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31 décembre 2010

Le Classico al-Ahly/Zamalek...Un match décevant

RFI Sports :

Ahly_Zamalek

Ahly_Zamalek_2





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26 décembre 2010

Bilan du football Egyptien en 2010

Angola_2010_Logo

 

La_Selection_Egyptienne


RFI SPORTS

25 décembre 2010

La danse du ventre au Caire

Quand on est Egyptienne, vouloir être danseuse du ventre professionnelle au Caire est un vrai parcours du combattant. Il faut souvent affronter ses proches qui jugent indécent le fait de monter sur scène en laissant apercevoir quelques centimètres de peau et l'expression de la féminité.

BONUS WEB

Interview de Mohamed Abdel Qodous

Mohamed Abdel Qodous est journaliste et membre des Freres Musulmans. Il est issu d’une grande famille d’intellectuels. Son père Ihsan Abdel Qodous était un écrivain célèbre des années 50 jusqu’aux années 90 qui aimait dans des livres très provocateurs parler des rapports intimes, des femmes, de leur corps. Sa grand-mère, Rose Al Youssef, était une grande féministe. Elle a été actrice avant de devenir journaliste.

De par cet héritage, Mohamed Abdel Qodous a un regard particulier sur l’art et la danse du ventre en particulier… Marion Touboul et Ahmed Hassan Sami l’ont rencontré dans son appartement au bord du Nil dans le quartier chic de Zamalek, au Caire.

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/arte-journal/3614182.html

20 décembre 2010

Eto'o meilleur joueur africain de 2010

RFI Sports : 60221598



19 décembre 2010

Eto'o, Drogba et Gyan, qui sera le roi de la CAF AWARDS 2010

RFI Sports :

Eto_oDrogba
 


RFI Sports

Gyan

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3 décembre 2010

Les coptes sont-ils opprimés?

Alors que l'islamisation gagne du terrain en Egypte, les coptes – les chrétiens d'Egypte-,  sont de plus en plus nombreux à quitter le pays. Ils se disent victimes, en Egypte, d'une discrimination de plus en plus forte de la part des musulmans. Certains vont jusqu'à dire qu'ils sont « oppressés »...

"Les armes emmagasinées par les coptes dans leurs églises ne peuvent avoir d'autre objectif que d'être utilisées à l'avenir contre les musulmans (...). L'Eglise se prépare à une guerre contre les musulmans. (…) Il existe un effort continu, organisé et systématique pour se préparer au jour où sera réclamée la scission de l'Egypte en deux pays : l'un pour les coptes et l'autre pour les musulmans". Ces propos saisissants sont ceux prononcés par Mohammad Selim el-Awwa, secrétaire général de l'Union internationale des étudiants musulmans, sur la chaîne Al Jezira en octobre dernier. Quelques semaines avant cet entretien, le père Bishoï, le bras droit de Chenouda III, le pape des coptes lançait dans les lignes du grand quotidien égyptien Al-Masry Al-Yom "Les musulmans sont des hôtes en Egypte". Une phrase dont le pape, en personne, s'est excusé quelques jours plus tard. Cette bataille, par médias interposés, de petites phrases qui fâchent, est révélatrice des tensions actuelles entre musulmans et coptes en Egypte.

COPTESLa montée de l'extrémisme : La minorité copte représente moins de 10% de la population égyptienne. Dans les années 60, chrétiens et musulmans vivaient en harmonie. Aujourd'hui, la cohabitation est nettement plus problématique.
L'islamisation gagne du terrain en Egypte à travers les médias et l'école et les coptes se sentent de plus en plus à l'étroit. Pour "marquer" leur différence, les chrétiens ont maintenant systématiquement tatoué, dès le plus jeune âge, une petite croix à l'intérieur du poignet. De même, leurs téléphones portables sont souvent recouverts d'autocollants de Jésus ou de la Vierge Marie et, quand ils retentissent, c'est souvent une sonnerie religieuse qui s'en échappe. Ainsi, dans les rues, les transports en commun, il est facile de reconnaître les chrétiens des musulmans.

Mercredi matin devant la cathédrale des coptes, dans le quartier d'Abbassiya, au Caire. "Vous ne pouvez pas rester devant ces portes", nous lancent gentiment mais avec fermeté deux gardes armés, postés à l'entrée du lieu de culte. John, un jeune chrétien de 20 ans, vient nous voir. "C'est pour votre sécurité. Les musulmans sont fous. Ils pourraient avoir envie de poser une bombe devant notre église. Et puis on doit se méfier du gouvernement. C'est lui qui organise des kidnappings de petites filles chrétiennes pour lui convertir en musulmanes. Tout cela dans le but de nous oppresser", note-il dans un anglais parfait, preuve qu'il est issu d'un milieu relativement aisé. John habite à deux pas de l'église. Il s'y rend plusieurs fois par semaine, que ce soit pour une réunion paroissiale ou pour la messe. C'est aussi dans le cadre de l'église qu'il trouvera sa future femme, une copte orthodoxe, comme lui.

Cette attitude de paranoïa agace Georges, un autre copte d'une trentaine d'années, rencontré dans un café du Caire. "Le problème avec la grande majorité des chrétiens, c'est qu'ils ne fréquentent que des chrétiens, qu'ils font leurs courses dans des épiceries coptes, qu'ils vont dans des écoles tenues par l'église... Pas étonnant qu'après ils deviennent parano". Pour Georges, sa communauté est en grande partie responsable du climat de tension actuelle : "Ils ont l'impression que les musulmans complotent derrière leur dos, qu'ils veulent tous les tuer alors que c'est faux. Oui, il est vrai que les chrétiens sont discriminés. Construire une église est par exemple très difficile  alors que l'autorisation pour bâtir une mosquée s'obtient en une heure. Mais ça s'arrête là. Il leur suffirait de faire l'effort d'aller vers les musulmans pour en être convaincus. Une grande partie de mes amis sont musulmans et tout se passe très bien". 

Si la sécurité a été renforcée aux portes des principales églises du Caire, c'est en réponse à la fusillade de Nagaa Hammadi, une petite ville de Haute-Egypte. Le 7 janvier 2010, jour de Noël orthodoxe, six coptes sont abattus à la sortie de l'office de minuit. Les agresseurs agissaient en représailles au viol d'une jeune musulmane par un copte de cette paroisse. Ce massacre a été un traumatisme pour les chrétiens d'Egypte qui ont, dès lors, organisé des manifestations au Caire pour protester contre le fait que les autorités ne protègent pas assez leur communauté.

