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26 mars 2011

La guerre en Libye : Les Egyptiens ont d’autres chars à fouetter

Révoltée par la répression sanglante de Qadhaffi, mais traumatisée par le souvenir de la guerre en Iraq, l’opinion égyptienne est très partagée.

egypte_libyeUn haussement d’épaules, un soupir. Mohammed Sallam balaie les commentaires parisiens qui s’étonnent, avec un brin d’arrogance, de voir les révoltés du printemps de la place Tahrir, au Caire, rester sourds à la détresse de leurs frères libyens.

"On se sent tristes pour la Libye, admet ce jeune professeur à l’Université américaine du Caire, mais nous avons à l’esprit d’autres préoccupations, d’autres urgences, quelques semaines après avoir gagne notre liberté, quelques jours après le vote pour la révision de notre constitution".

Les Egyptiens, il est vrai, ont bien d’autres sujets de conversation ces derniers temps. Et, pour la première fois depuis soixante ans, ils ont surtout le droit de les évoquer à haute voix, publiquement. "Le processus démocratique est fragile, il prendra du temps. Il nous faut rester très vigilants jusqu’aux élections législatives", se justifie l’enseignant.

Ici, chacun est absorbe par l’ampleur de la tache : c’est tout le pays qu’il faut reconstruire, dans ses institutions, son économie, son tissue social.

 Un haussement d’épaules, un soupir. Les mêmes gestes écartent l’ironie trop facile qui sourd derrière la question qu’on se pose mine de rien sur l’autre rive de la Méditerranée : Pourquoi l’armée égyptienne, la plus puissante de la région, ne s’est-elle pas participée a la rescousse des insurges de Benghazi pour bouter hors de Tripoli un dictateur plus ancien et plus fou qu’elle a laissé débarquer au Caire ?

"Pourquoi devrions-nous intervenir militairement ?  interroge le journaliste Tareq Shoala. C’est une affaire interne à la Libye. L’armée égyptienne a facilité le passage de convois humanitaires à l’est pays. Elle a autorise les volontaires égyptiens à traverser la frontière, elle a pris en charge les soins des blessés libyens…".

Mais, occupée à assurer la sécurité intérieure et la transition démocratique, secouée par des remous en son sein entre garants de la révolution et nostalgiques du régime, l’armée égyptienne a d’autres chars à fouetter.

Du pétrole et des armes La plus grande nation arabe a beau savoir que, dans la région, tous les regards se tournent vers elle avec les yeux de Chimène, elle commence à penser que la démocratie, ca se gagne. Que ses voisins devraient pouvoir conquérir seuls ce qu’eux mêmes et les Tunisiens ont paye de leur sang.Ce qui n’empêche pas les Egyptiens de soutenir de tout cœur les peoples arabes qui veulent chasser leurs tyrans.

Tareq Mostafa a participé à la revolution de Tahrir dès le 25 janvier."Qadhaffi est un fou ! Commente cet étudiant en science politique. Depuis qu’il a retourné les armes contre son peuple, je suis devenu favorable à une intervention militaire internationale. Mais l’objectif doit être clair : il n’est pas question que des forces étrangères restent en Libye. Dès que Qadhaffi sera parti, les forces étrangères devront partir aussi".

L’intervention internationale en Libye ? Ni pour ni contre, bien au contraire… Révoltés par la brutale répression de Qadhaffi, mais traumatisés par la "croisade" menée en Iraq par l’Occident, les Egyptiens sont partagés. "Je suis pour les frappes aériennes, affirme Cherif, un comptable de 45 ans. Mais je suis hostile à ce qu’un seul soldat étranger touche le sol libyen. Car là , nous dépasserions la limite entre le fait de sauver des civils et occuper un pays. Je ne veux pas voir un autre Iraq".

L’Opinion reste attentiste. Et dubitative sur les intentions des grandes puissances. Pour Abdallah, un ouvrier de 41 ans, les choses sont limpides : “Les Occidentaux ont détruit l’Iraq et chasse Saddam Hussein pour mettre la main sur son pétrole. A présent, ils cherchent à s’emparer du pétrole libyen. Et à déstabiliser le monde arabe pour renforcer Israël”.

"Pourquoi les Etats-Unis et l’Europe ne sont-ils jamais intervenus militairement pour sauver les Palestiniens des massacres israéliens ? renchérit Radwan, 29 ans. Il faudra bien en finir avec cette politique de deux poids deux mesures".

Article écrit avec Christine Lambert pour le numéro 727 de l'hebdomadaire Marianne (26 mars)


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