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28 juin 1999

L’Afrique flotte sur une mer de pétrole et de gaz

Le monde du pétrole ne manque pas d'évolutions rapides. Il y a quelques années, on ne cessait pas de parler de la mer Caspienne, qui contient d'importantes réserves de pétrole, en tant que remplaçant de la zone du Golfe arabe, riche des champs du pétrole.

Petrole_1Toutefois, les milieux pétroliers mondiaux ont commencé dernièrement à faire référence à l'Afrique et ses réserves en pétrole qui dépassent de loin celles de la mer Caspienne. Le développement technologique et géologique et le progrès de forage en mer à une profondeur de plus de 400 mètres sous la surface de l'eau ont révélé de nombreuses surprises.

Les chiffres indiquent que l'Afrique contient 12% des réserves mondiales de pétrole, tout en contribuant à environ 11% de la production mondiale de l'or noir, ce qui permet au continent d'occuper une place privilégiée dans le monde du pétrole.

Selon les experts, la production de pétrole en Afrique a augmenté de 43% au cours des dix dernières années. Cette production va augmenter de 50% encore au cours de la prochaine décennie après la découverte du brut dans des nouvelles zones du continent, outre les producteurs traditionnels comme l'Egypte, l'Algérie, la Libye, le Gabon et le Nigeria.

A la fin de l’année dernière, les experts ont estimé les réserves de pétrole en Afrique à près de 72 milliards de, en tenant compte des découvertes de pétrole au Tchad et en Angola. Ils espèrent qu’avec le développement technologique, le pétrole sera prospecté dans d’autres régions, notamment au Niger et au Mali.

Par ailleurs, les experts en matière d'offshore s’attendent à réaliser de nouvelles découvertes dans le golfe de Guinée, en Côte d'Ivoire et en Namibie. Ils jugent que les réserves de pétrole offshore en Afrique sont supérieures à celles de la mer du Nord. En plus, le continent se caractérise par l'absence des obstacles géographiques au contraire de la région de la mer Caspienne qui est difficile d'accès.

L'Afrique a de larges côtes, outre l'existence du Golfe de Guinée face aux États-Unis et le Brésil, ce qui aiderait le continent à l'exportation de milliards de barils de pétrole brut.

Les responsables du secteur à l’occident étaient conscients de ces statistiques et réalités. Ils ont commencé à redécouvrir les richesses de l'Afrique : ils envisagent d'investir entre 40 et 60 milliards de dollars en vingt ans dans la région du golfe de Guinée seule.

Ces responsables ont débuté par l'Angola, où les réserves sont estimées a 10 milliards de barils, bien qu’il n’y ait que six grandes découvertes pétrolières. Les experts jugent que la production de pétrole en Angola pourrait passer de 1 million de barils par jour en 2000 à 2 millions de b/j en 2005, c’est-à-dire l’équivalent de la production actuelle du Nigeria, le plus grand producteur de pétrole dans le continent.

Quant à l'Algérie, l'un des anciens producteurs de pétrole en Afrique, c’est un pays encore prometteur. Depuis 1986, lorsque le gouvernement a autorisé les sociétés pétrolières étrangères à reprendre leur travail dans le pays, une percée dans la découverte et la production a été réalisée. Selon les experts, la production de pétrole en Algérie peut hausser de 65% au cours des quelques prochaines années grâce aux nouvelles technologies.

Pour le Nigeria, les réserves s’élèvent actuellement à 17 milliards de barils, avec une production de 2 millions de b/j. Le pays risque de perdre sa position comme premier producteur de pétrole en Afrique si la situation demeure constante et l’accès aux champs pétroliers libyens devient facile. .La Libye possède des 30 milliards de barils de pétrole, soit près du double des réserves du Nigeria..En même temps, le Congo, l’Egypte, le Gabon, le Tchad et le Soudan n’ont pas encore montré toutes leurs capacités.

En plus du pétrole, les experts estiment que les pays qui n'ont pas du pétrole, auront des champs du gaz naturel, et les géologues misent sur la présence des champs importants en Tanzanie et au Mozambique, outre les recherches menées dans ce domaine au Ghana et au Sénégal.

L'Afrique ne dispose actuellement que 7% des réserves mondiales de gaz, tandis que sa production ne couvre que 4% de la demande mondiale de.