Shérif Albert, un journaliste copte au Caire, a été outré par cette recrudescence de violence. Il n'en est pas moins critique par rapport à la réaction exagérée de sa communauté : "Ce qui se passe en Haute-Egypte n'a rien à voir avec la situation des coptes ailleurs dans notre pays. Là-bas, c'est encore des règles tribales qui prévalent. Quand une famille est victime d'un déshonneur, en cas de viol notamment, elle doit se venger. La religion n'a rien à voir là dedans. La même chose ce serait passée s'il s'agissait de deux familles musulmanes".

La conversion : Dans ce contexte de tension entre les deux communautés, les conversions sont rares. Tel aurait pourtant été le désir d'une jeune copte, Kamilia Sheheta, mariée à un prêtre, dans la ville de Minya, en Moyenne Egypte. La jeune femme a quitté le foyer après une banale dispute conjugale en juillet dernier. Après quoi, les versions divergent. Selon ses proches, elle aurait été kidnappée par les musulmans qui voulaient la convertir. Selon les musulmans, Kamilia aurait cherché à se convertir à l'islam depuis un an et demi mais n'y parvenait pas. C'est pour cela qu'elle aurait quitté son famille pour Le Caire, afin de trouver refuge dans une mosquée et se convertir pour de bon. Après plusieurs semaines de fuite, les autorités ont retrouvé Kamilia et l'ont remise à l'Eglise qui garde encore jusqu'à présent la jeune fugueuse dans un lieu tenu secret de sorte à faire oublier l'affaire.

La conversion d'un seul de leur membre est perçue comme une immense trahison pour les chrétiens. En 2003, l'histoire s'était déjà produite avec une autre femme de prêtre, Wafaa Constantine. Sa communauté avait organisé une grève de la faim pour exiger que les autorités la retrouve. Aujourd'hui de retour dans sa paroisse, Wafaa ne s'est pas exprimée pour savoir ce qui s'était passé. A-t-elle réussi à se convertir ? Personne ne peut l'assurer. Pour Ayman Sabet, un traducteur copte, la conversion d'un chrétien vers l'islam est vécue comme une vraie trahison par l'Eglise : "Sept années se sont passés entre les deux affaires. Est-ce qu’il  n’y avait pas d’autres cas de conversion ? Bien sûr que si. Mais il n’y a pas eu tout ce bruit. Les chrétiens se sont sentis blessés dans leur amour propre parce qu'il s'agissait de deux femmes de prêtres. Quand il s'agit de gens inconnus, ma communauté s'en moque".


COPTESLes chaînes religieuses à l'origine de la propagande : Lors de la disparition de Kamilia Sheheta, les premières à avoir attisé la haine ont été les chaînes de télévisions religieuses, qu'elles soient chrétiennes ou musulmanes.  "Le terme "fous d'Allah" ne s'applique pas seulement aux musulmans. Comme il y a télécoranistes, il y a aussi des chrétiens malveillants qui sévissent sur les chaînes de notre communauté", poursuit Ayman Sabet.

Autre critique faite à l'égard de ces chaînes de télévision coptes, comme El Hayat (basée à Chypre) : Elles sont souvent financés grâce aux dons de chrétiens, issus de la diaspora, en Amérique essentiellement. Une réalité très critiquée de la part des musulmans mais que défend Shérif Albert : "C'est une mode. Comme toutes les minorités en Egypte (les bahaïs, les bédouins, les nubiens), ma communauté essaie d'émouvoir l'Occident. Elle se plaint d’oppression ou de marginalisation pour tirer profit de la « mondialisation des droits de l’homme". En revanche, Ayman Sabet déplore cette solution : "Selon moi, s'ils ont vraiment un problème en Egypte, c'est ici qu'ils doivent trouver du soutien, et non aller chercher du côté des Etats-Unis. Surtout que l'Occident ne cherche que son propre intérêt".

Coïncidence ou non, plus les tensions entre les deux communautés ne s'accroissent, plus les chrétiens sont nombreux à se rendre les week-ends dans les monastères égyptiens vieux de 15 siècles, qui avaient pour certains disparus sous les ruines. La plupart se trouve à Wadi Natroun, une vallée sur la route entre Le Caire et Alexandrie. Là bas, les "Pères du désert" accueillent les fidèles et répondent à leurs petits tracas quotidiens.  Christiane, une jeune cadre Cairote, y passe une journée par mois pour chercher la "baraka", la bénédiction. Aujourd'hui, elle est venue pour bénir sa nouvelle voiture mais aussi allumer des cierges pour ses amis et collègues de travail, "qu'ils soient coptes ou musulmans".

Que signifie copte ?
A l'origine, le mot "copte" vient du mot grec "Aiguptos" et signifiait les Egyptiens. Quand les Arabes musulmans sont arrivés en Egypte, ils ont utilisé le mot "copte" pour designer les habitants de l'Egypte, qui était majoritairement chrétiens.
Alors le terme copte, qui avait à l’origine un sens ethnique, s’est chargé d’un sens religieux. Il signifie aujourd'hui les chrétiens d'Egypte.


