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30 novembre 2012

Quel avenir pour l'Egypte à travers la nouvelle constitution ?

 11_27_12_tahrir_squareEcouter    :        (Interview RTBF)

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27 novembre 2012

Les Egyptiens se soulèvent-ils de nouveau?

Les Egyptiens sont retournés dans la rue mardi soir. Des dizaines de milliers de manifestants ont envahi la célèbre place Tahrir. Ils protestent contre leur président Mohamed Morsi qui a mis le feu en poudre en s'arrogeant des pouvoirs qui le mettent hors d'atteinte de la justice. Dans la rue essentiellement des laïcs, alors que les Frères musulmans, parti dont est issu le président, ont annulé leur manifestation. Ce soir, l'Egypte est profondément divisée. Comme le montre le reportage sur place de nos correspondants, Marion Touboul et Ahmed Hassan Sami.

25 novembre 2012

Harcèlement sexuel : les femmes égyptiennes se mobilisent

Journée internationale des violences faites aux femmes. En Egypte, selon le centre égyptien des droits de l'homme, la grande majorité d'entre-elles seraient confrontées au harcèlement sexuel. Elles seraient plus de 80 % à être importunées ou agressées. Face à cette dérive, elles sont nombreuses à se mobiliser pour dire « stop ». Gros plan au Caire avec Marion Touboul et Ahmed Hassan Sami.

9 novembre 2012

Ces djihadistes égyptiens qui combattent en Syrie

imagesyrieConséquence de la guerre en Syrie, des Egyptiens partent pour Alep dans le but d’aider à la révolution. Parmi eux, certains ont fait le choix des armes. Ils rejoignent sur place l’armée libre syrienne. Ces Egyptiens partent dans le plus grand secret. Ahmed Hassan Sami en a rencontré certains.

                Ecouter        (Afrique 7 jours, Deutsche Welle)

 

7 novembre 2012

Namir Abdel Messeeh : les Egyptiens ont désormais la force de changer le régime

normal_namir_4"A ce jour, je n’arrive pas à comprendre comment les Egyptiens ont pu se révolter le 25 janvier 2011", C’est ce que répond Namir Abdel Messeeh, réalisateur du film "La Vierge, les Coptes et moi", à la question de savoir s’il a ressenti l’approche de la révolution.

Après, deux courtes visites en Egypte post-révolution, Namir, dont le film a remporté plusieurs prix, constate qu’il n’y a pas de portraits de l’ex-président Hosni Moubarak, et du président actuel Mohammed Morsi non plus. Il voit que la situation économique et sociale actuelle est catastrophique, tout le monde est mécontent. "Mais je pense que tout cela est positif. Les Egyptiens s’expriment ouvertement et sans crainte, et ils ont la capacité de changer le régime, s'il ne répond pas à leurs aspirations. Mais, il y a toujours un long chemin à parcourir".

"La Vierge, les Coptes et moi" est un film de 90 minutes. Il parle du phénomène de "l'apparition de la Sainte Vierge" de temps en temps en Egypte et comment les Egyptiens, Chrétiens et Musulmans, voient ce phénomène qui a débuté en 1968.

Le film, dont le tournage a commencé en 2007 et s'est terminée deux mois avant la révolution du 25 Janvier 2011, traite d’une manière ironique de nombreuses questions qui préoccupent la rue égyptienne, comme la justice sociale, l'appartenance, la peur des autorités, la relation entre chrétiens et musulmans, la femme, et la liberté de croyance et d'expression. Tout cela à travers la relation entre Namir et sa famille, et la situation résultant du conflit entre les générations, et la différence entre sa culture française et la culture de sa famille en Egypte.

Le film a été nommé meilleure fiction documentaire au Festival du film de TriBeCa à Doha, et a remporté le 3éme prix au Panorama Audience Award de la Berlinale 2012. Il a également gagné trois prix au Festival International d’Ismaïlia pour les films documentaires et court-métrages, dont le prix de meilleur documentaire. "La Vierge, les Coptes et moi", qui a été présenté au Festival de Cannes, a atteint plus de 50.000 entrées en France, malgré qu’il soit exposé dans des petites salles.

la_vierge_les_coptes"Ce film est une recherche dans mes racines égyptiennes. J’ai quitté l'Egypte quand j'avais 18 ou 19 ans. A l’époque, j’avais une crise identitaire. Je me sentais Français tout en vivant en Egypte et Egyptien quand je suis en France. Je n'ai pas trouvé ma place dans les deux sociétés", précise Namir. "A cette époque, j’ai refusé de vivre en Egypte, où la société rejette celui qui est différent dans les pensées ou dans la croyance".

Ayant grandi, Namir a constaté que l'affaire est plus compliquée que la simple différence. "Alors, j’ai cherché une occasion pour retourner en Egypte et restaurer les relations avec ma famille. D'où l'idée de faire un film sur l’Egypte. Mais, quoi ? ".

