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15 octobre 2008

Le monde va-t-il résoudre les problèmes des riches et laisser les pauvres souffrir de la famine ?

Il semble que la seule chose qui puisse faire vaciller le monde est la détresse des riches. Car le monde ne réagit pas aux nombreux appels à sauver les pauvres et les affamés. S'il le fait, c'est seulement à travers des aides symboliques qui ne vont jamais de pair avec le volume de la crise.

Au moment où les banques centrales des plus grands pays industrialisés ont pompé plus de 3,5 trillions de dollars en l'espace de moins d'un mois pour sauver l'économie mondiale de la crise financière qui le menace, les pays industrialisés n'ont payé que des miettes pour sauver les affamés dont le nombre s'élève à 925 millions personnes, selon les statistiques de l'Organisation de l'alimentation et de l'agriculture (FAO).

François Danel, directeur général d'Action contre la faim (ACF), est surpris de la rapidité et de la facilité avec laquelle les pays sont arrivés à mobiliser les fonds nécessaires pour sauver de grandes banques. Il voit que "quand il s'agit du drame de la faim, de la malnutrition, les activistes ont beaucoup de mal à mobiliser les énergies et les fonds".. Selon Danel, le contraste paraît très frappant lorsqu'un enfant âgé de moins de 10 ans meure de faim ou de ses conséquences toutes les cinq minutes dans le monde.

La mobilisation des pays industrialisés afin de régler la crise financière mondiale intervient au moment où la FAO souligne que le monde a besoin de 30 milliards de dollars par an pour éviter les dangers de la famine. Une menace qui s'est accentuée lors de l'année en cours. Jacques Diouf, directeur general de la FAO, dit que cette somme doit être réservée, essentiellement, à l'augmentation la production agricole mondiale. "Soigner un enfant malnutri coûte environ 60 dollars par an", précise Valérie Bemo, de la Fondation Gates, "mais au niveau des financements mondiaux, publics ou privés, la malnutrition est un secteur complètement négligé alors que 55 millions d'enfants sont malnutris".

Paluku Bahwere, expert de Valid International, pionnier du traitement de la malnutrition infantile à domicile, affirme qu'avec l'enveloppe budgétaire mondiale actuelle, 5% seulement des cas de la malnutrition sévère peuvent être traités. "Les sommes qui sont en ce moment trouvées pour renflouer des banques nous laissent évidemment rêveurs", lâche-t-il.

De son côté, Luc Lamprière, directeur general d'Oxsfam-France, regrette les engagements financiers non tenus. "Il manque 30 milliards de dollars par rapport aux promesses de 2005", dit-il. "Aujourd'hui, 290 millions de personnes n'ont pas les moyens de se nourrir".

Pour sa part, Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) voit que des centaines de millions de personnes souffrent de la faim mais ils le font en silence si bien que cette question n'est pas considérée comme stratégique par les gouvernants. Selon lui, "il y a des sommes dont l'ampleur aurait fait hurler de rire ou de terreur si on en avait demandé ne serait-ce que 10% pour lutter contre la faim, qui en 15 jours se sont évanouies à la bourse, et des centaines de milliards de dollars qui ont été rayés d'un trait de plume pour lutter contre cela".

Dominic Schofield, de Global Alliance for Improved Nutrition, souligne que la lutte contre la faim souffre d'un manque de volonté politique. Il fait remarquer que, selon les estimations, trois milliards de dollars par an seraient nécessaires pour éradiquer la malnutrition.

Jean Ziegler, ex-rapporteur de l'Onu pour l'alimentation, martèle que "la faim n'est plus une fatalité dans aucun endroit du monde". "Un enfant qui meurt de faim est assassiné", assure-t-il.

Et Ziegler de rejeter aux pays développés la responsabilité de l'explosion sans précédent des prix mondiaux des matières agricoles, qui a provoqué des émeutes de la faim dans une quarantaine de pays en avril 2008. "Le développement des agrocarburants et la spéculation qu'il serait facile d'interdire sont à l'origine de la flambée des prix", précise-t-il.

Il ajoute que cette hausse des prix constitue "une formidable agression contre les populations les plus pauvres de la planète".

Ziegler insiste sur la nécessité pour les Etats "d'augmenter massivement leurs cotisations" en faveur du Programme alimentaire mondial (PAM) qui a perdu 40% de son pouvoir d'achat avec la flambée des prix des denrées de base.

Selon l'ex-responsable international, la "débandade bancaire et financière" s'oppose à une "faillite morale" des gouvernants sur la question de la faim. Stéphane Doyon, chargé de mission des Medecins sans frontières (MSF), pense qu'il faudrait concentrer les aides sur les 30 pays où les enfants n'ont pas accès aux traitements contre la malnutrition infantile.

Alors, est-ce que le monde s'arrêtera-t-il de se précipiter pour la defense des intérêts des riches au lieu d'aider les pauvres ? Ou bien la question de l'alimentation et de la malnutrition mènera-t-elle a davantage de drames et à des "révolutions des affamés" ?

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