Dates phares dans les affrontements entre musulmans et chretiens

6 novembre 1972 : Des musulmans brûlent les locaux de "l'association du Livre Saint" à la ville al-Khanka (nord du Caire) parce que des chrétiens y ont fait la prière dans le but de la transformer en église sans permis préalables.
Le 8 novembre, les musulmans organisent une marche de protestation. Un chrétien tire sur les manifestants, ce qui a poussé ces derniers à brûler la maison du chrétien ainsi que d'autres bâtiments appartenant à cette communauté.
12 juin 1981 : Dans le quartier al-Zawya al-Hamra, des musulmans se déclarent propriétaires d'un terrain sur lequel les chrétiens avaient l'intention de construire une église. La bagarre entre les deux communautés dégénère. Les émeutes font 81 morts parmi les chrétiens.
31 décembre 1999 : Dans le village al-Kochh, située à 440 au sud du Caire, des différends entre un marchand chrétien et un client musulman donnent lieu à des accrochages pendant trois jours entre les deux communautés. 20 morts dont 19 chrétiens.
21 novembre 2005 : Des musulmans se rendent à l'église Mar-Girgis d'Alexandrie pour protester contre une pièce de théâtre écrite par les chrétiens qui se moque de l'islam. 1 mort et 90 blesses.
15 avril 2006 : Un musulman poignarde des chrétiens de 3 églises d'Alexandrie. Un des chrétiens décède. Le lendemain, lors de ses funérailles, les accrochages entre les deux communautés font 15 blesses.
21 novembre 2009 : au village de Farshout à Qena, en Haute Egypte, un chrétien kidnappe et viole une fillette musulmane. Les musulmans manifestent et brulent 17 magasins appartenant aux chrétiens.
7 janvier 2010 : Des musulmans ouvrent le feu sur les chrétiens sortant d'une église de Nagaa Hammadi faisant six morts parmi les chrétiens et un soldat musulman. Les assassins voulaient se venger du viol de la fillette musulmane de Farshout.

INTERVIEW CHEIKH MOHAMMAD MOSTAFA
Le cheikh Mohammad Mostafa est prêcheur et imam d’une mosquée salafiste.

Quelle est la différence entre Coptes et Musulmans dans les années 60 et maintenant?
Dans les années 60, et même il y a une dizaine d’années, les deux communautés représentaient le tissu d’un seul peuple. Elles vivaient ensemble sans le moindre problème. Les Musulmans assistaient aux mariages des chrétiens et vice versa. Si quelqu’un, chrétien ou musulman, avait un souci, ses amis et voisins qui appartiennent à l’autre communauté faisaient de leur mieux pour l’aider. Les relations étaient simples. Depuis la fin des années 80 et début des années 90, ces relations ont changé. Cela est du à la hausse d’un certain courant extrémiste dans l’église égyptienne. Un courant qui considère les chrétiens comme un peuple complètement différent des autres égyptiens. On a commencé à entendre des paroles comme « Les chrétiens sont le peuple originaire de l’Egypte », même le numéro 2 de l’église copte orthodoxe, l’évêque Bishoï, a dit que "Les musulmans sont des hôtes". C’est un discours choquant. Chez nous, les musulmans, il y a toujours des sages qui peuvent freiner ceux qui adoptent un discours extrémiste. Mais chez les chrétiens, ce discours vient des hommes de l’église.

Des musulmans, spécialement des salafistes accusent "d’ignorants" (Kafir) les chrétiens, qu’en pensez-vous?
Tous les musulmans voient que les non-musulmans sont des ignorants…mais aussi les non-musulmans voient les musulmans comme des ignorants. La preuve c’est que le Pape des coptes orthodoxes, Chenouda III, a déclaré un jour que celui qui n’est pas chrétien n’ira pas au paradis. Chacun pense que sa religion soit la vraie religion. Mais l’islam nous oblige à protéger les chrétiens. Si les musulmans opprimaient les chrétiens, comment ces derniers y existent toujours et en millions ?

Que pensez-vous du discours dur adopté par certains imams en moyenne Egypte (Menia et Assiout) à l’égard des chrétiens ?
Je ne pense pas qu’un Imam, même le plus extrémiste, peut proférer de mauvaises paroles concernant Jésus ou la Sainte Vierge. L’Islam les respecte. Il y a même une Sourate dans le Coran dont le nom est Mariam.

Mais, les prêtres là-bas disent que les imams incitent les gens à lapider les chrétiennes sur leur chemin à l’église ! Qu’en pensez-vous ?
Si ce que vous dites est vrai, alors ces imams ont complètement tort. Mais je vais dire qu’aucun imam, qui connait bien sa religion ne peut inciter les musulmans à commettre un acte pareil. J’ai peur que ce soit là une rumeur dans le but de donner une mauvaise image des musulmans. Moi, je dis que c’est les chrétiens qui nous attaquent : Le prêtre Zakareya Boutros insulte toujours l’islam dans sa chaine de télévision. Une église à Alexandrie a fait une pièce de théâtre qui se moque de l’islam. Alors, qui provoque qui ?

Est-ce que les salafistes sont tolérants avec les musulmans qui se convertissent au christianisme ?
L’Islam l’interdit, mais personne n’a touché ceux qui l’ont fait. De l’autre coté, voyons ce qui s’est passe avec Wafaa Costantine et Kamelia Chehata qui se sont converties à l’Islam. Les chrétiens ne se sont pas calmés jusqu'à ce que le gouvernement force les deux femmes à retourner à l’église, et depuis, personne ne sait rien sur elles.
Un des problèmes entre chrétiens et musulmans en ce qui concerne le changement de religion vient du christianisme orthodoxe lui-même. Chez eux il n’y a pas de  divorce. Alors ceux qui le désirent n’ont qu’à se convertir à l’islam pour l’obtenir, puis ils veulent retourner au christianisme. La religion n’est pas un jeu.

Comment voyez-vous l’avenir de la relation ?
Je ne suis pas optimiste. Si les chrétiens n’arrêtent pas de provoquer les musulmans et de porter atteinte à la religion musulmane, si l’église n’arrête pas de se comporter comme un Etat dans l’Etat égyptien, la situation entre les deux communautés demeurera toujours tendue.

COPTES
INTERVIEW EVEQUE THOMAS
L'évêque Thomas est responsable de la paroisse d'Al Quosseya, en Moyenne Egypte.

Quelle est la différence entre la situation des coptes dans les années 60 et maintenant ?
On a assisté à la montée de l'islamisation de la société égyptienne. Beaucoup d'Egyptiens musulmans sont partis travailler en Arabie Saoudite et sont revenus avec des pensées comme le salafiste, une vision extrême de leur religion. Les frères musulmans ont pris de l'ampleur et ont contribué à nous séparer. Leur prêche était souvent agressif à notre encontre, ils appelaient à la haine et non au respect. Les rapports entre eux et nous ont commencé à se détériorer. Et puis avec le temps, la démographie en Moyen Egypte a changé. Beaucoup de coptes ont émigré au Caire pour se sentir plus libres de vivre leur foi et trouver du travail. Certains ont commencé à quitter l'Egypte pour l'Amérique ou l'Europe. Ce sont les plus éduqués qui partent actuellement. Du coup, notre statut de minorité, dans le sud, n'a fait que s'accroître avec le temps, créant un déséquilibre avec le nombre de musulmans. Aujourd'hui, à Al Quosseya, pour trois églises, il y a trente mosquées, alors que nous représentons un tiers de la population de la ville.