L’économiste Pierre Terzian dit que l’Afrique perd chaque année 15 milliards de francs français parce qu’elle ne se sert pas du gaz sortant des puits du pétrole. Il souligne la nécessité pour le continent noir à doubler ses exportations de gaz au cours des dix prochaines années.

petrole_2Dans ce contexte, l'Algérie et la Libye ont modernisé leurs usines de liquéfaction de gaz pour l'exporter versl’Europe, tandis que le Nigéria a mis en place une usine de liquéfaction de gaz à Bonny (sud-est) en collaboration avec ses partenaires elf, Agip et Shell. L'usine sera mise en fonction début de l'an 2000 et va exporter 8 milliards de mètres cubes de gaz par an vers la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Turquie. Par ce projet, le Nigeria sera le 3eme plus grand exportateur du gaz naturel en Afrique.

D’autres pays ont accordé la priorité au marché intérieur en ce qui concerne le gaz naturel. L’Egypte, qui a de grandes réserves, a remplacé le pétrole, dont elle produit de faibles quantités,  par le gaz pour générer de l'électricité. De son côté, la Tunisie pense sérieusement à compter sur les centrales électriques qui fonctionnent par le gaz pour produire ses besoins d'énergie dans l'avenir.

La situation politique dans les principaux pays producteurs de pétrole en Afrique constitue le grand défi devant le développement du secteur pétrolier dans le continent. L'Algérie, jusqu'à tout récent, vivait dans un état de guerre et la situation dans le pays n’est pas encore stable. Pour l'Angola, le pays n'est pas à l'abri de la crise dans la région des Grands Lacs.  Au Nigeria, outre la corruption, le régime affronte les exigences des habitants des zones de production pétrolière qui veulent toucher une part équitable de la richesse.

Les observateurs jugent nécessaire que les régimes politiques de ces pays règlent ces problèmes, sinon les peuples africains continueront à vivre en misère alors que leur continent flotte sur l’or noir.

Article écrit pour l'édition hebdomadaire du journal économique égyptien "al-Alam al-Youm" (Le Monde aujourd'hui) publiée le 28 juin 1999

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7 juin 1999

Obasanjo affronte d’importants défis au Nigeria

obasanjoA son arrivée au pouvoir au Nigeria, Olusegun Obasanjo, a reçu entre ses mains un pays dans une situation accablante : dettes énormes, taux élevé de pauvreté, conflits ethniques et une situation économique grave dans ce pays, qui était dans les années 70 classé dans la liste des trente pays les plus riches du monde, et aujourd'hui l'un des pays pauvres.

Il suffit d'indiquer ce qui était annoncé par la Conférence de la lutte contre la pauvreté, qui a eu lieu en Janvier dernier dans la capitale nigériane Abuja : 60% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, tandis que dans le secteur de la santé, qui est une mesure du bien-être et de la prospérité, 90% des bébés sont nés à la maison par manque de service aux hôpitaux et 10% des enfants meurent avant d'atteindre l'âge de 10 ans en raison de soins de santé inadéquats. 

Selon les rapports du Forum Economique Mondial à Davos et l'Institut Harvard pour le développement international, les dettes du Nigeria s’élèvent a 30 milliards de dollars, alors que le pays est classé avant-dernier en terme de compétitivité parmi 23 pays africains, à cause de la corruption, de l'instabilité politique et de la détérioration de l’infrastructure. 

D’autres rapports indiquent également que le nombre de banques opérant au Nigeria baisse alors que l'investissement industriel a reculé de 50% au premier semestre de 1998, ce qui montre un manque de confiance des investisseurs dans l'économie nigériane. 

Obasanjo est devant un défi majeur face à la détérioration du secteur de l'agriculture, qui absorbe 60% de la main-d'œuvre dans le pays et contribue pour environ 40% du PIB. Cette détérioration aura un impact négatif sur la stabilité sociale et politique dans le pays. Le président nigérien n’aura qu’à octroyer des primes aux agriculteurs, en particulier dans les zones de culture du cacao dans le sud-ouest du pays. 

La réforme de l'industrie pétrolière est aussi l'un des principaux défis devant Obasanjo : jusqu'à récemment, le Nigeria était l'un des plus grands producteurs de pétrole et le plus grand pays africain exportateur de l’or noir, il a même occupé la troisième place en terme de production au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole "OPEP", après l'Arabie saoudite et l'Iran, avec une production qui monte à deux millions de barils par jour. Le Nigéria possède également quatre raffineries de capacité totale de 445 mille barils/jour de produits pétroliers, ce qui représente le double des besoins du pays de ces produits. Toutefois, le Nigéria est importateur de pétrole et il ne peut même pas assurer ses besoins de carburant, en raison de la corruption politique et administrative en vigueur. 

