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28 août 2008

Le monde est au seuil d'une nouvelle guerre froide?

Dix-huit ans après de la dissolution de l'Union soviétique et la fin de la guerre froide entre Moscou et Washington, qui a atteint son point culminant pendant la crise de la baie des Cochons, en 1961, un conflit vient de se déclencher entre la Russie, héritière de l'ex-Union soviétique, et la Géorgie, qui a eu son indépendance après l'effondrement de l'Union.

Ce conflit, éclaté le 6 août, en raison des territoires Séparatistes Géorgiens "l'Ossétie du Sud" et "' Abkhazie", et la tension actuelle, qui règne dans la région du Caucase, alimentent les craintes du déclenchement d'une nouvelle guerre froide entre la Russie et l'Occident.

La Russie, après l'effondrement du régime soviétique, a perdu son rôle comme seconde superpuissance dans le monde. Sa faible économie a affecté ses capacités militaires. Mais, après la démission du premier président Boris Yeltsin en fin de 1999 et l'accession au pouvoir de, Vladimir Poutine, Moscou a commencé de reconstruire ses capacités militaries et économiques. Elle a promulgué de nombreuses lois pour stimuler l'investissement, développer son système militaire et ravitailler ses troupes par des armes sophistiquées en profitant de la hausse sans précédent des prix du pétrole et du gaz, dont elle possède d'énormes réserves.cold_war

En même temps, le Kremlin a commencé à chercher le rôle qu'il peut jouer dans le règlement des questions épineuses sur la scène internationale. Il a aussi essayé de realiser un rapprochement avec les regions stratégiques dans le monde.

Dans ce contexte, la Russie a demandé d'adhérer à l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) en tant qu'observateur. Cette demande est considérée comme le premier indice du retour de la guerre froide entre Moscou et Washington. Pendant les huit ans qu'il a passées au Kremlin, Poutine a pu bâtir des ponts de compréhension avec le monde islamique et éliminer les sédiments en suspend entre les deux parties depuis l'ère soviétique, ce qui a incité les États-Unis, qui a omis la présence de l'OCI pendant 39 ans, à dépêcher, pour la première fois, un envoyé à l'organisation islamique, dans une tentative de jouer la carte du "monde islamique" contre Moscou. Une carte qui s’est révélée efficace à l'époque du régime soviétique communiste et "athée".

Mais l'agence de presse indienne "Orient Press" voit, dans un rapport, que cette mesure americaine etait assez tardive. Elle souligne que Poutine, par sa manière de gérer la crise en Tchétchénie, a pu supprimer l’embarras qui gênait Moscou dans ses relations avec le monde islamique.

Et l'agence de souligner que la politique individuelle appliquée par Poutine afin d'assurer l'échec de toute tentative visant à semer la zizanie entre la Russie et le monde islamique, a mené à son succes dans la gestion du jeu politique.

Moscou ne se contentait pas de ce succes. Au cours du dernier sommet de l'OCI tenu à Dakar, la Russie a terminé totalement gagnante. Dans son discours devant le sommet, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a mis l'accent sur la situation des Musulmans en Occident et les tentatives de certains politiciens occidentaux de focaliser sur la menace de l'intégrisme islamiste et de créer "l'islamophobie". En même temps, Lavrov a déclaré que son pays se félicite des diverses réligions, en particulier l'islam.

Mais, il faut savoir qu'un autre facteur a aidé la Russie à réaliser ce succes, à savoir : L'image des États-Unis dans plusieurs pays du monde islamique et au Moyen-Orient. Dans la majorité de ces pays, Washington est vue comme si elle agit conformément à l'ordre du jour des Israéliens. En particulier après l'échec de la conférence de paix d'Annapolis, entre Israël et les Palestiniens. En même temps, Moscou s'oppose à la construction de colonies juives en Palestine occupée et appelle à lever le blocus imposé aux villes palestiniennes et à l'arrêt des opérations militaires contre les Palestiniens. En plus, la Russie n'a pas boycotté le mouvement Hamas, qui représente une importante partie des Palestiniens et Lavrov n'a pas hésité à rencontrer Khaled Mashaal, chef du bureau politique du Mouvement , à Damas.

La crise de l'indépendance de la province du Kosovo de la Serbie, alliée de la Russie, est le deuxième indice du retour de la guerre froide.