Les relations entre les musulmans et les coptes dépendent-elles aussi des régions d'Egypte ?
Oui. Au Caire, les relations sont d'ordinaires plus calmes. Les problèmes surgissent la plupart du temps dans les villages du sud du pays, où le nombre d'analphabète est très élevé. Les gens n'ont souvent pas les mots pour exprimer un problème. A l'origine des conflits, on trouve souvent des histoires de territoires, de jalousie, qui n'ont rien à voir avec la religion. Ils dégénèrent ensuite en conflit entre les communautés, mais à l'origine, le problème aurait été similaire entre deux personnes de même religion. Il faut éduquer les gens afin qu'ils aient les mots plutôt qu'utiliser leurs poings.

Les chrétiens ont eu de nouveaux droits, comme un jour férié pour le Noël copte, début janvier, qu'en pensez-vous ?
Cela ne change absolument rien. A quoi ça rime de considérer Noël férié et pas Pâques, qui est aussi un jour très important pour nous. D'autre part, vous ne pouvez pas accordé un jour férié à une minorité et lui refuser, à côté, de construire une église, ce n'est pas logique et ça n'avance à rien.

Etes-vous libres de construire une église ?
Non. C'est très compliqué. Il faut répondre à des critères bien trop complexes. Récemment, le président Hosni Moubarak a tenté d'assouplir ces mesures. Mais en pratique, rien n'a changé. Il manque toujours une autorisation pour pouvoir commencer une construction. J'ai agrandi à Noël notre église et même pour cela je devais demander la permission de responsable de notre région. J'ai du faire sans car il n'a jamais répondu. C'est écœurant car il est très simple de bâtir une mosquée.

Le mois dernier, l'affaire de Kamilia, cette jeune chrétienne qui s'est enfuie de chez elle a fait beaucoup de bruit. Les musulmans ont dit qu'elle avait voulu se convertir à l'islam et que les chrétiens ne l'avaient pas laissé faire.
Personne n'a la même version de ce qu'il s'est passé. Ce que je peux assurer, c'est qu'il n'y a aucun problème pour un chrétien s'il veut se convertir à l'islam. Les tensions se situent sur un plan familial et peuvent être apaisées. En revanche, quand un musulman veut  rejoindre notre église, il est bloqué. Les musulmans ont une loi qui empêche la conversion. Nous, nous en n'avons pas.

Comment voyez-vous l'avenir ?
Les coptes vont continuer à émigrer à l'étranger. C'est inquiétant car notre communauté se vide peu à peu de ses membres les plus instruits. Je reste convaincu que l'on peut résoudre nos problèmes par davantage de rencontres entre les représentants des cultes. L'essentiel est de communiquer, de crever l'abcès quand il le faut.

Article écrit avec Marion Touboul pour le numéro 43 de la revue Le Courrier de l'Atlas (Decembre2010) (PhotosFrançoise Beauguion)

http://www.lecourrierdelatlas.com/emag/2011/NUM043/#/68/

8 octobre 2010

Siwa : Les derniers berbères d'Egypte

"Oui nous parlons le tamazight, oui nous mangeons le couscous, mais nous sommes Égyptiens à 100%". Ainsi se caractérisent les habitants de Siwa, une oasis située à 560 km à l'ouest du Caire et à proximité avec les frontières égypto-libyennes, en plein désert.

the_old_castle_of_siwaEn quittant la côte Nord de l'Egypte et s'enfonçant dans la route goudronnée dans le désert aride, personne n'a l'impression qu'il va découvrir un trésor de beauté. Puis l'on se retrouve subitement devant une étonnante forteresse qui surplombe une colline. Autour, des maisons faites de "karshif", un mélange de terre et du sel. Le "vieux"  Siwa a été à moitié réduit à néant par des pluies diluviennes. La nuit tombée, on se croirait dans la maison de Dracula comme l’on voit au cinéma.

Le matin, on ouvre les yeux sur une immense palmeraie. Une verdure qui cache le désert derrière. On pourrait se croire dans les régions berbères du sud du Maroc et en Algérie.

Siwa, qui compte 25 000 habitants, est le point le plus oriental de peuplement berbère (amazigh) et le seul en Égypte, ce qui confère au lieu une singularité toute particulière.

Siwa, la berbère Les premiers habitants de Siwa sont venus d'Afrique du Nord il y a 12 000 ans. Ils appartenaient à la tribu "Zanatha". On y trouve aussi des Takrours, originaires des berbères noires comme les Touaregs de Mali et du Niger. Leur premier chantier fût à l’époque la construction de la forteresse de Shali, au centre de l'oasis, pour se protéger des attaques des nomades. Puis  ils ont construit le village d'Aghurmi, situé autour du temple d'Oracle, où Alexandre le Grand aurait eu la confirmation qu'il était bien un descendant direct du Dieu Amon.

L'oasis était alors coupée du reste du monde. Elle n'avait aucun lien avec l'Egypte pharaonique. Siwa était surtout connu pour être un point de repos des hommes qui, à dos de chameau, convoyaient les marchandises entre l'Afrique du Nord et l'Orient.

En l'an 708, les Siwis doivent affronter les Musulmans venant de la péninsule arabe pour conquérir l'Egypte. Il faudra attendre le 12eme siècle pour les voir se convertir à l'Islam. De cette époque date l'apparition des premières tribus arabes autour de l'oasis.

En 1926, l'oasis a commencé à s'étendre au-delà de Shali. Suite aux pluies diluviennes de cette année là, les habitants ont commencé à descendre de deux anciens villages et à construire leurs villages actuelles.