"L'idée s'est avérée dans une soirée de Noël, quand une amie copte vivant en France nous a rendu visite en apportant une cassette vidéo sur l'apparition de la Vierge Marie dans un quartier au Caire. J’ai rien vu dans la vidéo, mais ma mère m’a juré avoir vu la Sainte Vierge dans la bande", raconte Namir.  "Ça m'a fait penser le lendemain, et je me suis dit qu’il y avait une possibilité de faire un film : Il y a une vidéo, et les gens ne voient pas la même chose dans cette vidéo. Ainsi, j’ai présenté l'idée au producteur et je lui ai dit que mon but est de comprendre pourquoi et je n'ai pas vu la même chose que ma mère. Il a répondu que l'idée est bonne, mais où est le sujet du film? Est-ce que c’est la Sainte Vierge ou c’est votre mère ? Ma réponse était que c’est la Sainte Vierge...Même si l’aventure du film m’a obligé à amener ma mère.

Namir est né Egypte en 1974. Quand il a eu deux ans, ses parents sont partis en France. Jusqu'à l'âge de dix-huit, il retournait en l’Egypte tous les étés, puis il s’est installé à Paris. Il a étudié le cinéma à la Fémis, où il a eu son diplôme en 2000.

En 2005, il a réalisé son premier documentaire intitulé "Toi : Waghuih", qui parle de son père, et à la même année, il a également réalisé sont premier court-métrage "Quelque chose de mal".

Dans son docu-fiction "La Vierge et les Coptes et moi", Namir donne l’impression qu’il critique la situation en Egypte. Mais il le nie complètement. " J’ai essayé de comprendre l'Egypte et les Egyptiens", explique-t-il "Vous trouvez que le film est plein de l’ironie. Mon idée était de voir ce qui se passe avec un œil étonné. Pour cela, il y a des scènes ou les Egyptiens disent qu’ils sont tous des frères alors que d’autres scènes montrent l’opposé".

Mais comment voit-il l’Egypte après 15 ans d’absence ? Selon Namir, l’Egyptien est divisé en deux. "Il  y a un écart entre ce que l’Egyptien pense et ce qu’il dit, et le problème réside dans la personnalité résultant de ce mélange", précise-t-il. "Les Egyptiens vivent au milieu de beaucoup de contradictions..Mais, la question c’est comment gérer l’hypocrisie de soi, que ce soit en religion, en politique..etc ? ".

Virgin_Copts_still_2Même si l’Egyptien justifie cette hypocrisie par le fait qu’il est obligé de la faire, Namir la voit comme preuve de la force de l’Egyptien, privé de tous ses droits auprès des autorités égyptiennes. " Ça m'a  étonné que l’Egyptien ne s’énerve  jamais quand son bus est en retard pour quatre heures, et il le trouve même normal, et si ce bus vient à l’heure, alors c’est un miracle ", dit-il. " J’ai découvert que les Egyptiens ont développé une philosophie, dans leur quotidien, selon laquelle il faut accepter tout ce qui est négatif sans se fâcher". Pour Namir l’Egyptien n’est pas révolutionnaire ou rebelle par nature. "Il arrive à s’adapter avec toute situation possible".

Pendant les 4 ans de tournage du film, Namir a été choqué par le fait que son passeport français l’ait sauvé plusieurs fois et s’il ne l’avait pas, alors peut-être il se trouvait détenu ou torturé.  "Un de mes cousins m’a dit que si on était agressés en tant que Français, l’armée et la police aurait encerclé le village pour trouver l’agresseur dans moins de 24 heures.  Alors que si l’agression est contre ma famille égyptienne et 50 personnes sont morts personne va bouger…C’est triste d’entendre mon cousin dire que notre vie est 100 fois plus chère que leurs vies chez les autorités égyptiennes".

Namir se rappelle toujours du moment où il était en tournage quand un policier de la Sureté d’Etat, le service de renseignements du ministère de l’intérieur,  est arrivé le voir. "Il était en tenue civile, sauf qu’il avait un pistolet. Il m’a demandé qui suis-je et je lui ai posé la même question en arabe. Il s’est énervé et a demandé a un autre officier de rédiger un procès verbal contre moi et me détenir. Là, j’ai commencé à parler en français et j’ai sorti mon passeport français, ce qui m’a sauvé". Namir a appris une chose de cet incident : il ne faut pas montrer qu’il est Egyptien en Egypte.

Même si Namir a fini le tournage du film deux mois avant la révolution Egyptienne, et malgré les scènes où les gens se plaignent de la détérioration de la situation économique et sociale, il n’a jamais senti que les Egyptiens vont se révolter. "Au contraire, je me demandais tout le temps c’est quoi ce pays où les gens ne se révoltent jamais contre la vie difficile qu’ils affrontent, au moment où  ça m’énerve de voir tous ces portraits de Moubarak dans les rues ? Je pensais que leur peur des autorités les empêcherait de se rebeller. En plus, ils étaient tout le temps observer par les services de sécurité.  Pendant le tournage dans mon village, mes cousins avaient peur de ce que je tournais. Et l’un d’eux a été forcé d’écrire un rapport aux policiers sur ce qu’on fait et ce qu’on fera le lendemain, ou bien les retombées seraient désastreuses".