Cette contradiction remonte à l'époque du président nigérian Sani Abacha. Alors que les Nigérians faisaient la queue pour plusieurs kilomètres devant les stations-service dans le but d'obtenir leurs besoins, les proches d’Abacha provoquaient une pénurie de produits pétroliers. Ils laissaient, délibérément, détériorer les raffineries pour justifier l'importation de produits pétroliers de l'étranger par cinq entreprises, dont quatre étaient gérées par Abacha lui-même. Ces sociétés transféraient la production des raffineries nigérianes au large de la mer pour que les prix augmentent de deux ou trois fois plus que le prix sur le marché mondial et ensuite faisaient rentrer ces produits à nouveau dans le pays pour les vendre et la différence des prix était transférée aux comptes personnels des responsables de ces entreprises dont Abacha. 

NigeraPetroleAprès la mort d'Abacha, son successeur, Abdel Salam Abou Bakr, a promis la réorganisation du secteur pétrolier au Nigeria, où les exportations de pétrole représentent 90% du revenu du pays. Pour cela, Abou Bakr n’a pas nommé un ministre du pétrole et s’est chargé en personne de la supervision du secteur. Il a également nommé un conseiller spécial pour gérer le secteur et formé spécial pour la réforme de ce secteur. 

Avec l’accession d'Abou Bakr au pouvoir, les entreprises mondiales comme Mobil, Shell, Agip, Chevron, Texaco et ELF ont commencé à occuper la place de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) à l'égard de l'importation de produits pétroliers. 

La NNPC possédait 57% du capital de chaque joint-venture établie avec des entreprises internationales, mais elle a toujours mal estimé ses dépenses et n'a pas respecté ses obligations, ce qui a déclenché des différends financiers graves avec ses partenaires étrangers et causé la détérioration de l’infrastructure du secteur. Cela a conduit le président nigérian à indemniser les entreprises étrangères dans le but de les réconforter et à remplacer le système de joint-ventures par des contrats de partage de production, un système que préfèrent les sociétés étrangères. 

Les experts estiment qu’Obasanjo devrait introduire plusieurs réformes, notamment la libéralisation des prix, même partiellement, sachant que tout changement brutal dans le système du secteur pétrolier nigérien sera, en cas d'échec, un suicide politique et une explosion sociale quasi certaine. Obasanjo devrait également lancé une campagne sévère contre le trafic de carburant vers les pays voisins, estimé à environ 300 000 barils/jour. 

Le président nigérien doit également régler certaines questions régionales relatives secteur pétrolier comme le conflit avec le Cameroun sur l'île de "Bakassi" riche en pétrole. Une autre question à régler est les troubles dans le delta du fleuve Niger dans le sud-est du pays, une région qui produit 70% du pétrole nigérien et considérée comme une des régions les plus pauvres au pays. Les communautés locales dans le delta demandent une redistribution des revenus des richesses pétrolières pour qu’elles touchent une partie de ces revenus. Elles exigent également plus de respect de l'écologie dans cette région. 

nigerdeltaLa difficulté de l'équation réside dans le désir du gouvernement Nigérien de sécuriser les zones de production afin de développer le secteur sans se servir de la politique de répression appliquée sous le règne de Sani Abacha, une époque qui a fait du Nigeria un paria par la communauté internationale. Abuja sera, peut-être forcée à revivifier le Comité du développement des régions minière pour réhabiliter l’infrastructure du secteur pétrolier dans le pays, malgré la réputation de ce comité vu comme outil de vol à l'ère de Abacha. 

Malgré le temps, l'argent et l’énorme travail politique nécessaire pour la reforme du secteur pétrolier au Nigeria, les conditions sont réunies pour la réaliser après l'annonce de la fin du gel du membership du Nigeria au sein du Commonwealth à partir du premier Juin 1999, qui a coïncidé avec la levée des sanctions imposées à Abuja par l'Union européenne..Alors, Obasanjo réussira-t-il à remettre ce secteur, qui représente l'épine dorsale de l'économie nigériane, sur le bon chemin?

Article écrit pour l'édition hebdomadaire du journal économique égyptien "al-Alam al-Youm" (Le Monde aujourd'hui) publiée le 7 juin 1999

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