Jusqu'à 1975, Siwa était totalement isolée, aucun service n'était disponible. Lors de la visite de l'ex-président égyptien Anwar el-Sadate à Siwa cette année là, les Siwis ont demandé la construction d'une route qui les lie à la ville la plus proche, Marsa Matrouh, sur la côte Nord. Cette route a été achevée dix ans plus tard. A partir de ce moment, la vie des Siwis a changé. "Un hôpital, un bureau de poste et d’autres services gouvernementaux ont vu le jour, se souvient Medhat Hweitti, directeur de l’Office de Tourisme à Siwa, cela a amélioré la qualité de la vie des habitants". Cette route a également aidé l'oasis à être plus accessible pour les touristes malgré tout de même 10 heures de route…

Puisqu'ils vivent au milieu du désert, on pourrait penser que les Siwis sont des nomades, mais c'est en fait une société agricole de premier degré. L'agriculture est l'activité principale de l'oasis. Les habitants y cultivent des dattes, des olives, des fruits.

Les Siwis n'ont jamais été de grands aventuriers du désert. Ils en ont toujours plutôt eu peur. Le Sahara, ils l'ont découvert récemment avec la venue des touristes. "Je l’ai découvert peu à peu il y a dix ans avec mon cousin quand il a acheté son 4X4 et a debuté ses excursions dans le désert qui nous entoure", se souvient Mahmoud Qenawy, un des guides touristiques de Siwa.

Siwa1Une société tribale La société siwie a toujours eu sa propre façon de gouverner, bien loin des lois égyptiennes. De façon générale, les habitants se moquent de savoir quand auront lieu les prochaines élections législatives et présidentielles dans leur pays. A Siwa, chaque tribu a un leader, appelé  "Cheikh". Celui-ci doit être sage et riche. C’est lui qui gouverne le clan. Un conseil des Sages, formé d’au moins 10 personnes représentant les différentes familles de la tribu, aide le cheikh.

Au dessus des cheikhs des tribus, il existait le Conseil des Sages de Siwa (majless al-Ajwad) qui était formé d’un leader et de 40 sages pour gouverner l’oasis. Après l’arrivée des organes gouvernementaux, celui-ci a disparu. Mais, les chefs des tribus ont gardé énormément du poids dans la société siwie, surtout dans le règlement des conflits entre les habitants, grâce au grand  respect que leur porte la population. "Maintenant, les verdicts prennent majoritairement la formes d’amandes qui sont, dans la plupart des cas, distribuées aux pauvres de la tribu", note Cheikh Omar Rageh, 43 ans, chef du clan des Awlad Moussa (fils de Moussa).

Le cheikh représente sa tribu devant le gouvernement et le juge de première instance lors de conflits commerciaux entre les habitants. La décision du cheikh est définitive. Mais selon cheikh Omar, ce fonctionnement est en train de changer : "Maintenant, en raison de l’éducation, certains ne respectent plus le verdict du cheikh et recourent à la justice civile qui applique la loi sans comprendre la société", regrette-t-il. "Celui qui le fait perd le respect de la tribu".

La société siwie a pu contenir, jusqu'ici, les différentes cultures qui l'ont envahies comme les Romains dans le passé et les bédouins arabes maintenant. Les Siwis ont tellement influencé les bédouins que ces derniers, qui vivent dans l'oasis, parlent le tsiwit (un dialecte tamazight qui comprend des mots arabes du dialecte égyptien) et ont presque les mêmes traditions que les berbères. Ils en ont pratiquement adopté le mode de vie siwi.
La famille de Saïd en est l'exemple parfait. La mère est siwie, le père est bédouin, leurs enfants maîtrisent les deux langues, et toute la famille ( 35 personnes !) vit dans une maison typiquement siwie sur deux étages, construite à base d'argile. "Mes enfants et mes petits-enfants ont le visage rude des bédouins avec les yeux verts des berbères", s'amuse le patriarche de 72 ans.

Les siwis ont plusieurs points communs avec les berbères, outre la langue et le couscous. L'architecture de leurs anciennes maisons ainsi que les habits traditionnels de la femme ont beaucoup de points communs. Mais ils se considèrent complètement différents des berbères d'Afrique du Nord. Pour eux, ces derniers sont "racistes" vis-à-vis aux Arabes, "alors que les Siwis sont tolérants et peuvent coexister avec l'autre", comme le dit Mahmoud.

Siwa2La place de la femme à Siwa La communauté siwi est très conservative. Il est rare de voir une femme dans les rues et, si on la voit, un homme, même étranger, n’a pas le droit de l’aborder. Une fois qu'elle est mariée, la femme siwi est couverte de la tête au pied d'un "malaya", un large drap bleu-grisâtre et un carré de tissu noir qui lui cache le visage. La femme à Siwa doit être accompagnée dans tous ses déplacements d'un homme même si celui est beaucoup plus jeune qu'elle...

Des traditions dont beaucoup d’entre de jeunes femmes se passeraient bien. Parmi elles, Nour, 18 ans. Dans six mois, elle sera mariée et ses superbes yeux gris-vert surlignés de khôl seront cachés en public sous le malaya. "C’est mon financé qui m’y oblige. Je n’ai pas le choix. Je ne peux pas m’y opposer. Ici, toutes les filles le portent une fois mariées".  Sa sœur de 15 ans est elle aussi fiancée à un garçon du village. Dans la culture siwie, la fille est fiancée à l’âge de 10 ans. Son futur époux a le droit de lui rendre visite, pendant 5 ans, deux fois par an, lors de l’Eid el-Fetr et Eid el-Adha (le petit et grand Bairam). Si c’est l’homme qui choisit sa femme, la future épouse a le droit de s’y opposer. Pour Mahmoud, qui a une petite fille de 5 ans, l’avis de la famille de la fille est le plus important: "Si ma fille me dit demain qu’elle veut se marier avec le garçon qu’elle a croisé dans la rue, mon rôle est de la conseiller. Ici, on voit tous les jeunes hommes grandir. On connaît leur famille. On est parfois mieux placés que la fille pour savoir si elle sera heureuse avec cet homme ou pas. L’avis du chef de tribu est aussi primordial. Il connaît le passé des habitants, il sait s’ils sont honnêtes ou non".