Après son retour en Egypte, Namir a ressenti l’escalade de la tension entre Musulmans et Chrétiens. "J’ai trouvé que la haine domine dans le discours de chaque côté, mais aussi, j’ai trouvé qu’une grande partie de cette haine est basée sur des rumeurs. Un de mes cousins m’a raconté des histoires atroces sur ce que font les Musulmans aux Chrétiens, et à chaque fois quand je lui ai demandé s’il a vécu ou vu ça par ses propres yeux, il me dit qu’il a entendu l’histoire", précise-t-il. "Ce qui me gène le plus c’est que ce discours de haine sort de certains lieux de cultes, des deux côtés, alors que ces lieux devaient propager la culture de tolérance et d’amour".

Mais Namir ne nie ni l’existence de vrais problèmes entre Chrétiens et Musulmans ni la réalité de la minorité face à la majorité. "Ces problèmes sont dus à des failles d’éducation, d’enseignement et de culture. Les extrémistes se trouvent dans les deux côtés, et il ne faut leur donner ni la légitimité ni la chance de nous représenter".

Namir_Abdel_Messeeh_5029Namir était soucieux de diffuser son film en Egypte dans l’espoir que les Egyptiens l’aiment, mais il a été confronté par des opinions étranges. "Il y avait ce chrétien qui a beaucoup aimé le film jusqu’au point qu’il m’a demandé de  le diffuser dans toutes les églises de l’Egypte. Mais, la même personne refusait catégoriquement que les Musulmans le voient pour la simple raison que j’avoue dans le film que je ne crois pas aux histoires de l’apparition de la Sainte Vierge", dit-il. Selon Namir, cette attitude est due au discours de haine, qui a fait que les gens de la même communauté ne peuvent plus parler de leurs différences publiquement de peur que l’autre communauté se moque d’eux.

Et Namir d’ajouter qu’avant la diffusion du film en Egypte, il pensait que ce sont les Musulmans qui vont attaquer le film.  "Au contraire, ils ont bien aimé le film. Ce sont les chrétiens qui l’ont critiqué sévèrement. Pire, un chrétien a déclaré sur une chaine de télé chrétienne qu’il n’ira pas regarder ce film car il diffame le christianisme. Comment il le sait sans le voir ?", martèle-t-il. "Une autre chose m’a étonné. Quand j’ai diffusé le film dans mon village, les chrétiens l’ont adoré. Alors, que c’est au Caire, ou les chrétiens sont plus éduqués et plus ouverts, que le film était attaqué.

Dans son film, Namir montre qu’il cherchait une fille musulmane pour jouer le rôle de la Sainte Vierge. Il le justifie par son intention de sortir ce cadre communautaire dans lequel les Egyptiens tournent tout le temps. "Mon but dans le film était de montrer que les habitants du village, chrétiens et musulmans, se ressemblent dans beaucoup des choses. Quand j’ai cherché une fille pour jouer le rôle de la Sainte Vierge, les familles chrétiennes, aussi bien que les familles musulmanes, ont refusé qu’une de leurs filles soit filmée pour que les filles ne fréquentent pas des hommes avant le mariage…Une raison qui n’a rien a voir avec la religion, mais plutôt avec la culture", affirme-t-il.

Le film laisse entendre que la mère du réalisateur a honte de sa famille des paysans. Namir voit que tous les Egyptiens viennent de famille de paysans. Mais quand ces Egyptiens obtiennent  un très haut diplôme et vivent dans des quartiers chics, la plupart d’entre eux essaie d’oublier ces origines, notamment s’ils viennent d’un milieu pauvre. Cela a créé, selon lui, une sorte de discrimination envers les pauvres. "Un prêtre m’a dit, après avoir vu le film, qu’il ne fallait pas montrer les chrétiens pauvres car cela va donner une mauvaise image aux chrétiens en général...Un discours qui ne va pas du tout de pair avec l’Évangile", souligne-t-il. "Quand tu sors pour filmer la rue égyptienne, et par hasard tu passes à côté d’une poubelle, tu trouveras plusieurs gens t’empêcheront de filmer car ils sont convaincus que tu filmes l’ordure dans le but de donner une mauvaise image de l’Egypte. Mais qu’est-ce qu’ils font pour se débarrasser de la poubelle ou même pour empêcher qu’elle soit jetée dans la rue ? L’Egyptien se moque de sa pauvreté, de sa misère et de l’injustice qu’il affronte, mais il refuse que cela soit filmé… !", a-t-il conclu.

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