sera pas toujours évidente car nous avons quand même eu des éducations très différentes. L'avantage, c'est qu'elle est francophone et moi arabophone, nous connaissons bien nos cultures respectives et il n'y a pas de décalage à ce niveau". S'il a des enfants avec Leila, ces derniers ne pourront pas obtenir la nationalité égyptienne. En effet, les enfants nés de mère égyptienne et père étranger en sont privés.

Nahed, 39 ans, mariée avec un Libanais, trouve cela injuste : "Et cela peut avoir des retombés sur des générations. Si nous n'avons que des garçons, mes descendants ne seront plus liés à mon pays". Pour changer les choses, il faudrait faire évoluer la constitution du pays. La volonté politique n'est pas encore très affirmée même si des projets sont en cours. "De plus, reprend Nahed, c'est très grave pour l'éducation et sur le plan financier puisque mes enfants sont considérés comme des étudiants étrangers et doivent payer des droits d'inscription faramineux".

Les obstacles inhérents au mariage mixte n'empêchent pas ceux-ci de se multiplier. De toute façon, comme le dit le proverbe égyptien : "Le mariage est comme une pastèque qu'on doit couper et goûter pour en connaître la valeur", et ce, quelle que soit l'origine de la pastèque, égyptienne ou étrangère.

Article écrit pour la magazine francophone égyptienne La Revue d'Egypte juillet/août 2003

Publicité
<< < 1 2
Points de Vue
Publicité
Newsletter
Publicité