Selon cheikh Omar Rageh, la société siwi a, ces derniers temps, beaucoup évolué en passant d’une société assez fermée à une société plutôt ouverte. "Avant, l’homme pouvait voir les femmes non mariées de l’oasis et leur parler directement à seulement  deux occasions : Le jour du Mouled (le jour de la naissance du prophète) et lors de la fête d’al-Seyaha". Cet événement existe toujours aujourd’hui à Siwa. Il consiste en une fête d’amour et de la tolérance qui dure 3 jours aux pieds de la colline al-Dakrour.  "Désormais, cela a changé. Les garçons et les filles se voient plus facilement par le biais de l’école".

siwa3Le mariage et ses rites Le jour de mariage est décidé par la famille de l’époux, alors que celle de la fille a le droit de le reporter de 3 à 5 jours. Les mariages à Siwa sont souvent de véritables fêtes pour tout le village. Il n’est pas rare que 2000 personnes assistent aux noces ! Le mariage est étalé sur 3 jours qui commencent par une bataille entre les femmes des deux familles pour récupérer l’épouse. Pendant ce temps, l’époux, timide, ne voit pas son père. Et la fête se termine par une rencontre de réconciliation entre père et fils en présence de la famille de l’épouse et les amis du fils.

La famille de Safiha, 25 ans, est en pleine ébullition. Dans un mois, sa sœur se marie. Il faut finir de préparer les tenues de la mariée.  En générale, la future épouse change cinq fois de robes, toutes plus belles les unes que les autres. La dernière est couverte d’une première couche de motifs brodés avec des fils de couleurs puis d’une seconde avec des milliers de perles de toutes les formes. "On s’y prend un an à l’avance pour la réaliser. Les femmes de la famille s’y mettent toutes. Elles doivent être expérimentées. Il faut compter 8 ans d’apprentissage avant qu’une fille puisse commencer à broder".

Dans une autre pièce de la maison, des femmes confectionnent des plateaux en feuilles de palmiers. Ceux-ci font partis de la dot. Ils servent traditionnellement à recevoir le pain tout juste sorti du four des maisons.

La plus grande frayeur pour ces femmes, qui ont souvent la main haute sur tout ce qui concerne le foyer, c’est la polygamie. Une tradition là encore difficile à accepter pour les Siwies. "Je connais des hommes qui ont plusieurs deux femmes sans raison.  C’est vraiment une chose horrible. Vivre à trois sous un même toit, je n’aime pas cela", confie Safiha. Cheikh Omar Rageh, lui, affirme que cela est refusé par toute la société siwie. "Les polygames sont rares dans notre société. Il faut une raison bien grave, comme la maladie, pour que l’homme puisse se marier avec une autre femme", ajoute-t-il. Le divorce est, quant à lui, mal vu à Siwa, il est d’ailleurs pratiquement inexistant dans l’oasis.

Une autre crainte, un peu plus surprenante, de ces femmes, est que leur mari devienne guide touristique. "C’est un métier un peu nouveau aussi. On n’a pas l’habitude de voir un homme siwi entouré d’étrangères avec leurs mœurs plus légères…" poursuit, un peu gênée, Safiha.
Face aux touristes, les guides Siwi sont d’ailleurs eux-même souvent timides. Ils ont parfois honte d'accompagner un groupe de femmes étrangères. Si ces touristes ne respectent pas les traditions de l'oasis et se baignent en bikini dans les sources d'eau, ils détournent immédiatement le regard. Siwa est aussi l’un des rares endroits touristiques en Egypte, voir la seule partie dans le pays, qui n'accepte pas le mariage d'un de leurs fils avec une étrangère. Même si l’on entend parfois des histoires de certains jeunes Siwi partis vivre à l’étranger avec une touriste rencontrée dans l’oasis…

Conservation du patrimoine La singularité de l’oasis attire bon nombre d'associations internationales qui cherchent à améliorer la qualité de vie des Siwis tout en préservant leur mode de vie. Elles financent des micro-crédits.
Parmi ces structures, "l'Association de Siwa pour le développement de la société et la protection de l'environnement". Cet organisme, monté grâce à l'aide technique et financière italienne, a pour objectif d'aider les pauvres familles siwis à obtenir un crédit afin de commencer un projet comme la fabrication des tapis, l'artisanat, la bonification des terres, la réhabilitation des anciens jardins d'olives et la construction de maisons typiques.

L'association organise également des ateliers afin de sauvegarder la technique de fabrication des habits traditionnels de moins en moins portés.
"Nous n'imposons pas d'intérêts lorsque nous accordons un prêt. Le remboursement est échelonné sur 3 à 8 ans, selon l'importance du crédit qui ne dépasse pas les 16 000 livres égyptiennes (2000 euros). L’aide offert par l'association n'est pas en monnaie, seulement en matière", indique Karam Abdel Meguid, chargé d'accorder les crédits à la population.

Karam aimerait voir les riches Siwis contribuer au financement des activités de son association afin d'aider les plus pauvres. Mais en même temps, en tant que siwi, il comprend ce comportement. "Notre association n’est pas vraiment indépendante. Elle est sous le contrôle du gouvernement. Or les Siwis n'ont souvent pas confiance dans les projets financés qu’il finance".

D'autres Siwis ont fait de leur tradition, un buisness. L'objectif de l'association de Mahmoud Qenawy, notre guide touristique, est de faire apprendre aux siwis comment attirer les touristes sans endommager la nature de l'oasis. Mahmoud, qui est bénévole au sein de cette structure, monte aussi des projets destinés aux écoles de l'oasis pour maintenir sa propreté avec notamment des séances de ramassage des poubelles dans les allées des palmeraies.

Son association des "Siwis pour le développement touristique et la protection de l'environnement" dépend totalement de la contribution financière des donateurs Siwis dans ses activités.
"Par exemple, nous aidons les guides touristiques à avoir rapidement le permis de camper dans le désert pour leur groupe et, en échange, ils nous versent une petite somme d'argent", ajoute-t-il.