Après le déclenchement de la guerre au Kosovo de 1996 à 1999 entre les forces serbes et les milices albanaises, des forces des Nations Unies ont pénétré dans la région pour maintenir la sécurité, mais les Albanais, qui représentent la majorité des habitants du Kosovo, aidés par les pays occidentaux, ont déclaré l'indépendance de la Serbie et établi leur propre Etat le 17 fevrier dernier.

Plusieurs pays occidentaux, conduits par les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, ont reconnu l'independance du Kosovo, ce qui a irrité Moscou, qui ne reconnaît pas l'indépendance de la province.

Le ministre russe des Affaires étrangères a parlé de ce sujet dans son discours devant l'OCI. Il a dit que le manque de reconnaissance de l'indépendance du Kosovo par plusieurs pays, y compris des pays islamiques, avait un sens important. Il a ainsi évoquer la forte relation entre Moscou et les pays islamiques. Ces propos ont été un coup douloureux à Washington dans le contexte de la guerre des déclarations entre Moscou et Washington.cold_war_2

Le plan de Washington concernant le déploiement du bouclier antimissile américain en Europe sous prétexte de protéger la région de toute attaque de missiles iraniens, et les tentatives des Etats-Unis d'élargir le Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) jusqu'aux frontières ouest de la Russie, étaient comme jeter de l’huile sur le feu.

Moscou a considéré le déploiement du bouclier américain dans des pays comme la République tchèque et la Pologne, qui tournaient à un moment dans l'orbite de l'ex-Union soviétique, et les tentatives d'annexer la Géorgie et l'Ukraine à l'OTAN, comme une menace directe pour sa sécurité nationale et a promis de répondre sévèrement.

La réponse russe n'a pas tardé. Elle a pris la forme de déploiement de batiments de guerre et de porte-avions pendant quelques jours dans les océans Pacifique, Indien et Atlantique.

Toutefois, après la signature par Washington d'un accord avec la République tchèque concernant le déploiement du bouclier antimissile et avec l'approche de la signature d'un accord similaire avec la Pologne, les médias russes ont parlé de la possibilité du déploiement de bombardiers stratégiques russes à Cuba, au Venezuela et en Algérie. Citant un officiel de haut rang, le quotidien russe "Izvestia" a parlé en juillet dernier d'un éventuel retour des bombardiers stratégiques russes de type "TU-160" et "TU-95 MS" à Cuba en réponse au déploiement d'éléments du système américain de défense antimissile en Europe.

Ces informations rappellent les périodes de la guerre froide entre les deux superpuissances (l'Amérique et l'Union soviétique), et posent une question importante à propos de cette guerre entre les Etats-Unis, la première puissance mondiale, et la Russie, héritière de l'Union soviétique.

Mais la direction russe a nié ces rapports dans leur intégralité. Selon le chef du department de la presse et des médias au Ministère russe de la Défense, Chat Baitchuren, ces informations ne sont que des rumeurs lancées par certains États qui deployent des bases et installations militaries autour de la Russie.

Et Baitchuren d'ajouter que la Russie, éprise de paix, n'établie pas des bases militaires aux frontières d'autres pays. En même temps, une source militaire russe de haut niveau a affirmé à l'agence de presse "Novosti" que la Russie n'a pas récemment envoyé des bombardiers stratégiques à Cuba ou à un autre pays de l'Amérique latine.

Par ailleurs, des militaires russes jugent que la Russie ne recourirait pas un plan qui n'a d'intérêt. L'ancien chef d'etat-major des forces des missiles startegiques russes, le général Victor Jessen, a dit que la Russie ne tirerait pas de profit du déploiement de bombardiers russes stratégiques et de longue-portée a Cuba.