Mais ces ONG sont autorisées par l’Etat car elles ne cherchent pas à distinguer la culture siwie de celle de l'Egypte, ce qui n’est pas le cas pour l'association de la "protection du patrimoine de Siwa", qui a été refusé par l’Etat pour des raisons "sécuritaires". Le dirigeant de cette organisation, le cheikh Omar Rageh, aurait pourtant voulu sensibiliser les jeunes à l’importance de leur propre culture, musique, langue, coutumes même habits.
"Les Siwis apprennent le tsiwit à la maison avant même d'aller à l'école. C'est un langage parlé. Mais c'est un héritage fragile. La société a besoin de programme comme celui là", souligne le chef de tribu, passionné par le tamazigh.  Il affirme qu’il ne cèdera pas face aux pressions de l’Etat. "Le gouvernement a fait de Siwa une réserve naturelle pour protéger l’environnement, les plantes et les animaux, mais je veux protéger les Siwis".

siwa4Siwa, victime de sa beauté

L’an dernier Siwa a accueilli quelque 20 000 touristes dont 13 000 étrangers. Ces visiteurs représentent pratiquement la moitié du revenu des Siwis : La plupart d'entre eux ont une activité liée au tourisme (guide, magasin d'artisanat, restaurant...etc). Les premiers étrangers ont  commencé à découvrir Siwa dans les années 80. Les Egyptiens, eux même s’y sont rendus en vacances plus tard il y a 15 ans.
A choisir, les Siwis préfèrent les touristes étrangers car ils respectent l'environnement même s’ils ne respectent pas les coutumes vestimentaires.
Le tourisme n’est pas sans impacts négatifs sur les traditions des Siwis. Le projet de l'Etat égyptien de transformer l'aéroport militaire qui se trouve à proximité de l'oasis en un aéroport civil, est celui que redoutent le plus les habitants. "C'est vrai qu’il va changer la qualité du tourisme à Siwa, nous accueillerons des gens riches au lieu de routards, ce qui va permettre à l'oasis de devenir plus prospère. Mais on va perdre en calme. Les hôtels de luxe vont débarquer et la pollution va envahir notre petit paradis... J'ai peur que Siwa perde son identité  dans quelques années", explique Yehya Qenawy, président du Conseil populaire du Siwa et guide touristique.
Yehya estime que le gouvernement a commis des erreurs dans sa volonté de développer le lieu, notamment en construisant un imposant complexe sportif avec stade de foot, piscine olympique… "Au lieu, de construire un stade de 25 000 places qui n’a jamais servi à rien, le gouvernement devrait plutôt améliorer les moyens de transports terrestres vers Siwa et installer des services tout au long du chemin vers l'oasis".

Yehya n’est pas prêt non plus d’oublier le jour où le gouvernement égyptien a décidé de carreler la source de Cleopatra (là où se baignent les touristes au cœur de l’oasis) pour la décarreler quelques mois plus tard. "Je vois bien que les autorités essaient de restaurer certains sites touristiques, mais c’est parfois catastrophique", ajoute Yehya.

Autre difficulté pour les Siwis : Les 2 millions de livres égyptiennes (250 000 euros) demandés par les autorités lors de la création d’une agence de tourisme.  Les Siwis voudraient bien se voir exemptés de ces frais. "Nous n’avons pas les ressources pour avancer une telle somme", note Yehya qui espère avoir un jour sa propre compagnie et son propre hôtel.
"Les autorités nous limitent aussi dans nos déplacements avec les visiteurs dans le désert. C’est elles qui nous délivrent une permission pour s’y rendre. Ces autorisations sont valables seulement 24 heures. Or les touristes veulent camper dans les dunes 2 ou 3 jours et  ce qui nous oblige à retourner chaque jour dans l'oasis pour avoir un nouveau permis. Pourquoi ne nous donnent-ils pas un permis de 4 jours s'il y a besoin ?", s'interroge Yehya.


Les défis de Siwa

Le principal challenge à Siwa concerne l’agriculture. Les  eux souterraines ne sont pas suffisantes alors que l’eau salée, issue du drainage agricole, augmente, ce qui a déjà causé la destruction de beaucoup de palmiers. En même temps, l’oasis est toujours privée d’un système d’égouts. "Un projet pour se débarrasser des eaux usées est en cours mais l’administration est très lente. Il y a dix ans que l’on attend qu’il soit réalisé", précise Yehya.
 
Le cheikh Omar Rageh raconte, avec ironie, qu'à Siwa il y a cinq usines d'eau minérale mais les Siwis boivent de l'eau non-traitée. "Est-ce que nous devons acheter l'eau qui sort de notre terrain ?", s'étonne-t-il.

Pour être plus efficaces dans la résolution de leurs problèmes, les habitants aimeraient que le pouvoir soit décentralisé. "Personne ne peut comprendre les défis que nous affrontons mieux que nous", note Yehya Qenawy.

Article écrit pour le numéro 41 de la revue Le Courrier de l'Atlas (octobre 2010) (Grand merci à Marion Touboul)

http://www.lecourrierdelatlas.com/emag/2010/NUM041/#/67/

14 septembre 2010

Égypte : les Bédouins acculés à la contrebande ?

Les Bédouins tirent-ils d'importants profits grâce aux tunnels qui relient l'Égypte à la Bande de Gaza ? Ont-ils d'autres moyens de contribuer au développement économique du Sinaï ? Pour répondre à ces questions, Marion Touboul, correspondante d'ARTE Journal en Égypte, s'est adressée à l'écrivain Massaad Abou Fagr. Originaire de Rafah, cet écrivain s'inspire de la vie des Bédouins pour ses romans. Il est aussi un farouche opposant au président égyptien Hosni Moubarak. Le régime égyptien actuellement au pouvoir est, selon lui, à l'origine des problèmes des Bédouins et notamment de leur recours à la contrebande. Une interview réalisée par Marion Touboul et Ahmed Hassan Sami pour ARTE Journal.

Rafah tunnels, bonus interview on Arte.tv
Uploaded by SolasFilms. - News videos from around the world.

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/arte-journal/3423468.html





3 septembre 2010

Visa pour la France : Aventure humiliante

Il y a un an, l'Egyptien qui souhaitait obtenir un visa pour la France devait faire la queue devant les portes du consulat de France pendant des heures, même s'il avait un rendez-vous. Un acte que les Egyptiens jugeaient inacceptable vu que leur pays, lui,  délivre des visas à tous les citoyens de l'Union Européenne directement à l'aéroport du Caire…

ambfrancaireCette année, je voulais visiter des amis en France. J'ai alors commencé la démarche en appelant le service chargé de me fixer un rendez-vous avec le consulat. Mais ce dernier m'a surpris en me disant qu'une compagnie privée était chargée de cette mission maintenant.

Je me suis dit que cela ne changerait rien, peut-être que le personnel du consulat n'a pas le temps de répondre au téléphone ou qu'il s'occupe de choses plus importantes. Alors j'ai appelé cette nouvelle société qui m'a expliqué que je devais d’abord m'inscrire sur son site internet pour que je puisse avoir ce fameux rendez-vous. Une fois inscrit, j'ai pu fixer la rencontre selon les horaires disponibles, toujours en pensant que j'irai au consulat. Mais, en recevant la confirmation de l’entretien, j'ai découvert que je devais d’abord passer aux locaux de la société, elle-même, avec les documents nécessaires. Une autre fois, j’ai pensé qu’il s’agissait sans doute d’une rencontre préliminaire pour faciliter le rendez-vous avec le consulat.

J'ai préparé minutieusement mes documents et je me suis rendu à la société. Là bas, ils m'ont annoncé qu’en plus des frais du visa (50 euros), je devais payer 200 L.E. (environ 30 euros) de frais supplémentaires pour ce rendez-vous. Ce fut le choc de ma vie… J’ai payé et j'ai attendu mon tour qui devait être à 9h30. Trois heures plus tard, on finit enfin par me convoquer. Je réalise alors que l’ancien système n’a pas changé. On fait toujours la queue, mais au lieu d’être le consulat , on est contraints d’attendre dans les locaux bondés de cette compagnie.

A ce moment là, j'ai compris que la société était chargée de récupérer le dossier pour l'acheminer au consulat. Et là j'ai découvert que mon interlocuteur était une Egyptienne, voilée ! Elle commence à examiner mes documents et s'arrête devant mon relevé de compte. Elle le refuse en me disant qu’il n'est pas tamponné par la banque. J'essaie de lui faire comprendre que le consulat l'a toujours accepté dans le passé. D’autant plus que la somme indiquée est bien supérieure à celle dont dispose, sur leur compte, bon nombre de Français… Là, je lui dis qu'elle n'a qu’à délivrer mon dossier tel quel au consulat, à eux de décider. Au bout de 30 minutes, elle me regarde et conclut : « Votre dossier est incomplet ». Pourquoi ? Parce qu’il faut, en plus de l’attestation d’accueil délivrée par mes amis, une « lettre d’invitation » écrite par mes hôtes expliquant pourquoi ils m’accueillent… Je n’en reviens pas. J’essaie de lui faire comprendre que l’attestation d’accueil est une preuve largement suffisante que je suis attendus en France. Mais elle ne veut rien entendre. Bilan : Elle me demande d'avoir tous ces documents avant 16h30 ou bien je serais obligé de recommencer toute cette démarche... Je me suis donc trouvé obligé de présenter mon dossier, selon elle, « incomplet »  et prendre le risque du refus de visa.

Deux jours plus tard, je dois passer au consulat (enfin !) pour donner mes empreintes digitales. J'étais heureux de ce rendez-vous pour la simple raison que s'il y a le moindre souci avec mon dossier, je pouvais m’expliquer avec le personnel. Mais j'avais tord. Le jour "J", une surprise m'attend : Les personnes chargées des empreintes sont deux jeunes Egyptiens dont l'âge ne dépasse pas 22 ans … Impossible de rencontrer un Français pour être rassuré quant à mon dossier.

J’attends donc quinze longs jours… Entre temps, j’achète mes billets d’avion et mes billets de train pour la France, au risque qu’ils me restent sur les bras si mon visa est refusé… Un jeudi soir, je reçois un SMS à 16h10 de la société m'informant qu'elle a mon passeport et que je dois le récupérer le jour-même avant 16h30 ou bien que j'attende jusqu'à dimanche matin. Bien entendu, il était impossible de réussir à l'obtenir jeudi. Le dimanche matin, me voilà donc devant la porte de la compagnie. Et là, nouvelle surprise : La porte est fermée. La raison ? C'est la Pentecôte (qui devait être le lundi). La société s’excuse car elle a décidé de prendre dimanche congé pour avoir un long week-end… sans prévenir ses clients. Je n'avais à qu'attendre jusqu'à lundi pour savoir si j'ai eu mon visa ou non.

Tout cela m’a dégouté de l’idée de voyager. De cette expérience humiliation, je  me demande vraiment pourquoi ne soumet-on pas les Français qui veulent se rendre en Egypte aux mêmes règles...

Article écrit pour le numéro 40 de la revue Le Courrier de l'Atlas (septembre 2010)

http://www.lecourrierdelatlas.com/emag/2010/NUM040/#/37/

30 août 2010

al-Gamaa : un feuillton qui suscite la polémique en Egypte

 

 

 

 

 

al_gamaaEn Egypte, pendant ce mois du Ramadan, un feuilleton fait fureur. Il retrace l’histoire de la confrérie des Frères Musulmans et a fait naître une vraie polémique au Caire.

Les frères musulmans ne décolèrent pas. Ils sont convaincus que cette série de douze épisodes a été créée dans le but de les anéantir à quelques mois des élections législatives.

La série télévisée décrit le travail d'un policier qui décide d'enquêter sur le passé des Frères musulmans. On découvre ainsi, à travers des flash back, l'histoire de la confrérie.

Un feuilleton qui n'est pas objectif selon Mohamed Abdel Qodous, membre de l'organisation. "A mon sens, le scénariste n'avait dès le début pas envie de faire une œuvre historique de dire la vérité sur nous. Il avait envie de nous porter atteinte. Pleins de faits historiques sont changés. Il dit par exemple que nous étions des alliés de l'Arabie Saoudite dans les années 30 alors même que le Royaume était officiellement fondé, tout cela n'est pas logique".

 

 

Le scénariste de cette série Wahid Hamed est un farouche opposant aux frères musulmans. Il les présente dans plusieurs épisodes, comme des arrivistes, prêts à tout pour atteindre buts personnels. Une réalité selon lui historique. "J’ai décrit la réalité telle qu’elle est, pour que les téléspectateur puissent juger d'eux-mêmes. Hassan el Banna, le fondateur de la confrérie, est un prédicateur qui s’est trompé de route. Il s’est orienté vers la politique et il n'a aidé ni l’islam, ni la politique. Les frères musulmans sont un groupe qui prend la religion comme couverture. Mais ils ont leur plan politique et économique dans le but de diriger le pays".

 

 

Les Frères Musulmans n'ont pas dit leur dernier mot. Ils préparent eux aussi un film pour contrecarrer la série.

Sujet realisé avec Marion Touboul pour la radio allemande DW

 

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