Jessen, actuellement Vice President de l'Académie russe de la sécurité et les questions de défense et du système juridique, a souligné que l'avantage de ces bombardiers est la capacité de lancer des missiles sans entrer dans la zone couverte par les défenses aériennes de l'ennemi. "Ces bombardiers peuvent atteindre leur cibles à 4 000 kilomètres de distance, ce qui évite la nécessité du déploiement de bombardiers stratégiques à 90 km de la frontière des États-Unis, ou ils seront une cible facile", a-t-il dit.cold_war_3

Si les responsables russes ont minimisé l'importance de ces informations, ou rumeurs, ces dernières ont suscité des interrogations sur les mesures que Moscou doit prendre face au bouclier antimissile americain. Le général Victor Jessen estime que la Russie pourrait mettre en oeuvre un programme de fabrication de missiles balistiques capables d'atteindre les territoires americains via le pôle Sud dans le but de contourner du système de défense antimissile. Il a indiqué que l'Union soviétique a abandonné la fabrication de ces missiles dans le cadre du traité de la réduction des armes stratégiques "START-1".

Il a expliqué que Moscou pourrait également ravitailler ces missiles par des ogives capables de manœuvre, côte-à-côte avec le déploiement du système "Iskandar" et l'établissement d'une base de bombardiers strategiques a Kaliningerad.

De son côté, le général Vladimir Dforquen ancien directeur de l'Institut central pour la recherche scientifique IV au Ministère russe de la Défense, a déclaré que les missiles intercepteurs que Washington veut deployer en Pologne ne pourraient pas porter des munitions nucléaires.

Dforquen, qui a présidé l'Institut spécialisé dans la conception de roquettes et de systèmes spatiaux, a ajouté que ces missiles ne représentent pas un danger stratégique à Moscou car leur portée ne dépasse pas 1500 kilomètres. Il a également fait remarquer que Washington plannifie d'avoir 54 missiles de ce genre en 2015, dont 44 missiles seront déployés aux États-Unis et 10 en Europe.

Egalement, il a souligné que la troisième région du système américain de défense antimissile (Pologne) n'est pas dangereuse pour la Russie, dotee d'un système efficace pour surmonter les systèmes étrangers de la défense antimissile.

Mais la décision de la Georgie d'envoyer ses troupes pour reprendre le contrôle de l'Ossétie du Sud, qui a poussé Moscou à dépêcher ses forces dans la region pour soutenir les separatistes, a confirmé les craintes du déclenchement de la guerre froide entre la Russie et l'Occident.

Les forces russes ne se sont pas satisfaites d'expulser les troupes géorgiennes des des provinces separatistes, l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, mais elles sont rentrées dans les territories de la Géorgie, avec qui les relations sont tendues depuis l'arrivée du président géorgien Mikhaïl Saakachvili au pouvoir en 2004 et son encouragement du rapprochement entre Tbilissi et l'Occident.

L'événement majeur qui a concretisé les craintes du déclenchement de la guerre froide etait la decision prise mardi par Moscou de reconnaître l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.

Considéree comme une riposte, cette décision intervient six mois après la reconnaissance par les pays occidentaux, notamment les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, de l'indépendance du Kosovo.

En dépit des déclarations du minister allemande de la Défense Frans Joseph Yong, qui exclut l'idée d'une nouvelle guerre froide entre l'Occident et la Russie en raison du conflit actuel entre Moscou et Tbilissi, et son appel à la reprise du dialogue entre les deux parties pour assurer le rétablissement de la sécurité et la stabilité dans la région, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, dans des déclarations faites au quotidien "Le Figaro", s'est declaré avoir craint une nouvelle guerre froide, en soulignant que le monde occidental ne veut pas de cette guerre.

Malgré ses craintes, Kouchner lui-même a haussé le ton de ses déclarations contre la Russie depuis hier quand il a dit que "la Russie est un Etat hors le droit international", soulignant que l'Union Européene ne peut accepter l'ensemble des violations commises par Moscou contre le droit international, les accords de sécurité et de coopération européens et les résolutions des Nations Unies.

Kouchner a également condamné dans des déclarations à radio "Europe 1", le fait que la Russie a saisi le territoire d'un pays voisin en utilisant l'armée, ce qui se passe pour la première fois depuis longtemps. Il a exprimé son inquiétude que la Russie, après avoir envahi la Georgie, aurait pour objectif l'Ukraine et la Moldavie, deux pays pro-Occident.

Il faut savoir que "la Crimée", au sud de l'Ukraine, était considérée comme territoire russe jusqu'à ce que l'ancien dirigeant soviétique Nikita Krotchev l'avait cédée à Kiev en 1954.

Jeudi, Kouchner a déclaré dans une conférence de presse tenue à Paris, la possibilité d'imposer des sanctions sur la Russie en raison de la crise avec la Géorgie. Il a indiqué que d'autres options seront examinées lors du sommet extraordinaire européen qui se tiendra à Bruxelles le 1er septembre prochain, affirmant, cependant, que la France n'est pas pour la rupture des relations diplomatiques avec Moscou.

Plus tard dans la journée, Kouchner est revenu et a confirmé, dans un communiqué publié par le ministère français des Affaires étrangères, que le Sommet européen extraordinaire n'examinerait pas de propositions françaises en vu d'imposer des sanctions sur la Russie en raison de la crise. Il a souligné que la France, en sa qualite de président de l'UE, doit agir en vue de parvenir à une position commune entre tous les membres de l'Union.

Sur l'autre côté de l'Atlantique, le Président americain George W. Bush a condamné la reconnaissance par la Russie de l'indépendance des républiques de l'Ossétie du Sud et en Abkhazie, soulignant que Moscou doit reconsidérer cette décision "irresponsable".

Pour sa part, le candidat démocrate aux présidentielles americaines, Barak Obama, a déploré la decision russe. Il a demande à tous les pays au monde à s'abstenir de donner la légitimité de cette demarche. Il a appelé le gouvernement russe à la nécessité de "respecter l'intégrité territoriale de la Géorgie. En même temps, Obama a affirmé qu'il ne veut pas d'une nouvelle guerre froide avec la Russie, avec laquelle les Etats-Unis ont beaucoup d'intérêts communs.

Toutes ces réactions interviennent au moment où le président russe a dit, dans des déclarations diffusées par la chaîne de télévision "Russia Today", que Moscou ne craint aucune représaille, y compris la "guerre froide”.

Dans un article dans le "Financial Times", Medvedev a indiqué que "la decision russe de reconnaître l'indépendance de l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie etait fondée sur le droit international". Il a ajouté que la reconnaissance de cette indépendance a pris en compte la volonté des peuples des deux regions et la Charte des Nations Nations. Medvedev a expliqué que cette décision n'était pas prise à la légère ou sans étude complète de ses consequences. "Cette region était une bombe que les forces russes de maintien de la paix ont essayé de ne pas faire exploser".

Medvedev a également fait remarquer que dans les relations internationales on ne peut pas avoir une règle pour certains pays et une pour d'autres, en référence à la reconnaissance par l'Occident de l'indépendance du Kosovo.

Dans ce contexte, Medvedev bénéficie d'un fort soutien de la part de ses citoyens de sorte que le chef de l'opposition, Viktor Ianoukovitch a demandé à son gouvernement de soutenir la libre volonté des peoples Sud-Ossetien et Abkhaze d'avoir leur indépendance, soulignant que cette mesure constitue une suite logique de la ligne adoptée par l'Occident quand il a reconnu l'indépendance de la province du Kosovo de la Serbie.

Pour leur part, les parlementaires en Biélorussie, alliés de Moscou, ont jugé légitime et justifiée la réaction de la Russe, notamment d’après la manière avec laquelle l'Occident a traité le sujet du Kosovo. Les membres du Comité des relations internationales au parlement biélorusse ont exprimé leur à la decision russe et appelé leur gouvernement à suivre la démarche de Moscou en reconnaissant l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.cold_war_4

Pour leur part, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie ont exprimé leur volonté de conclure des accords de coopération militaire avec Moscou, y inclut la mise en place de bases militaries russes sur leurs territoires.

Les analystes estiment que la dernière démarche militaire russe n'était pas une simple campagne visant à expulser les troupes géorgiennes des territoires de l'Ossétie du Sud, mais une occasion exploitée par Moscou pour livrer un message à l'Occident selon lequel l'état de faiblesse, dont temoignait la Russie précédemment, n'existe plus.

Les observateurs craignent que les récentes évolutions, en particulier les réactions de la Biélorussie et les républiques séparatistes, soient la consécration du retour de la notion d'alliances et de la polarisation qui a marqué le début de la guerre froide.

Ils jugent que si les accords de coopération militaire entre Moscou d'une part et l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie de l'autre ont lieu, cela mènera à legitimiser le déploiement de missiles et des milliers de soldats russes à la frontière de l'OTAN en cas de l'adhesion de la Géorgie à l'organisation occidentale.

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